Sonate Clair de Lune L.V Beethoven
Et en écoutant une grande création musicale, l'on peut penser que : «Pour écrire une telle musique, il faut certainement être inspiré par l'ultime, être dans le rythme du cosmos qui se manifeste dans le cours régulier des étoiles , la succession régulière des saisons ... ». Cette musique est respectueuse et peut nous permettre d'atteindre enfin au vrai visage de notre humanité infinie, à ce visage qui, lorsqu'il atteint toute sa transparence, est le visage de l'Amour. Rencontrer notre humanité et rencontrer l'infini, c'est exactement la même chose.
Au-delà de notre raison, il y a le Jour éternel qui est justement celui de la possible révélation d'une plénitude infinie, ou nous pouvons nous surprendre à être rempli d'amour, jusqu'aux larmes. Cet état de plénitude : il s'agit de ce qui est en nous le plus profond, le plus authentique, le plus infini, le plus éternel; un espace illimité, un espace de lumière et d'amour qui peut tout accueillir ; un ferment de joie et de liberté. C'est là que nous sommes. C'est là que nous existons. Mais si la musique peut nous amener dans cet état de transe qui est un "état second" "ayant à la fois une dimension psychologique et une dimension sociale" (Georges Lapassade, La transe, PUF, 1990, p. 3). Cette transe, ce transport spirituel est un état modifié de conscience impliquant d'abord un dédoublement, le vécu d'une division ou multiplication de personnalité (corps/âme, esprit propre/esprit étranger...), ensuite un automatisme psychologique, l'impression de subir certains phénomènes psychiques (autonomie de l'âme, incorporation d'un esprit...) de nous introduire dans le dialogue silencieux où nous rencontrons la Paix infinie; l'immense espace où notre liberté respire; elle peut susciter aussi en nous un engagement :Être toujours perméable à la lumière, être toujours ordonné selon le rythme de l'éternité, être toujours ce chant vivant où retentit la divine musique de l'amour.
Nous passons à l'état contemplatif qui nous offre une proximité avec la nature. C'est une opération, un principe vital, immanent ou transcendant, de toute entité douée de vie, pour autant que ce principe puisse être distingué de la vie-même. Enfin, si l'homme peut devenir Homme, c'est parce qu'il porte en lui tout cela, toute cette lumière, toute cette puissance, toute cette joie, toute cette générosité de l'amour vrai, l'amour qui donne sans demande, sans attente. Et la musique, justement, peut nous y ramener en nous établissant dans le silence qui écoute, toute musique est sacrée: toute vraie musique est sacrée, parce que sa mission est de nous humaniser en ordonnant nos rythmes physiologiques, en établissant un accord entre toutes les puissances de notre être, pour en faire, tout entier, une vivante musique.
Mais pour nous permettre d'atteindre enfin au vrai visage de l'Homme et toucher au sacré qui a toujours une origine traditionnelle qui peut être mythologique, religieuse ou idéologique (c'est-à-dire non religieuse). Il désigne ce qui est inaccessible, indisponible, mis hors du monde normal.