Magazine Humeur

Au Demorand

Publié le 14 septembre 2009 par Jlhuss

demorand.1252862704.jpg

Nicolas Demorand pour sa deuxième émission sur France 5 en fin d’après-midi du dimanche, recevait Vincent Peillon. Curieusement, il était toute « pugnacité » retrouvée, plus le même que la semaine dernière en face de Roselyne Bachelot et de son H1N1 : Incisif, soignant la question qui gêne au bon moment pour déstabiliser l’invité, insistant à l’excès sur les non-réponses, n’oubliant pas de couper la parole lorsqu’une démonstration importante s’engage … celle sur les institutions par exemple.

Certes C/Politique est moins “cacophonique” que la gestuelle Ripostes; il est enfin possible d’entendre les participants. Parfois, il ne sont là que pour faire de la promo, à l’image d’Edwy Plenel citant sans cesse Médiapart , le média dont semble-t-il on ne pourrait se passer pour comprendre; mais Demorand pour l’instant ne convainc pas.

peillon.1252868395.jpg
En dépit de ces difficultés, Vincent Peillon a été plutôt bon. Il réussit en particulier une longue tirade sur l’abaissement de la France. L’animateur novice en était éberlué et ne cessait de vouloir lui faire dire …  Vichy ? Le jeune homme ne fait pas dans la nuance. Peillon s’en est bien tiré avec le boulangisme, l’école, la République et la laïcité, mais on peut s’attendre, comme toujours, à des amalgames plus ou moins ravageurs. Sur le sujet de l’abaissement, il a su trouver des accents gaulliens, en particulier lors des allusions aux problèmes migratoires. C’était de pleine actualité au moment ou son ancien camarade,  Eric Besson remise l’utilisation de l’ADN de triste mémoire, au placard.

Vincent Peillon, l’agrégé de philosophie, éprouve toujours quelques difficultés avec le langage de proximité; il peine à trouver le raccourci réducteur qui fait fureur à la télévision. C’est plutôt en son honneur et c’est intellectuellement satisfaisant, mais handicapant dans la communication moderne.
Il lui faudra résoudre l’équation : conserver un langage de gauche, de vérité et intellectuellement recevable, tout en devenant plus audible par le plus grand nombre.

melenchon.1252868730.jpg
Audible et truculent, l’autre ancien camarade Jean-Luc Mélenchon ne manque jamais de l’être. Il commence par décerner à Peillon un brevet d’honnêteté, allant même jusqu’à déclarer : si ça n’avait pas été Peillon, je ne serais pas venuau moins lui il assume “. La louange (personne n’y croit vraiment) est de courte durée, vite effacée par l’aveu que le pauvre Peillon sera « cocu » et fera cocu la gauche, mais … en toute “sincérité” !
Chez Demorand, Vincent Peillon semblait réunir beaucoup de qualités pour relancer une gauche plus dynamique, plus inventive, plus productrice d’idées. Ce qui ne veut pas dire gagnante immédiatement, Mitterrand a mis des années. Il semble opportun de rappeler d’ailleurs, qu’en 1974, Mitterrand perdait la présidentielle alors qu’il était candidat de toute la gauche; en 1981, il a gagné alors qu’il affrontait au premier tour cinq candidats de gauche.

En revanche une gauche renvoyant l’image d’une alternance crédible à terme, c’est important; Vincent Peillon s’y essaye. Pourtant le journaliste ne peut se satisfaire de thèmes et réflexions généraux; il lui faut de la cuisine. En face  d’un personnage de gauche, il ressasse “la” question des alliances. Ce vrai-faux débat est un des plus juteux montages politico-médiatiques; nous y sommes depuis des lustres. Ces gens n’étant pas des imbéciles, il conviendrait de commencer à se poser quelques questions.

Il paraît évident que la diversité de ceux qu’unit le seul antisakozysme, ne peut s’accommoder d’un rassemblement hétéroclite de personnalités tellement diverses. Vincent Peillon décrit parfaitement d’ailleurs, cette diversité irascible. Ce n’est pas sous des prémices de grand melting-pot que pourra se préparer l’alternance, même à entonner sans cesse la même petite musique.

Les « ultras-gauche », pour faire court, rassemblent des hommes et des femmes qui jamais ne suivront d’emblée, un grand machin unitaire disparate idéologiquement à l’excès. Le PS, tenant compte de l’effondrement du PC,  fait son marché du côté de Jean-François Khan et de Bayrou : PS + PC + tout le reste, ça ne fait pas assez.  Il essaye ainsi de fixer une partie d’un électorat effrayé à la fois par  Buffet et Besancenot, mais radicalement contre Sarko. Ainsi pourrait se créer une dynamique du contre, mais chacun chez soi. L’entité verte Europe-Écologie disparaîtra sans Cohn Bendit pour être facilement récupérée ici ou là, une fois les régionales passées.

Cette dynamique  du contre ne s’oubliera pas entre deux tours de scrutin, et peut montrer son efficacité dans un deuxième tour de liesse aux lendemains toujours moins brillants pour les plus radicaux. C’est une autre histoire! Une telle lecture de ces vraies-fausses querelles, bien entretenues, avec souvent beaucoup de brio, est sans doute la plus rationnelle.

Mais pour en revenir à  Vincent Peillon, quand il aura appris à dire « je » (sans doute est-il trop tôt) ; il aura franchi un pas vers les marches du podium. Il en faudra bien UN(E) …

Une faiblesse : Le veut-il vraiment ? Une force : Que l’on puisse se poser la question.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jlhuss 148 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines