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J’ai craqué pour l’ostéopath(i)e

Publié le 14 septembre 2009 par Livmarlene
J’ai craqué pour l’ostéopath(i)e

* * *

J’avais le dos en kit et lui, des très beaux yeux bleus. Il m’a posé tout un tas de questions administratives puis médicales, jusqu’à celle qui m’a fait péter la honte :

- Souffrez-vous de troubles intestinaux ? De ballonnements ?

Quoi ? Est-ce que moi, je flatule ? L’air détaché, je soutiens que non, pas plus que ça. Apparemment convaincu, il se tourne alors vers le lavabo pour se laver les mains et me lance, uns fois de dos :

- Allez-y, déshabillez-vous.

Tiens, voilà qui change de mon précédent débloqueur de vertèbres.

- Mettez-vous en sous-vêtements. Je précise parce qu’on m’a déjà fait le coup de l’effeuillage intégral !

Compte pas sur moi, binoclard, je suis du genre pudique. Une fois allongée sur le dos, je me vois inspectée de la tête aux pieds. Apparemment, le gauche lui semble récalcitrant, trop tourné en dehors. Je vais faire court, car la séance durera presque une heure. En gros, l’ostéopathe me contorsionne dans tous les sens pour remboiter ce qui était déboité. A chaque manipulation, dès qu’il m’a saisie comme il le doit, il ferme les yeux pour effectuer le mouvement magique qui provoque le gros Crac. En plus d’être plutôt bien de sa personne, le mec est respectueux. Et trop fort : chaque crac soulage instantanément une zone douloureuse. En plus, j’ai l’impression de me trouver en face d’un extra-lucide : gauchère, une petite scoliose dans l’enfance, une entorse à la cheville droite vers quatorze-quinze ans, une grosse chute sur le popotin aux environs de la majorité. J’en viens même à penser qu’il a fouillé dans mes poubelles pour savoir tout ça.

- Marchez s’il vous plaît. Levez les jambes comme les majorettes. Maintenant, la même chose en croisant les genoux comme les footballers.

S’il me demande de faire le Y, c’est Niet ! D’abord, j’y arrive pas. Quoi qu’il en soit, ces singeries mettent en évidence une délicieuse absence : adieu lumbago, finie vilaine douleur irradiant de la fesse au mollet !

- Parfait. Rhabillez-vous et je vous explique ce qu’on a fait.

Le discours est accessible, pas trop de termes anatomiques, mais des conseils pour éviter les récidives. Je le trouve adorable... jusqu’au second numéro de voyance :

- Vous buvez assez peu, essentiellement au cours des repas et vous urinez surtout la nuit.

Allez, t’es mignon comme un coeur, t’es vraiment obligé de me parler de la manière dont je pisse ?

- Vos muscles sont très tendus. Vous n’éliminez pas assez les toxines. Il faut boire une bonne gorgée d'eau toutes les heures. Pendant deux jours, vous passerez votre temps aux toilettes, puis votre corps va s’habituer et vous urinerez deux à trois fois dans la journée.

Pour couper cours à ce chapitre diurétique, j’opte pour la méthode la plus simple :

- D’accord !

- Bien. Votre activité physique maintenant. Je vous conseille de respecter quatre règles : pas traumatique (pas de squash par exemple), symétrique (ce que vous faites à gauche, faites-le aussi à droite), sans saturer le corps (éviter de faire des randos plusieurs jours de suite), se faire plaisir.

Il a des mains magiques et en plus, il est plein de bon sens ! Aurais-je enfin trouvé la perle rare que j’ai tant cherchée ?

- Ça fera 50 € s’il vous plaît.

Eh, c’est qui qui a vu l’autre en petite tenue ? En sortant de là, mon porte-feuille est un peu plus léger, mes illusions romantiques se trouvent une nouvelle fois déçues, mais mon dos me fout une paix royale et mon pied gauche marche droit pour la première fois depuis des années. Une chose est sûre : beau ou pas, je ne laisserai plus jamais un kiné me dire que les douleurs s’estompent sur plusieurs jours. Parce qu’avec un ostéopathe, un crac et ça repart !


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