Les ministres pris la main dans le sac s'émeuvent de la liberté d'expression qui règne sur Internet : « Ce n'est plus du journalisme », « le totalitarisme est à nos portes », etc. etc. Les Lefebvre (porte-parole de l'UMP) et consorts n'aiment pas les organes de communication qu'ils sont dans l'impossibilité de contrôler. On le voit bien avec la loi Hadopi II, pas plus applicable que la première.
Internet est un espace de liberté. Comme toute liberté, celle-ci est encadrée par les lois sur la presse, sur le commerce, et quiconque s'estime injustement mis en cause peut toujours aller devant la justice pour demander réparation. Certes, c'est souvent long, lent et cher mais il faut savoir ce que l'on veut.
Justement. Avec Internet, une vraie révolution de l'information est en cours. Ceux qui savent, publient, envoient des images et des commentaires ne sont plus seulement ceux qui détiennent une carte de presse. Jusqu'ici l'information choisie, décodée, filtrée était l'apanage d'une profession. Je suis bien mal placé pour remettre en cause les pratiques journalistiques et la nécessaire médiation des professionnels des médias. Ils trient le bon grain de l'ivraie comme le dit le rédacteur en chef du Figaro où le bon grain, c'est la Droite et l'ivraie, la Gauche. Ailleurs, c'est le contraire.
Sur Internet, ce clivage n'a plus de réelle existence. Les schémas anciens explosent au bénéfice d'une profusion d'avis et d'opinions parmi lesquels chacun peut faire son choix. Nul n'est contraint de lire mon blog. Nul n'a d'obligation d'apprécier ce que j'écris. N'importe qui peut librement me contester, me critiquer voire m'insulter (même si cela reste confidentiel).
Cette liberté n'a pas de prix. Elle est supérieure à toutes les autres. Elle est le produit de la rencontre d'un outil et d'une volonté, celle de participer au débat public. Elle permet aussi de rendre moins distante la relation entre les pouvoirs et les citoyens. Aux politiques de se surveiller et de ne pas s'adonner au plaisir facile des blagues de comptoir.