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10 avis sur "Russie, en avant !"

Publié le 15 septembre 2009 par Aurialie

Voici quelques réactions d'experts et hommes politiques russes à l'article de Medvedev, "Russie, en avant !", publié jeudi dernier dans Gazeta.ru. Aucun classement n'a été fait dans l'ordre de ces réactions.

Aleksandr Ryklin, journaliste : La première sensation à la lecture de l'article a été une sensation de gêne. Avant tout pour lui même. (…) C'est quand même un adulte, qui se respecte, qui, d'une part, ne peut pas et ne doit pas avoir un air si pitoyable, ne peut pas et ne doit pas si sincèrement et publiquement montrer son impuissance. Et d'autre part, il est inadmissible de montrer un dédain complet et un mépris pour les facultés mentales d'une population provisoirement dépendante, avec ce cynisme non dissimulé. Ce n'est pas que moi qu'il a pris pour un idiot, c'est tout un pays. (...) C'est pourquoi, quand nous lisons : "Les institutions démocratiques sont formées et stabilisées, mais leur qualité est très loin de l'idéal. La société civile est faible, les niveaux d'auto-organisation et d'autogestion sont peu élevés", nous trouvons cela ridicule. Ne serait-ce pas vous, avec toute votre équipe qui, ces dernières années, pilonnez ces "institutions démocratiques" et écrasez sur l'asphalte les faibles germes de "la société civile" ? Et maintenant vous vous étonnez que "leur qualité est très loin de l'idéal." (...) C'est pourquoi, quand nous lisons : "Nous vivons en effet une période unique. Nous avons une chance de construire une nouvelle Russie, forte, libre, prospère", nous trouvons cela ridicule. Parce que nous comprenons parfaitement que vous n'avez pas une telle chance, vous n'en avez jamais eu et vous n'en n'aurez pas. Mais la Russie en a encore probablement une... Mais plus exactement – sans vous. Et seulement sans vous. (...) Et, pour être honnête, Medvedev ne me fait pas pitié. Parce que je ne crois pas une seconde à sa sincérité. Il veut "coopérer" ? Alors pour commencer qu'il licencie Poutine, qu'il congédie la Douma, et alors nous verrons… Il ne peut pas ? Mais alors pourquoi entrer dans le jeu ? (…) Vraiment il est préférable de mettre cette lettre dans une capsule et de l'enterrer sous la tour Spassky, plutôt que de s'humilier ainsi sous les yeux de tout un honnête peuple.
(Source : Ejednevnii journal)

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Ivan Melnikov, premier vice-représentant du KPRF (PC), vice-speaker de la Douma : L'article du président impose son style. D'une part, par la sincérité de son ton, d'autre part par sa tentative d'ampleur d'arriver aux racines de plusieurs problèmes. (…) On voit ici un appel, tranquille et raisonnable, non pas aux sentiments, mais à l'esprit. C'est louable.

Nicolaï Levitchev, responsable de la fraction Russie Juste à la Douma : "Pour moi, cela démontre la modernité de M. Medvedev, son ouverture à de nouvelles idées et méthodes. (…) Un an et demi après son arrivée au pouvoir, il a initié de nombreuses réformes importantes pour le pays. J'espère que les remarques envoyées par mail ne resteront pas lettre morte et que dans quelques temps apparaîtront de nouvelles initiatives et idées qui viendront d'en-bas."

Igor Lebedev, responsable de la fraction LDPR à la Douma : "Cet article est très pointu et contemporain. Dmitri Medvedev a dit tout haut ce que beaucoup ne se décidait pas à dire les dix dernières années. Je veux surtout souligner l'appel du président au dialogue. Si tout ce qui a été écrit dans cet article ne reste pas une simple déclaration sur le papier, le slogan "Russie, en avant !" sera une réalité."

Denis Boulinov, directeur exécutif du mouvement "Solidarnost" : "On dirait que Dmitri Medvedev tente de trouver un auditoire en dehors de l'establishment. Mais cette tentative de changement de situation politique, sans quelques mesures sérieuses prises de son côté, a l'air naïve et ridicule. Le champ politique a été brûlé par le prédécesseur de M. Medvedev, c'est pourquoi, chercher du soutien partout, excepté de l'establishment, est une affaire stérile et perdue d'avance. Je ne peux que saluer l'appel aux lecteurs de lui envoyer des propositions par mail. Mais l'utilisation de technologies avancées ne change pas ce qui a été dit plus haut. (…)"

Tatiana Stanovaïa, responsable du département analytique du Centre des technologies politiques : "C'est la première tentative d'utilisation d'un tel format. Habituellement pour de telles déclarations, on utilisait d'autres plateformes, mais maintenant on utilise des médias sur Internet avec une bonne réputation, sur lesquels sont publiés aussi des avis critiques envers la politique du pouvoir et des experts. En faisant cela, le président souligne l'importance de la liberté des médias et leur indépendance, et met l'accent sur le soutien aux technologies Internet. Il est particulièrement important que cet article soit paru avant le message à l'Assemblée Fédérale, qui est toujours utilisé par le président pour s'adresser indirectement à la société. Cet article est un appel direct à la société, sans intermédiaires. (...)"

Valeri Khomiakov, représentant du Conseil de la stratégie nationale : "Cet article m'a étonné dans le bon sens du terme. Dmitri Medvedev s'adresse pour la 1e fois aux citoyens en leur demandant leur aide dans l'écriture du message à l'Assemblée Fédérale. (…) On peut remarquer que les précédentes tentatives de modernisation -celle de Pierre le Grand ou de l'Union soviétique- se faisaient aux frais de vies humaines. Ici la conclusion est que la modernisation est nécessaire en premier lieu à l'humain. Et en général l'article séduit par sa sincérité, il montre une grande douleur pour le pays. Mais nous, les citoyens ordinaires, nous ne sommes pas habitués à une telle sincérité de la part des premières personnages du pays. (...)"

Gueorgi Satarov, président du Fonds INDEM : "Le format choisi est assez étrange pour appeler le peuple à la modernisation. Le président du pays aurait mieux fait d'écrire dans Rossiiskaïa Gazeta, que dans un de ces endroits pour libéraux remuants. Mais ce qui est essentiel ici est l'épouvantable rupture entre le texte et la vie réelle. (…)"
(Source des 6 déclarations : Vremia novosteï)

Andreï Piontkovski, journaliste et homme politique : "L'article de Dmitri Medvedev "Russie, en avant !" m'a tellement surpris que je n'ai que deux explications possibles à son apparition sur terre. La première : le président n'a simplement pas compris ce qu'il était écrit dans l'article, et l'a signé sans le lire, comme il est habitué à le faire ou alors il a dévoilé des dizaines d'autres textes sur différents sujets profonds -de l'énergie nucléaire à élevage-, préparés par ses hommes des relations publiques. Au profit de cette version, le titre débile de l'article qui ne correspond pas du tout à son contenu étourdissant. La deuxième : Medvedev a pensé, en s'appuyant sur ses immenses pouvoirs constitutionnels, mener une révolution d'envergure dans l'échelon supérieur du pouvoir russe. Mao Dvedev ouvre le feu sur son état-major. (...)"
(Source : Grani.ru)

Oleg Kozyrev, membre de Solidarnost : "Dmitri Anatolievitch, vous avez écrit un article "Russie, en avant !", en proposant de se rallier pour le juger. Excusez-moi, mais mon commentaire va être court. (…) Vous voulez de l'air frais, mais vous-même, vous le craignez. Et vous ne pensez pas que le progrès de la Russie et le système bâti par vous, peuvent être simplement incompatibles ? Et ça ne vous vient pas à l'esprit que le meilleur futur de la Russie et votre futur politique personnel peuvent se contredire ? (…) Dmitri Anatolievitch, vous voulez de la compétition et la place de leader dans le monde, mais vous craignez d'entrer en concurrence même avec les adversaires les plus médiocres. (...) Rangez le fouet. Cessez d'être le Père Fouettard. Apprenez à vous trouver à côté des citoyens. Apprenez à les entendre, et non pas à écouter vos phobies et mythes. Entrez dans la compétition, dans les discussions, avec ceux qui ne sont pas d'accord avec vous. Peut être, apprendrez-vous à être un jour en avant. Mais voilà, celui qui en avant est celui qui a le droit de dire "Russie, en avant !" Et le peuple entendra une telle personne. Et avec une telle personne il ira."
(Source : Ejednevnii journal)

Les critiques se font aussi en vidéo (version Roulitiki) ou en dessin (comme celui de Sergueï Elkin qui illustre cet article où Medvedev dit : "En ce moment, je subis une horrible dépression" et Poutine lui répond : "Tu veux un conseil ? Ecris un article dans un journal, disant que tout va mal chez nous, corruption, totalitarisme, ... Et la dépression disparaîtra comme par magie !").


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