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Sarkozy, protectionniste sur demande

Publié le 16 septembre 2009 par Careagit
« C’est la vie, la concurrence. Je vais même vous dire mieux, moi j’ai la concurrence dans les veines »
Nicolas Sarkozy – Extrait du 20h de TF1 le 4 Septembre 2005.
Internet est sans pitié avec les citations. Cette méthode est en tout point immonde, mais elle présente le merveilleux avantage de mettre en perspective la communication politique dans le temps. Les paroles à l’épreuve des faits en somme.
Nicolas Sarkozy a la concurrence dans les veines. C’est lui qui le dit. A mon grand étonnement pourtant, le locataire de l’Elysée ne se presse pas pour faire imploser le vol organisé par les trois grands opérateurs de téléphonie mobile français. Au niveau européen, la France est médaille d’argent des tarifs des forfaits avec remarquable tarif moyen de 10€ supérieur à la moyenne européenne (20€). A plusieurs reprises, l’Europe s’est exprimée sur le sujet relevant un manifeste abus :
« Les prix demeurent élevés dans l'hexagone. Les parts de marché des opérateurs ont peu évolué en 2008 et les MVNO font face à des conditions restrictives (...) L'arrivée d'un quatrième opérateur devrait contribuer à stimuler la concurrence et le choix des consommateurs »
L’opérateur en question, il est là, au coin du bois, à attendre son heure. Il s’agit d’Iliad, plus connu sous le nom de « Free ». Historiquement marqué par une stratégie prix agressive, Free est, semble t-il, le candidat idéal pour introduire une bonne dose de concurrence au sein du cartel des opérateurs de téléphonie mobile. (Même si l'Arcep s'est déclarée sceptique sur une future guerre des prix). Historiquement, il faut dire que Free a fait ses preuves sur le marché des FAI en cassant les prix et ouvrant les voies des box ou des offres triple play... Il faut dire qu'introduire mano militari un nouveau concurrent sur le marché ça emmerde un peu tout le monde... dont le parrain du fils du Président, Martin Bouygues. Fatalement, ça complote entre amis.
Le point de blocage aujourd'hui semble clair. Martin Bouygues ne cesse d'arguer l'impossibilité technique de croissance de l'offre en pointant notamment du doigt les multiples procès relatifs aux antennes relais... Autre point qui chagrine Martin, c'est le prix de la licence. Car il y a, de fait, une véritable histoire derrière le prix d'attribution des quatrièmes licences 3G. Dès l'année 2000, Orange et SFR furent les premiers à payer pour la technologie. A l'époque, ce fut au prix fort (5 milliards d'€). Plus tard, Bouygues lui, la touchera à 619 Millions d'Euros. Au nom de la concurrence, l'Europe décida alors de ramener le prix des premières attributions (Orange et SFR) au même niveau que ceux de Bouygues... Aujourd'hui, en toute logique, Martin Bouygues ne se résout pas à voir la quatrième licence 3G soldée pour faciliter l'entrée sur le marché de Free et menace d'attaquer conjointement à Orange, ce principe devant l'Europe. Pis, il réclame un remboursement au cas où Free touchait effectivemment sa licence 4ème génération a bas prix.
Bizarrement (ou pas), cette position est directement retranscrite aujourd'hui dans les dires de Nicolas Sarkozy qui aurait exprimé hier tout son scepticisme et sa réserve sur le choix d'un quatrième opérateur mobile arguant que "le prix bas" ne saurait être "le meilleur". En réalité que se passe t-il ? Le pouvoir politique attend clairement qu'un nouveau candidat se positionne aux côtés de Free de sorte à booster le prix de la licence, handicapant d'autant la capacité du "nouvel entrant" à atteindre une rentabilité rapide... Cet investissement, s'il était réalisé au prix fort, serait un cas d'école de qui est souvent appelé "une barrière à l'entrée" sur un marché qui n'avait pas vraiment besoin de cela pour mettre à mal la concurrence.
Mais il a la concurrence dans le sang Nicolas. Dans le sang on vous dit.

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