Magazine Journal intime

Aux portes de l'Atlantique

Par Crapulax

formenteraDernière soirée à Formentera qui nous manque déjà. Didier et Karine nous accueillent dans leur finca avec une trentaine d’autres gus de tous horizons, yachties bourlingueurs pour la plupart, pour un barbecue hédoniste à souhait. Etonnamment frais et reposés le matin, bonne qualité des mojitos certainement, nous mettons les voiles avant midi, destination Gibraltar. 450 milles.

Bonne météo. Mou au début avant que le vent ne s’établisse en fin de journée pour filer sud grand largue. Latitude Cabo De Gata, Génois en ciseau tangonné, ça commence à pousser. L’anémo affiche un max à 30 nœuds, j’hésite un peu mais garde tout dessus. La nième

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relecture jouissive de Moitessier peut être. Galapiat, stable sous pilote, dérive relevée, trace sur l’objectif et s’offre des surfs à 13 nœuds alors que BY se lance dans l’enseignement auprès de Thao qui, dans une vie «normale», viendrait juste d’entrer en première année de maternelle. La tâche s’annonce plutôt aisée car il adore apprendre et connait déjà son alphabet qu’il s’amuse à déchiffrer en toute occasion, le nom de la compagnie de ferry, les frontons des églises etc…Pleine balle dans la mer d’Alboran, Galapiat s’offre un joli 180 milles sur 24 heures, soit 7,5 nœuds de moyenne.

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Arrivée à l’aube dans la baie de Gibraltar, il fait nettement plus frais. La température de l'eau a chuté de 8 degrès depuis les Baléares. L'Atlantique est tout proche. Nous mouillons côté espagnol à la Linea car Marina Bay et Queensway sont full. On aurait bien aimé s’amarrer à un ponton après 1 mois de mouillage, d’autant que celui de la Linea, au côté de cargos puant le gas-oil, devant des barres d’immeuble n’est pas précisément charmant. A force d’insister, Queensway finit par nous accorder une place pour 3 jours, le temps de nettoyer, bricoler, avitailler.

On ne chôme pas sa

singe
ns guère de tentation car Gibraltar, malgré le mythe, présente un intérêt des plus limité. Dommage car avec une telle configuration géographique -Impressionnant caillou qui vaut quand même la ballade pour la vue et les singes que les enfants adorent, et sa position éminemment stratégique- Gibraltar aurait pu être un mini Rio ou Istanbul.

Au lieu de cela, telle une Angleterre frelatée, Gibraltar est laide: l’ancien est miteux et sans charme. Quant au neuf, il s’inspire du pire de l’architecture 70’s. Côté ambiance enfin, encéphalogramme plat. J’espérais au moins y trouver du bon équipement marin à vil prix hors taxe mais même de ce côté-là, sa réputation est surfaite. Bref, à part pour regarnir son bar et s’intoxiquer les poumons à pas cher –déjà pas si mal- on peut se passer de l’étape.

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Curieusement, malgré ce tableau peu élogieux, on y est bien. Probablement parce que cette escale technique constitue un pivot majeur de notre trajet, la fin de la Med et du rôdage, l’heure d’un premier bilan. Alors, alors?

Dans un mail, un ami me questionnait sur la face cachée de notre périple: Est-ce vraiment aussi idyllique que ça en a l’air? Bien sûr que non. Le bateau nécessite des soins constants et de l’huile de coude; les enfants, quand ils s’y mettent tous les deux au plus mauvais moment, peuvent devenir un vrai cauchemar, quant au couple, passer du mode «Je te croise 5mn matin et soir et plus le we si affinité» à une cohabitation en

bricole
station orbitale Mir pour plusieurs mois 24/24, ne se fait pas sans heurt, surtout quand on n’est pas particulièrement réputé pour être facile à vivre (je parle pour moi surtout). Notre virée a failli tourner court plus d’une fois.

Pour autant, même si rien n’est jamais acquis, le plus dur est largement derrière nous et chaque jour est meilleur que le précédent, plus facile, plus simple, plus riche. Le plaisir pulse à flot. Je suis prêt à dealer avec l’Eternel chaque jour de cette période contre une semaine et plus d’un quotidien grisâtre, uniforme et routinier. BY, qui a quitté la ville en s’y plaisant pourtant et avec quelques appréhensions, aime aussi de plus en plus notre nomadisme aquatique. Incidemment, elle m’a même demandé dernièrement quand et où nous devrions nous décider pour l’option Pacifique….Petite rallonge de un an ou deux sur le programme en perspective? Les enfants enfin, explosent et s’émerveillent chaque jour devant son lot de nouvelles expériences.

Si la vie idéale n’existe évidemment pas, on peut s’en rapprocher un peu parfois. Nous n’en sommes pas loin ces temps ci….


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