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Remise "à l'eau " du Mont Saint Michel acte 1 !

Publié le 17 septembre 2009 par Brunolecolo


Le barrage en action
C'est le début d'une opération hors norme, qui mêle reconstitution d'un milieu naturel et régulation touristique d'un site classé au Patrimoine mondial de l'humanité. Sur le Couesnon, le petit fleuve qui irrigue le Mont Saint Michel, le barrage construit pour muscler le courant et chasser les sédiments accumulés autour du rocher achève sa phase de test. Première étape de la remise en eau du monument, son entrée en service est imminente : à chaque nouvelle marée, les techniciens peaufinent le réglage des vannes, truffées de capteurs.

C'est l'heure. Sans un bruit, une spectaculaire machinerie de roues et de vérins se met en branle pour ouvrir huit énormes écluses aux courbes d'inox. Sous le regard intrigué d'une dizaine de badauds, l'eau retenue dans le Couesnon depuis la marée haute s'engouffre dans la baie, brasse les sédiments, rabote les hautes berges couvertes de végétation, les herbus. Et entraîne au large les alluvions que ni le reflux ni le cours mollasson du Couesnon n'avaient la force d'emporter. Un effet chasse d'eau, en somme.

Cinq cents fois par an, 1 million de mètres cubes d'eau seront ainsi déversés dans la baie en quelques heures. L'objectif : faire disparaître 40 hectares d'herbus qui ont transformé cet écosystème maritime en paysage terrestre. Et empêcher de nouveaux dépôts de se former, alors que 700 000 mètres cubes de sédiments entrent dans la baie chaque année, et menacent, si rien n'est fait, de relier définitivement le Mont au continent d'ici à trente ans.

Beauté de la grève nue

"Cela fonctionne de manière extraordinaire : lors des premières chasses, on voyait les sédiments se détacher des berges par mottes entières", sourit François-Xavier de Beaulaincourt, le directeur du syndicat mixte. Le Couesnon serpente aujourd'hui entre des herbus de 4 mètres d'épaisseur. Si tout va bien, dans cinq ans, c'est un horizon de sable et de mer qui conduira le regard jusqu'au Mont-Saint-Michel.

C'est d'ailleurs la seconde fonction de ce barrage aux lignes sobres, dont les neuf piles de béton, alignées comme une succession d'étraves, portent un large balcon de bois ouvert au public. "Un des grands enjeux était de ne pas réduire l'ouvrage à sa fonction technique : c'est un lieu de compréhension du paysage, une machine à révéler le Mont", explique son architecte, Luc Weizmann.

Pièce maîtresse de la restauration du milieu maritime, le barrage n'est pourtant que le début du programme adopté en 2006, après dix ans de concertation. Celui-ci prévoit 200 millions d'euros d'investissements jusqu'en 2015. Et la démolition de la plupart des aménagements actuels d'un site qui reçoit 3 millions de visiteurs par an.

"Toutes les baies du monde s'ensablent. C'est un phénomène naturel. Nous ne voulons pas aller contre la nature, mais défaire les constructions humaines qui ont accéléré le processus", indique le directeur du syndicat mixte.

Exit la digue-route bâtie au XIXe siècle, qui bloque courants et marées. Adieu, les 15 hectares de parkings qui bitument le pied des remparts. Place à une passerelle réservée aux piétons et à la navette qui reliera le rocher aux stationnements aménagés à 2,5 km de là, dans la zone d'accueil. Une passerelle qui s'achèvera par un gué inondable, pour que le Mont-Saint-Michel puisse être vraiment coupé du continent.

Dégagé du limon, le monument sera entièrement cerné par les flots cent cinquante jours par an, contre cinquante aujourd'hui. De quoi retrouver, à marée haute, la magie insulaire et, à marée basse, la beauté de la grève nue.

Ce retour à la mer, Audrey Hémon l'observe attentivement. La jeune femme est responsable de l'environnement au syndicat mixte. A elle de s'assurer que civelles et saumons trouvent leur chemin à travers le barrage, que la salicorne regagne du terrain dans le bas des herbus, que phoques et oiseaux ne migrent pas vers des côtes moins changeantes.

"Nous avons fait un état des lieux complet de la faune et de la flore avant le début des opérations, indique Audrey Hémon. Le déplacement des limites entre terre et mer, eau douce et eau salée, va obliger des espèces à s'adapter." Mais pas question que les mutations entreprises au nom du rétablissement des paysages naturels détruisent les écosystèmes fragiles de la baie.
extrait du Monde.
Une des portes du barrage
Le Mont dans quelques années avec la passerelle et l'eau qui aura repris ses droits


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