Magazine Cyclisme
Cette semaine, en plus de la centième chronique publiée sur "Du sport ou du cochon", un autre événement méritait
de sabler le champagne. "Totor" Cosson, le 11 octobre, a fêté ses 92 ans. Pas sûr que même ceux qui s'intéressent de près à l'histoire du vélo se souviennent de
lui. Un certain "Paulo la science", qui pour le coup eut ce jour-là une belle absence, alla même jusqu'à l'expédier sans autre forme de procès au boulevard des allongés en prétendant qu'il
ne restait plus de grand champion survivant du peloton des années 30 !
Et pourtant, Victor Cosson, toujours fringant, continue à grimper tous les jours les quatre étages de l'appartement qu'il habite à Boulogne
depuis plus de soixante ans. Tous les jours, le "môme Cosson", comme on l'appelait du temps de sa splendeur, va faire son petit tiercé au bistrot du coin, dans ce quartier de
Billancourt qu'il n'a jamais quitté depuis l'enfance. "Totor", troisième du Tour de France 1938 (ci-contre, à gauche) derrière l'Italien Gino Bartali et le Belge Félicien Vervaecke, voltigeur de
vingt piges révélé dans une Grande Boucle où tous les cadors de l'équipe de France avaient failli à leur réputation. Cosson, connaît alors une gloire soudaine et illumine les colonnes
des journaux sportifs de sa bonne bouille de titi de banlieue.
Victor, comme tant d'autres habitués des pelotons d'alors, ne profitera pourtant pas longtemps de sa notoriété. Le guerre l'oblige
à prendre des chemins de traverse. Il continue à courir, mais les temps sont durs. Il remporte en 1942 les Quatre jours de la Route, ancêtres du Dauphiné Libéré, connaît de brillants succès en
cyclo-cross, mais son temps est passé. Dans les années 50, il se reconvertit en motard de presse pour rester auprès de ses potes coureurs, fidèle jusqu'au bout au Tour de France et à son ami Gino
Bartali.
L'année prochaine, un livre sortira sur lui, pour fêter les soixante-dix ans de sa troisième place dans le Tour de France. "Totor"
vient aussi d'être élevé au rang de chevalier de l'Ordre du mérite. Un juste retour des choses et un clin d'œil appuyé à ceux, malhabiles ou mal informés, qui l'ont peut-être un peu trop vite
oublié. Pour ses amis, jeunes ou vieux, qui le connaissent, Victor est un fameux compagnon, un bonhomme comme on n'en fait plus, qui ne passe jamais son tour lorsqu'il s'agit de rigoler ou
de faire bombance. Alors bon anniversaire Monsieur Cosson et continuez longtemps votre belle échappée sur les routes de l'éternelle jeunesse !