B. H. Obama fait face à la mobilisation d’une fraction importante de la population américaine. Son projet d’assurance maladie universelle provoque l’ire dans les rangs conservateurs. Jusqu’à présent aux USA, il n’est pas obligatoire d’avoir une protection sociale. Qualifié de bolchevique, ce nouveau “droit” va à l’encontre de l’un des piliers de la société américaine : crever sans médication. Inéquitable, dispendieux, obsolète, le système de santé américain possède ses fondamentalistes. Bien terrés derrière l”American way of life”, ils préfèrent un système inégalitaire où ils sont l’élite choyée, plutôt qu’une approche collective, solidaire et plus efficace.

Les opposants au projet soutiennent souvent les thèses libérales sur la concurrence, la responsabilité et la liberté. Comme souvent, ce ne sont que des prétextes pour conserver un ordre social rigide. L’Amérique contrairement aux fariboles assénées par les experts du marché, n’est pas le pays où tout est possible, où la réussite est à portée de volonté. Le fils d’un Américain appartenant aux 20% les plus pauvres a 40% de chances ne pas faire “mieux”** que son père.
Les éditorialistes lobotomisés des empires médiatiques (foxnews et consorts..) déversent les mêmes rengaines, vilipendant les profiteurs, les irresponsables. Toujours la même histoire :”On ne veut pas payer pour les autres”. Ils oublient qu’ils le font déjà avec les assurances privées. La mutualisation des risques fait partie du système. À une nuance près, la concurrence du secteur fait exploser le coût des couvertures sociales. Elles dépensent des sommes faramineuses en lobbying et communication publicitaire. 360 millions de dollars s’évaporent chaque année dans une course effrénée à l’influence. Des sommes folles sont englouties dans des campagnes de publicité. D’autre part, ces officines emploient des cohortes de juristes bien rémunérés pour éplucher les dossiers de malades. L’objectif, tout mettre en oeuvre pour ne rien débourser aux malades. Les mutuelles privées, insatiables, n’ont cure de l’état de santé des patients, se fichent de la prise en charge des soins, seul compte EBITDA.
Un américain dépense 7 000 $ en moyenne par an pour sa santé, les Français 4 000. Dans ce système déglingué court aussi l’idée que le malade est responsable de son affliction. Que cela soit une grippe, une tumeur, une dent gâtée, le malade par son comportement “mérite” son martyr. Il est impossible de prédire quoi que ce soit de valide et prouvé dans ces domaines. Même dans les études sur les cancers du poumon, les spécialistes analysent les risques en terme de probabilités. Et non en causalité. Mais l’idéologie a la vie dure.

Les prouesses du système médical américain sont inégalées dans les pays développés. La mortalité infantile s’élève à 7 pour 1 000, la France, par exemple, est à 3,6. L’espérance de vie des Américains est inférieure de 3 ans à celle des Français. Pourtant des foules se déplacent pour le défendre.
Réellement révolutionnaire, le projet de la maison blanche marque une rupture avec les réflexes individualistes. L’élection de B. H. Obama par ses symboles présageait plus de”vivre ensemble”. Une faction accrochée à de vieilles lunes abhorre la solidarité, le partage. Un collectivisme rampant qu’il faut éradiquer comme la peste. Au XXIe siècle pour beaucoup, mieux vaut trépasser seul, pauvre, mais en bon Américain, anti-socialiste.
*15% de la population (sans-emploi ou travaillant dans des PME qui ne recourent pas aux assurances de santé)
**contre 25% et 35% au Danemark et en Grande-Bretagne