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Éditorialiste, tu perds ton sang-froid

Publié le 18 septembre 2009 par Vogelsong @Vogelsong

La vidéo des propos racistes de B. Hortefeux n’a pas fini de faire des dégâts. Sauf pour le principal intéressé qui squatte encore son poste de ministre. La pression d’Internet force les médias “mainstream” à sortir de leur réserve habituelle. Montrer une sommité de l’Etat sous un jour crasseux gêne beaucoup le journaliste plan-plan. A. Duhamel dispose à son aise de colonnes ouvertes dans le journal centriste Libération. Aigri et dépassé il y dépeint une dictature de la transparence où le web serait, avec son immédiateté et son amateurisme, un Léviathan pour les libertés.

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A. Duhamel en digne représentant du “journalisme à papa” ne lésine pas sur les poncifs. La bile qu’il déverse dans son “rebond”* démontre l’incapacité du birbe plumitif passeur de plats des puissants à penser autre chose qu’une information tempérée. Il fustige en premier lieu l’amateur. Pour ce briscard des canapés de saumon, une bonne information est une information passée au mixeur de la “bien-pensance” de l’éditorialiste de cocktails. Rabâcher le recul nécessaire à la distillation d’une information intelligente relève d’une atterrante lapalissade. Malheureusement, l’information salace sur les “prolos” du Nord (par exemple), marketisé pour les annonceurs n’a pas attendu le web, ses amateurs, et sa théâtralisation pour être un attrape crétins. Sous l’influence de l’Internet, il affirme “c’est de l’information sauvage, du journalisme barbare, de la traque totale”. A. Duhamel confond tout, mélange vie publique et vie privée. Dans l’affaire Hortefeux, l’Internet a juste permis de révéler le racisme ordinaire d’un hiérarque de la République déambulant parmi les siens lors d’un évènement politique (le campus de l’UMP). Un scoop que la chaîne parlementaire du placardisé et néo-sarkozien G. Leclerc a voulu taire. (On se demande pourquoi ?).

Finalement, ce qui effraie A. Duhamel c’est que l’on puisse penser qu’ils (lui et les éditorialistes installés*) ne fassent pas le boulot. Ils cumulaient confortablement la double casquette, de phare de la démocratie pour le public et de communicants de confiance pour le pouvoir. Magnifier le puissant et résister aux gueux, tel est le crédo d’A. Duhamel. Fustiger le spectacle sans nuire au story-telling. B. Hortefeux se fait passer pour un père tranquille chez M . Drucker, un peu rigide, mais cela plait aux ménagères. Un drame depuis l’avènement des nouveaux média, sous la pression, l’information jaillit. Pis, elle est révélée par ceux qui voulaient la retenir. Forcés qu’ils sont de ne pas perdre la face. A. Duhamel s’insurge alors, contre cette immixtion du web sur le terrain balisé de l’information pré pensée. Finies les petites critiques en contrepoint des hagiographies. Lui qui ne s’est jamais révolté contre la misère, la précarité, la pauvreté.

Ce balladurien de racine se révèle en justicier de la presse vraie et vérifiée. Car tout le monde le sait, la presse recoupe toutes ses informations et ne truffe jamais ses articles ou ses reportages. Sur TF1, Le Figaro ou M6 tout est frappé du sceau de la déontologie. Ce fabuleux prétexte.

Maquiller la transparence en “œil inquisiteur” de la part d’un omniprésent multicarte prête à sourire. L’opacité signifie sauf-conduit dans les méandres du pouvoir médiatico-politique. Les petits secrets graveleux de la politique sont connus du cénacle médiatique. Tout le monde sait que B. Hortefeux est une petite frappe xénophobe. Et même spécifiquement payé pour ça. Que serait le dignitaire A. Duhamel sans ses petits secrets bien gardés ? Un scribouillard moyen, un intervieweur fade. Ce qui lui permet d’exister, c’est ce qu’il ne divulgue pas et ce qu’on lui permet de distiller, goutte à goutte, pour en faire ce qu’il est. Un porte-voix médiatique et politique. Voir tout ce petit monde porter secours à B. Hortefeux est pathétique, mais révélateur. Mais si par le plus grand des malheurs la transparence s’imposait (grâce au web), ce petit monde clos, qui a peur maintenant, vivrait une révolution sans précédent : pertes de plumes, de statuts, d’émoluments.

Bénie soit l’opacité !


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