Magazine Société

L'Anglais et l'alimentation

Publié le 18 septembre 2009 par Nemo
L'Anglais et l'alimentationA force de me faire tancer par mes collègues de bureau, je tiens à rétablir une vérité qui sonnera tel un truisme aux oreilles des plus fieffés anglophobes:
L'Anglais a une approche de la gastronomie des plus déroutantes.
Depuis mon arrivée sur le territoire de Sa Majesté, je n'ai eu de cesse de questionner l'autochtone afin de m'enquérir de leurs us et coutumes, préalable requis pour me fondre dans la masse.
C'est ainsi que je me suis rendu compte que l'étape du petit déjeuner était tout de même survolé par la majorité. Le menu est généralement d'une frugalité à effrayer un Ethiopien en période de disette.
A la question, que manges-tu généralement le matin, on me rétorque généralement:
"A slice of toast" (une tranche de pain de mie grillé).
Les nombreuses publicités ventant les mérites de telle ou telle marque de beurre, de pain de mie ou autre auront fini de me convaincre de cette propension à négliger le "repas le plus important de la journée".
Pis encore. Ce qui semble être un acquis Français obtenu au prix de nombreuses années de communication officielle médico-sanitaire, vous vaudra de la part d'un Britannique ce fameux regard moqueur destiné à camoufler la gêne de l'ignorance.
"Bon, me disais-je, ils doivent bien se rattraper le midi."
Je n'ignorais pas que la pause du midi, bien qu'officielle sur mon contrat de travail, ne résistait pas à cette coutume contra legem: on avale généralement sa collation sur place, parfois dans un parc public, souvent à son bureau. Adieu le rite du déjeuner aux vertus sociales.
La qualité du repas n'est pas au rendez-vous, le contenu non plus.
Si vous n'avez pas la chance comme moi d'amener votre repas préparé avec amour par Madame, il vous faudra participer au rituel migratoire tel un manchot empereur en période de reproduction sauf que votre destination est bien moins glamour: la supérette ou la vente de sandwiches à emporter !
Etrangement, l'Anglais met un point d'honneur à ce que son sandwich soit préparé sur place et sous ses yeux...le poulet mayonnaise doit certainement avoir un goût différent.
Le plus stupéfiant reste sans doute qu'il n'est pas rare de ne voir quelqu'un se contenter d'un friand de Cornouailles (voir la photo d'illustration).
Mazette ! Pas étonnant qu'ils me dévisagent lorsque j'avale mon entrée/plat/dessert du midi.
Ignorant les principes fondamentaux d'une alimentation saine invitant à prendre des repas en quantités décroissantes au fur et à mesure de la journée, je questionne à nouveau.
Sous le sceau de la confidence, (j'ironise), un de mes proches collègues me dit:
"There's something you should know. Here, eating is just a function."
(Il y a quelque chose que tu devrais savoir. Ici, manger est juste une fonction).
On peut dire que certains n'hésitent pas à affronter la vérité...
Sans parler du contenu de l'assiette, (qui devrait faire l'objet d'un billet à lui seul) les comportements collectifs sont déjà révélateurs d'une approche maladroite. D'ailleurs, ce n'est pas sans créer une frustration nichée dans l'inconscient collectif. Il n'y a qu'à voir la quantité de programmes culinaires à la télévision diffusés aux heures de grande écoute. De mémoire, j'en compte au moins cinq.
Il faut savoir que cela n'a pas toujours été le cas. Il fut un temps pas si lointain où les salariés s'arrêtaient réellement pour manger au pub un plat de Fish & Chips.
La pression combinée du "Time is money", de la globalisation du "tout-économique" et du travail est depuis passée par là.
L'Anglais maltraite ses habitudes alimentaires...mais il se soigne.
A quand la rémission?

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Nemo 23 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazine