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France Télécom: A working class hero …

Publié le 18 septembre 2009 par Scienceblog

Is someting to be » diraient John Lennon ou Marianne Faithful. Je suis en colère. Voici pourquoi.

lombard

La nouvelle polémique sur le suicide au travail chez France Telecom nous rappelle à notre complète incompréhension de nos semblables, à la possibilité de pouvoir taire nos peurs au delà du possible. Le suicide ça fait peur, et un travail qui provoque le suicide, c’est odieux. Et votre patron qui traite ce phénomène de « mode », rend la chose encore plus scandaleuse. Et les médias, tentant de comprendre les raisons de ces suicides en cascade, (même si rue89 démend cette approche http://eco.rue89.com/2009/09/17/est-ce-quon-se-suicide-plus-a-france-telecom-quailleurs) n’améliorent hélas pas la chose. Et il y a 23 suicides (eh, le nombre est en lui même diabolique, non ?). Quoiqu’on puisse tenter de dire ou de faire, la réponse à la mort que se donne lui-même un homme ou une femme paraît odieuse.

Il semble que pour le suicide, la science ne puisse se placer sur un terrain objectif. Et pourtant …

Au début des années 80, deux journalistes sociologues avaient publié un livre qui fut censuré rapidement après sa parution : « Suicide mode d’emploi ». Etaient répertoriés de façon clinique, descriptive, les différentes façons de se suicider, ainsi qu’une analyse statistique des raisons des suicides. Un travail qui fit scandale en son temps, probablement parce que ces deux hommes tentèrent la voie vulgarisatrice pour faire comprendre et admettre leur travail dans un temps qui n’admettait pas de jouer avec des pensées impures. C’étaient des scientifiques pourtant.

Une spécialité transdisciplinaire en sciences regroupant biologistes, psychologues, sociologues, anthropologues, et appelée thanatologie, tente de comprendre par tous ses aspects la mort de l’homme, y compris lorsqu’il se la donne lui même. Il existe de nombreux écrits dont certains sont passionnants et réellements ouverts vers une parole publique (Marie Frédérique Bacqué a écrit un livre passionnant sur le deuil par exemple). Mais là aussi, le suicide reste un sujet difficile à dépasser.

Cependant, le suicide rentre dans les pensées laïques et cartésiennes doucement. C’est plus particulièrement la psychologie et la psychanalyse qui tiennent le haut du panier. Les spécialistes de ces disciplines comprennent petit à petit les ressorts intimes qui poussent un homme à se donner la mort, et mieux, ont mis au point des diagnostics qui permettent de détecter et prévenir une crise suicidaire. Bref, il existe une pensée du suicide qui trouve sa voie, et qui apporte des solutions.

Alors, comment se fait-il que dans les grandes entreprises comme Renault ou France Telecom, on obéisse à la mode du suicide ? Normalement, il s’agit d’une maladie qui peut être détectée, comprise et surtout dont l’issue peut être prévenue. Qui plus est par une spécialité qui a participé à la pensée en ressources humaines d’aujourd’hui. Qui sont ces gens qui se présentent comme experts et n’apportent pas de solution ?

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Et la médecine du travail ? On s’inquiète qu’elle soit soumise à pression de la part de la direction. Elle n’a aucun objet thérapeutique, se contentant de détecter l’ensemble de problèmes de santé lié au travail. Aurait-elle détecté les crises suicidaires ? Il ne semble pas. Pourtant, c’est aujourd’hui possible. Y compris pour les médecins généralistes, qui pourraient bénéficier de formations continues adaptées. Malheureusement, ces formations n’existent pas. Les médecins généralistes qui participent à l’offre de formation continue en créant des dossiers permettant l’agrément de formation, se sont pour la plupart vus refuser celle liée à la prévention de la crise suicidaire. Pourtant, le médecin de famille est probablement le plus à même de les détecter …

Les gens se tuent parce qu’ils n’ont plus envie de vivre. Et le problème, c’est que cette absence d’envie est temporaire. Pour aller au delà de cette temporalité, il faut consulter, il faut être entendu. Mais l’affect qui entoure le suicide empêche le cartésien, qui permet aux gens de continuer à vivre. A working class hero is something to be, je vous dis …


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