Presse : le silence des agneaux

Aujourd'hui (18/09), Yves Montrouge prend le pouvoir au Jir et se fend d'un édito vengeur, qui renoue avec la ligne Tillier. Jusqu'à reprendre un leitmotiv du dit Jacques Tillier, en conclusion de son billet, "c'est un métier". Passons sur le fait que le métier de Jacques Tillier n'a jamais été le journalisme... Montrouge, lui, malgré une adoration pour Jean-Paul Virapoullé, presque revendiquée, est reconnu comme un bon professionnel (on n'est pas tous d'accord sur ce point au Pirate, mais bon, c'est moi qui signe). Que nous dit le nouvel homme fort du Jir ? Que ses méchants concurrents, en l'occurrence essentiellement Le Quotidien, ont repris une une info "exclusive" du Jir, à savoir l'arrestation de Mamodtaky à Madagascar, sans préciser que c'était un scoop jiresque. C'est vrai que ça ne se fait pas. Mais le Jir n'a sans doute pas de leçon à donner dans ce domaine. Ce journal a ainsi pillé sans vergogne à deux reprises le site Influences, sans citer nulle part une quelconque source.
A l'inverse, il est étonnant qu'aucun média local n'ait repris deux infos du Pirate, certes minimes, mais exclusives, et relativement intéressantes dans le landernau réunionnais : le limogeage par Cadjee/Mariotti/Tillier de Christophe Tézier, directeur de la rédaction du Jir, d'une part ; et l'arnaque aux dépêches AFP non payées par le site du Quotidien de l'autre. Que le Jir et le Quotidien n'en fassent pas écho, cela peut se comprendre... Mais on s'étonne que Zinfos, si prompt à dénoncer la corruption de la presse locale (à tort, selon nous), n'ai pas jugé utile de reprendre ces petites histoires. De la même manière, pas un mot sur les sites "sérieux" d'info locale (linfo.re, reunitoo... ). Le silence des agneaux...
Ou des loups prêts à s'entre-dévorer.
Mais entre gens du bon monde... Ce qu'on sait nous, c'est que ces deux petites infos ont foutu un bordel sans nom dans les deux rédactions. Des rédactions dépressives, tant leurs patrons les méprisent. Au Quotidien, le mois dernier, trois journalistes chevronnés on claqué la porte, excédés par le climat délétère qui règne au Chaudron. Et ceux qui restent le font par défaut, parce qu'il faut bien manger, et qu'ils aiment, malgré tout, leur métier.
Au Jir, c'est l'inverse : de nouveaux journalistes arrivent. Sous-payés, comme d'hab, dans cet étonnant média, où le simple fait d'être syndiqué vous vaut au mieux le placard, au pire la mort professionnelle. Ceux qui restent serrent les fesses.
Tiens, au passage, à l'attention d'Yves Montrouge : Le Pirate a été le premier à dénoncer, éléments fiables à l'appui, "le grand bordel du RSTA". Dans sa logique de scoop et d'exclusivité, il eût été légitime qu'il nous cite quand, en début de semaine, le Journal de l'île a fait sa une sur "le foutoir" du RSTA. Sauf qu'on n'est ni parano, ni mégalo, et qu'on suppose que, simplement, le Jir a décidé de faire ce papier sans avoir jamais eu vent que Le Pirate l'avait fait un mois et demi avant. Après tout, qui sommes-nous avec nos 8000 connexions mensuelles, face à l'ogre Clicanoo (900 000). Bon, nous au moins, on s'amuse. Parfois sérieusement...

François GILLET