Et c’est par l’Hérétique que je me suis fait taguer mardi dernier (le 15 septembre 2009, donc). Enfin, taguer est un peu rapide : il répondait à Polluxe qui voulait savoir s’il était de gauche. Et, dans le développement de l’article sur Hérésie, le taulier en profite pour me classer, paf, comme ça, à droite et libéral. Franchement, j’vous jure !
Bon.
Ok, libéral, je vais avoir du mal à me sortir du traquenard. Je crois avoir avoué à une ou deux reprises quelques penchants à ce sujet. Mes lecteurs les plus perspicaces auront noté qu’en effet, je conchiais n’aimais trop l’Etat, le collectivisme, les abrutis avinés citoyens égarés qui continuent à voter PC ou NPA, et qu’il m’arrivait parfois de désirer, d’une façon fort pastèle, que cette fiction commodité soit quelque peu réduite.
Mais pour « à droite », j’ai plus de difficultés.
En pratique, les soupes politiques qui existent en France n’offrent pas les garanties attendues.
Il faut expliquer, ici, que je fais très attention à ce que je consomme : un athlète comme moi, le teint buriné, les muscles finement dessinés par une discipline rigoureuse et une alimentation étudiée au milligramme près – dans laquelle, je le rappelle, on retrouve du Poulet-Frites, car c’est très bon, le Poulet-Frites – ne peut pas se permettre d’ingérer des trucs et des machins qui pourraient ruiner mon Programme A Moi Pour Avoir Un Joli Bedon.
Or, la politique française, c’est trop d’adjuvants, de colorants, de conservateurs et d’antioxydants, trop de gras, de sucre et de sel mélangés qui forment un truc chimique qu’on ne peut pas avaler sans faire une croix sur des années d’obéissance scrupuleuse aux règles überkharmiques du Programme A Moi Pour Avoir Un Joli Bedon.
Le Mangibougisme peut et doit s’appliquer à la Politique Française !
Et d’ailleurs, il s’y applique très bien, et je le prouve avec le petit schéma suivant (cliquez dessus pour agrandir).
Comme on peut le constater, la politique française s’articule donc essentiellement sur une avalanche de glupides mal organisés. C’est très mauvais pour mon cholestérol, tout ça.
En réalité, l’axe de découpage Droite / Gauche est devenu complètement artificiel. Ainsi, on retrouve une grosse dose de progressisme et de conservatisme dans tous les partis, un peu partout, et surtout n’importe comment, sans organisation, sans colonne vertébrale cohérente qui permet de savoir où on met les pieds.
Par exemple, il ne viendrait à l’idée d’aucun parti (strictement aucun) de prôner une ouverture totale des frontières. Les partis de gogoche et d’extrême-gôche, ainsi, toujours prompts à pleurnicher sur le sort des clandestins sans-papiers, veulent bien qu’ils soient régularisés mais ne poussent surtout pas le paradigme jusqu’à réclamer l’absence pure et simple de frontières. Eh oui : ça sabrerait leur base de militants ouvriers (il leur en reste quelques uns) qui verraient d’un mauvais oeil cette main-d’oeuvre bon marché « déferler » sur notre territoire.Il n’est qu’à se rappeler les discours édifiant d’un Mélenchon (« T’en connais, toi, des Lituaniens ? ») ou d’un Frêche pour se rappeler que non, décidément, la gauche (extrême ou pas) n’est « internationaliste » qu’à doses électoralement calibrées.
Ce conservatisme frontiéro-franchouillard se retrouve aussi à l’extrême-droite, mais c’est tellement évident que je n’insisterai pas.
Dans le même temps, on retrouve, comme le gaz, le progressisme à tous les étages. Et même dans une droite qu’on s’attendrait naturellement à trouver un peu moins dans la mouvance. Là encore, il suffit de voir à quel point le Respect de la Différence et un Relativisme quasi-institutionnel s’est mis en place, tant à l’UMP que dans absolument tous les autres partis, sur différents sujets, pour comprendre que la marche tressautante des progressistes à tendance agressive se poursuivait vigoureusement.
En fait, le conservatisme et le progressisme, qui sont, pour faire simple, les lignes de clivages historiques de la droite et de la gauche ont depuis longtemps infusé des deux côtés au gré des bidouilles électorales et alliances plus ou moins contre-nature.
Si l’on ajoute à l’étude l’axe de l’interventionnisme de l’état dans la sphère privée et l’étude pratique des libertés individuelles laissées intactes ou défendues par les partis en présence, c’est la consternation : la France n’est ni rouge, ni bleue, mais mauve.
De mon côté, je note surtout ce qui marche et ce qui ne marche pas. Comme il y a des douzaines de pays de par le monde qui tentent tous des approches différentes, on dégage assez rapidement quelques idées sur ce qu’il faut éviter.
Et pour le moment, la gauche ne propose rien, elle est donc out, et la droite fait tout ce qui ne marche pas (on dirait un sudoku avec toutes les cases gribouillées huit ou douze fois – illisible et faux).
On sait donc où l’on va. Comme je tiens à mon régime, je ne suis donc pas de droite.
Et comme je tiens à mon équilibre mental, je ne suis pas de gauche.
Voilà.
C’est dit.
…
Et bien sûr, ce pays est foutu.