Le principal argument des propositions Balladur, sur demande de Nicolas Sarkozy, en matière de réforme des collectivités territoriales tient en un mot : économies. On entend souvent l'argument suivant : « en divisant par deux le nombre de conseillers généraux et conseillers régionaux pour en faire des conseillers territoriaux, on diminue par deux les dépenses. » L'Assemblée des départements de France (Droite et Gauche confondues) a fait réaliser une étude par un cabinet indépendant (KPMG). Il en ressort que la fusion des collectivités territoriales citées plus haut n'entraînerait aucune économie.
Les auteurs de l'étude se fondent sur trois arguments forts : la fusion n'aurait que peu d'effets sur les financements croisés, elle entraînerait des effets dits d'alignement, la création du conseiller territorial coûterait 25 millions d'euros. Dans « La Gazette des Communes », Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France, indique que les 6 000 conseillers généraux et régionaux représentent un coût de 200 millions d'euros annuels à comparer aux 110 millions d'euros du budget de l'Elysée.
La conclusion est simplissime : la réforme des collectivités territoriales, justifiée par des arguments financiers, devra, en réalité, atteindre un objectif politique : limiter les pouvoirs de l'opposition et aussi viser une recentralisation des décisions, les préfets de région étant dotés de pouvoirs supplémentaires.
Méfions-nous des idées simplistes voire des idées toutes faites. Nicolas Sarkozy est bien trop rusé pour dévoiler son véritable plan au grand jour. Il usera, une fois de plus, d'arguments démagogiques pour vendre sa loi et les Français, sensibles à l'état de crise, croiront en des économies totalement mensongères.
Voilà un front que la Gauche doit ouvrir sans tarder : la réforme des collectivités territoriales, nécessaire, ne passe pas forcément par la disparition pure et simple des élus actuels surtout s'ils sont majoritairement de Gauche. (1)
(1) Un peu d'humour ne fait pas de mal, non ?
Légende photo : Jean-Louis Destans (président du conseil général de l'Eure) et Alain Le Vern, président du conseil régional de Haute-Normandie. (photo JCH)