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Avec les enfants

Publié le 20 septembre 2009 par Malesherbes

Dans mon précédent billet, je tentais d’expliquer comment, dans une démocratie, les dirigeants représentent l’ensemble des citoyens. C’est pourquoi je n’ai jamais été particulièrement convaincu par le distinguo subtil que bien des auteurs traitant du III° Reich établissaient entre les Nazis et les Allemands, ceux-là permettant d’exonérer ceux-ci de toute responsabilité. Comme on l’oublie très souvent, Hitler n’est pas arrivé au pouvoir par la force mais démocratiquement, après avoir gagné des élections.

Cette distinction a cependant un intérêt. Elle a évité de couvrir d’opprobre l’ensemble des Allemands, c’est-à-dire les générations qui n’ont pas connu la période de la seconde guerre mondiale. Les Allemands de moins de soixante-dix ans n’ont aucunement à porter la responsabilité des fautes de leurs pères.

Soutenir le contraire, c’est adopter le mode de pensée des nazis qui considéraient que leur sécurité imposait d’exterminer les enfants avec leurs parents. C’est aussi imiter Goebbels qui, lors de la chute de Berlin, se suicida avec sa femme, après que celle-ci eut empoisonné leurs quatre enfants. C’est aussi marcher sur les pas des Laval et Bousquet qui, par humanité affirmaient-ils, arrêtaient les enfants juifs avec leurs parents, avant de les laisser déporter dans des camps différents. De nos jours, l’attitude d’Eric Besson, qui s’accommode de la présence dans des centres de rétention d’enfants avec leurs parents en situation irrégulière, incite, bien que les circonstances soient heureusement moins tragiques, à des rapprochements tout à fait fâcheux. Rassurons-nous en nous rappelant qu’il ne connaît que deux mots d’ordre, efficacité et humanité !

Ceci dit, ce que fait ce Ministre est fait en notre nom et, si nous le désapprouvons, il est de notre devoir de nous élever contre ses agissements. Je citerai ci-dessous, en conclusion, un extrait de l’essai d’Emmanuel Todd, Après la démocratie. Il illustre remarquablement cette vérité, pas nécessairement évidente mais si réelle : si nous avons élu Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, c’est parce qu’il est à l’image de notre société. Il nous représente donc parfaitement. Hélas !

« Si Sarkozy existe en tant que phénomène social et historique malgré sa vacuité, sa violence et sa vulgarité, nous devons admettre que l’homme n’est pas parvenu à atteindre le sommet de l’Etat malgré ses déficiences intellectuelles et morales, mais grâce à elles. [ … ] Respect des forts, mépris des faibles, amour de l’argent, désir d’inégalité, besoin d’agression, désignation de boucs émissaires dans les banlieues, dans les pays musulmans ou en Afrique noire, vertige narcissique, mise en scène publique de la vie affective et, implicitement, sexuelles : toutes ces dérives travaillent l’ensemble de la société française ; »


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