Le seul intérêt du procès Clearstream est d’avoir lieu. Le mérite de Sarko est de l’avoir provoqué en portant plainte contre X alors qu’il n’était que ministre. Villepin dans le box des accusés : une image qui réjouira certains, qui nourrira les rancœurs des derniers chiraquiens, qui alimentera la haine parfois irrationnelle que d’autres portent au chef de l’Etat.
« Restons Correct ! » ne va pas vous refaire le match d’autant plus qu’il n’est pas terminé. Villepin est l’accusé vedette qui dépasse de la tête et des épaules la brochette de seconds couteaux appelés à comparaître avec lui et, soyons francs, nous ne l’aimons pas. Faut-il pour autant le bruler comme un vulgaire scientologue avant même qu’il ait été jugé ? Evidemment non, pas plus qu’il ne serait opportun d’ouvrir une souscription populaire pour ériger une stèle à sa mémoire politique car, condamné ou acquitté, l’auteur du Cri de la Gargouille est sans doute politiquement carbonisé.
En fait dans cette affaire, Villepin et son sort n’ont pas grande importance. Ce que Josette, Marcel et leur marchand de (vraie) galette-saucisse vont peut être découvrir en suivant ce procès spectacle, c’est le « dessous des cartes » politiciennes, le parfum faisandé des « cabinets noirs » et autres officines occultes expertes en coups tordus plus ou moins bien exécutés.
La fin de l’ère Chirac semble avoir été riche en la matière. Une garde rapprochée qui se crispait au fur et à mesure qu’elle sentait le pouvoir lui échapper, des courtisans occupés à calculer le meilleur moment pour changer de cantine, des snipers en arrière-garde et des mines antipersonnel semées comme autant de cadeaux de bienvenue aux successeurs présumés.
On ne va pas vous la jouer je sais tout mais je dirai rien mais, pour avoir eu l’occasion d’en renifler subrepticement quelques effluves, on peut vous dire que ça ne sentait pas que la rose. Ce n’est pas aux blogueurs de jouer les sycophantes, c’est aux médias de nous le raconter : allez zou au boulot si vous voulez que ce procès ait une utilité !
Ce n’est pas nouveau en France, chaque fin de règne a connu ces sortes de dérives. Il suffit, sans remonter jusqu’à l’affaire du collier de la Reine, de se souvenir comment s’est clos celui de Mitterrand, avec entre autres le suicide tragique de ce pauvre Pierre Bérégovoy.
S’il en est un qui doit bien se marrer en ce moment, c’est papy Giscard. Nous sortir La Princesse et le Président, nous déterrer Lady Di, l’icône des shampouineuses délaissées, en plein procès Clearstream : c’est indiscutablement du grand art.
Fantasme de vieillard concupiscent ou manipulation géniale ? Nul ne le saura sans doute jamais. Reste qu’il est dommage qu’il n’ait pas été réélu en 81 : ça nous aurait peut-être valu une fin de règne plus croustillante que celles de ses prédécesseurs…