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Jon Krakauer – into the wild

Publié le 21 septembre 2009 par Castor

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Sous-titré « voyage au bout de la solitude », ce récit tente de comprendre pourquoi Christopher Mac Candless, jeune étudiant talentueux, quitte son entourage, change de nom, fait don de ses 24 000 dollars d’économie et prend la route un beau matin. Après des mois d’errance à travers les grands espaces américains, il abandonne sa voiture, brule ses derniers dollars, fait du stop et s’enfonce dans une région vierge et inhabitée d’Alaska où il vivra quatre mois de solitude et de survie avant de s’éteindre d’inanition.


Etait-ce un geste fou, une bravade naïve contre un avenir tracé et des parents conformistes ? Quelles étaient ses motivations ? Krakauer puise dans sa propre expérience d’aventurier de l’extrême pour tenter d’apporter quelques lumières.


L’extrait suivant résume sa philosophie.

Le « super clochard » comme il se surnomme, écrit à un compagnon de route de 81 ans rencontré au hasard de son périple.


Salut Ron,
Ici Alex. Ça fait maintenant presque deux semaines que je travaille ici, à Carthage, dans le Dakota du Sud. Je suis arrivé trois jours après que nous nous sommes quittés à Grand Junction dans le Colorado. J'espère que tu as pu retourner à Salton City sans trop de problèmes. J'aime beaucoup travailler ici et tout se passe bien. Le temps n 'est pas mauvais, beaucoup de journées sont étonnamment douces. Certains fermiers vont même déjà sur leurs champs. Il doit commencer à faire plutôt chaud actuellement dans le sud de la Californie. Je me demande s'il y a une chance que tu sois sorti pour aller voir combien de gens se sont rassemblés pour l’Arc-en-ciel du 20 mars aux sources chaudes. Ils ont dû bien s'amuser, mais je ne pense pas que tu comprennes vraiment ce genre de personnes

Je ne vais pas rester très longtemps dans le Dakota du Sud. Mon ami Wayne veut que je continu à travailler sur le silo à céréales pendant tout le mois de mai et qu’ensuite je parte moissonner avec lui tout l'été. Mais mon âme est tournée toute entière vers mon odyssée en Alaska et j'espère me mettre en route avant le 15 avril. Cela veut dire que je vais partit bientôt. Il faudrait que tu réexpédies le courrier que j'ai pu recevoir à l'adresse indiquée plus bas.

Ron, j'ai vraiment apprécié l'aide que tu m'as apportée et le temps que nous avons passé ensemble J'espère que tu ne seras pas trop déprimé par notre séparation. Il peut s'écouler beaucoup de temps avant que nous nous revoyions. Mais si je sors en un seul morceau de ce pari en Alaska, tu auras de mes nouvelles. J'aimerais te redonner ce conseil encore une fois : je pense que tu devrais changer radicalement ton style de vie et te mettre à faire courageusement des choses que tu n’aurais jamais pensé faire, ou que tu as trop hésité à essayer. Il y a tant de gens qui ne sont pas heureux et qui, pourtant, ne prendront pas l'initiative de changer leur situation parce qu'ils sont conditionnés à vivre dans la sécurité, le conformisme et le conservatisme, toutes choses qui semblent apporter la paix de l'esprit, mais rien n'est plus nuisible à l'esprit aventureux d'un homme qu'un avenir assuré. Le noyau central de l'esprit vivant d'un homme, c'est sa passion pour l'aventure. La joie de vivre vient de nos expériences nouvelles et donc il n'y a pas de plus grande joie qu'un horizon éternellement changeant, qu'un soleil chaque jour nouveau et différent. Si tu veux obtenir plus de la vie, Ron, il faut perdre ton inclination à la sécurité monotone et adopter un mode de vie désordonné qui dans un premier temps te paraîtra insensé. Mais une fois que tu seras habitué à une telle vie, tu verras sa véritable signification et son incroyable beauté. En bref, Ron, quitte Salton City et prends la route. Je l'assure que tu seras très content de l'avoir fait. Mais j'ai bien peur que tu ne tiennes pas compte de mon conseil. Tu me crois têtu mais tu l'es encore plus que moi. Tu avais la chance merveilleuse pendant ton voyage de retour de voir l'un des plus beaux sites du monde, le Grand Canyon, que chaque Américain devrait voir au moins une fois dans sa vie. Mais, pour quelque raison qui m'est incompréhensible, tu ne désirais qu'une chose : te précipiter chez toi aussi vite que possible et retrouver la même situation que tu vois quotidiennement, jour après jour. J'ai bien peur qu'à l'avenir tu suives cette même tendance et qu'ainsi tu ne découvres pas toutes les choses merveilleuses que Dieu a disposées à notre intention autour de nous. Ne t'établis pas à un seul endroit. Déplace-toi, sois un nomade, que chaque jour t'offre un nouvel horizon. Tu as encore beaucoup de temps à vivre, Ron, et ce serait une honte de ne pas saisir l'occasion de révolutionner ta vie pour entrer dans un champ d'expérience entièrement nouveau.
Si tu penses que la joie vient seulement ou principalement des relations humaines, tu te trompes. Dieu l'a disposée tout autour de nous. Elle est dans toute chose que nous pouvons connaître. Il faut seulement que nous ayons le courage de tourner le dos à nos habitudes et de nous engager dans une façon de vivre non conventionnelle.


L’adaptation cinéma de Sean Penn est fidèle à l’esprit du livre qui reprend les thèmes de liberté et d’errance de « sur la route » de Kerouak mais en proposant une version plus accessible, plus contemporaine et moins opiacée.
« Into the wild » avec ses citations préférées des livres de chevet du « super clochard » ravive l’idéalisme de la jeunesse, la soif de pureté, d’absolu, de nature et de solitude.
A lire dans le métro en écoutant Karen Dalton.


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