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"Sommes nous représentés"? Note incidente à la lecture de "1871"

Publié le 22 septembre 2009 par Lalouve

Juste un petit billet pour une fois !

Je suis en train de lire (avec avidité) une histoire de la Commune par Prosper-Olivier LISSAGARAY (qui faillit devenir le gendre de K. Marx mais dont Jenny Marx refusa toujours catégoriquement qu’il obtint la main de sa fille) et qu’on appelait "le Comte rouge". L’ouvrage de LISSAGARAY fut d’ailleurs traduit en anglais par Eleanor Marx...

Cette découverte tombe à pic, car j’avais relu cet été le livre de Marx sur la séquence 1848-1851.

Pour vous donner le ton, voici un extrait de la préface du livre de Lissagaray en date de 1876 :

"Celui qui fait au peuple de fausses légendes révolutionnaires, celui qui l’amuse d’histoires chantantes, est aussi criminel que le géographe qui dresserait des cartes menteuses pour les navigateurs."

Ce livre que j’ai trouvé en fouinant dans des caisses de vieux bouquins pas chers s’appelle tout simplement

"Histoire de la Commune - 1871".

Et il est incroyable.

D’abord, l’auteur a participé à la Commune lui-même, et puis, il a recueilli le témoignage presque " sur le vif" de plusieurs acteurs dont certains "importants" (au sens de "déterminants", car le vrai héros de la Commune, c’est le peuple des prolétaires et des va nus pieds de Paris), de la Commune.

C’est franchement très intéressant, et j’en recommande la lecture à tout ceux qui pourront le trouver sans se ruiner (pas évident car même l’exemplaire "de poche" est cher) ou l’emprunter, et qui auront le goût (et le temps surtout) de le lire.

Aux détours de l’Histoire (dont on voit qu’elle n’a pas changé tant que ça au fond, et que ce qu’on appelait alors "la Gauche" ressemblait déjà furieusement à ce qu’on appelle encore "la Gauche" aujourd’hui, à de rares exceptions près...c’est à dire s’appuyant toujours sur "le peuple" pour survivre en période pré-révolutionnaire, mais en réalité pour CONSERVER LE POUVOIR ET L’ÉTAT EXISTANTS et finir toujours par le rendre aux grands bourgeois, aux capitalistes, aux tyrans), entre récit de trahisons de cette "Gauche", de batailles héroïques, de prise de conscience, de reculades incroyables, de sang, de larmes, d’honneur... Lissagaray pose à un moment une question qui me semble cruciale, une question que, dit-il, s’est posé à un moment le peuple de Paris, une question qui lui fut posée aussi par ceux qui deviendront non pas "la Gauche" mais "les Communards" :

"SOMMES NOUS REPRÉSENTÉS"?

J’ai envie de reposer la question aujourd’hui. Elle est toujours terriblement d’actualité.

Sommes nous représentés?

Répondre à cette question implique de répondre d’abord à une autre question : qu’est ce qu’être "Représenté"?

Tant qu’on ne répondra pas à des questions en apparence aussi simples, on ne démasquera pas à fond l’énorme hypocrisie politique que constitue, particulièrement aujourd’hui, la démocratie dite "représentative" dans laquelle nous vivons.

Tant qu’on ne répondra pas à ce genre de questions, on ne démontrera pas à quel point aujourd’hui même, nous sommes éloignés du meilleur de ce qu’aurait pu donner, de ce qu’on aurait pu tirer de cette démocratie bourgeoise pour le mouvement ouvrier (s’il n’avait pas été autant et si souvent trahi, il faut le dire aussi, par soi disant "les siens").

Tous les écueils pointés dans la séquence 1848/1871 rappelée et dépeinte au début de l’ouvrage pour décrire, avec une grande intelligence, les conditions de 1871, existent encore (sous d’autres formes éventuellement) dans "la Gauche".

On devient encore moins complaisant avec cette réalité (et ce concept) qu’est "la gauche" en lisant cet ouvrage.

On n ’y voit définitivement, majoritairement, qu’une bande de salopards qui a toujours manœuvré, finalement, pour l’ennemi de classe, se payant des diverses miettes que le vrai pouvoir laissait tomber, avec des airs de "ne pas y toucher", pour, toujours, finir par abandonner le pouvoir aux tyrans les plus vils au moment où la révolution prolétarienne pouvait se réveiller.

Comme dit Lissagaray :

"Trois fois, le prolétariat français a fait la Révolution pour les autres ; il est mûr pour la sienne. Les lumières qui lui manquaient autrefois ne jaillissent maintenant que de lui."

Aussi je le pense, plus que jamais, à la lecture de cet ouvrage, plus que jamais, le mot d’ordre de ceux qui sont le peuple, et qui se disent socialistes, communistes, ça ne peut être que "à bas la gauche, à bas la droite, et vive le parti du prolétariat" !

La Louve


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