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Les magouilles politiques du clan Harel

Publié le 22 septembre 2009 par Politicoblogue
Louise Harel

Louise Harel

Quand André Lavallée affirme que c’est Louise Harel, avec qui il a fait équipe au Parti Québécois pendant de nombreuses années, qui a laissé couler l’information sur son passé felquiste afin de le punir pour son refus de joindre Vision Montréal, ce n’est qu’un énième exemple de la façon sale dont Louise Harel et son équipe font de la politique. Dans un jeu où les intérêts dépassent de loin l’hôtel de ville de Montréal, Harel s’entoure de gens aux méthodes plus que discutables, qui n’hésitent pas à infiltrer et à manipuler d’autres partis pour atteindre leurs objectifs: l’élection de Harel et la mainmise des réseaux péquistes sur les infrastructures politiques municipales en vue des prochaines élections provinciales.

Au coeur de cette partie politique, Frédéric Lapointe, président du PQ dans Crémazie, directeur de campagne de Lisette Lapointe lors des dernières élections provinciales, un proche de Nicolas Brisson (organisateur politique de Louise Harel dans la première partie de son odyssée vers la mairie), de André Boisclair et partie intégrante des réseaux reliés au Parti Québécois et à la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).

Lors des dernières élections municipales, Lapointe a remarqué que l’appui du PQ à Union Montréal dans Ahuntsic a causé la division du vote des indépendantistes, contribuant à l’élection de Hasmig Bellini, une fédéraliste notoire. Dans un quartier où tant Maria Mourani du Bloc Québécois que Lisette Lapointe du PQ ont obtenu des majorités se comptant en centaines de votes, l’établissement de tout un réseau sympathique au Parti Libéral dans Ahuntsic, avec ses nombreuses personnes payées à temps plein, ne pouvait que contribuer à faire perdre péquistes et bloquistes lors des prochaines élections. Frédéric Lapointe a donc développé, avec son réseau d’influence, un profond intérêt pour la politique municipale, en particulier sur le Plateau-Mont-Royal.

En effet, le quartier a été témoin de l’élection du premier député de gauche au Québec depuis des décennies, Amir Khadir. Le calcul effectué par de nombreux péquistes est le suivant: le 8% de voix de Québec Solidaire empêche l’élection de nombreux députés du PQ dans des luttes serrées. On a donc deux choix: soit on fait alliance avec Québec Solidaire et on introduit les concepts d’élection référendaire et de meilleure redistribution de la richesse dans le programme du PQ, soit on se concentre à battre Khadir sur le terrain, lui qui a gagné avec une mince avance de 700 voix. On a choisi la deuxième option, évidemment – il ne faudrait tout de même pas que le PQ soit réellement indépendantiste ou social-démocrate au-delà du discours!

Or, pour espérer battre Amir Khadir sur le terrain, il importait de s’assurer du contrôle de la machine municipale de Projet Montréal (PM), assez proche de Québec Solidaire, qui a fait élire un conseiller municipal lors des dernières élections et qui est en voie de ravir une bonne partie du quartier avec plusieurs candidats de qualité. Une personne influente de Projet Montréal m’a expliqué, sous couvert de l’anonymat: « Si Projet Montréal gagne tout le Plateau, ça met en poste sept élus et trois attachés-politiques, donc dix personnes payées à temps plein, qui sont en communication avec les gens de leur quartier et qui vont indirectement travailler à consolider les appuis à Québec Solidaire ». C’est exactement ce que veulent éviter des péquistes comme Frédéric Lapointe et Louise Harel. Et c’est pour cela que Lapointe a infiltré Projet Montréal.

Richard Bergeron, l’homme à abattre

Projet Montréal, c’est le parti de Richard Bergeron. Il a toujours refusé de faire de la politique comme les autres, ne voulant rien savoir du financement occulte incitant un retour d’ascenseur et est demeuré intraitable quant aux objectifs du parti pour la métropole, surtout en ce qui concerne l’éthique et le développement urbain. Pour Lapointe et ses amis, c’était l’homme à abattre, le naïf ne méritant pas de se faire élire avec ses idéaux rose-bonbon.

Après avoir infiltré PM avec une dizaine de personnes et avoir fait d’énormes pressions sur Bergeron pour qu’il se retire, pavant la voie à une fusion avec Vision Montréal, Lapointe et plusieurs membres du réseau Harel ont organisé une réunion de la dernière chance, milieu juillet. Cette réunion a eu lieu chez Guillaume Vaillancourt, ancien membre influent de PM et aujourd’hui candidat de Vision Montréal pour la mairie du Plateau-Mont-Royal. Il y avait aussi Richard Bergeron, Magda Popeanu (présidente de PM et fidèle à M. Bergeron), Atim Leon (aujourd’hui candidat pour Vision Montréal) et, bien sûr, Frédéric Lapointe lui-même. On a demandé à Richard Bergeron de partir, en échange de quoi Vision Montréal lui offrait la mairie d’Outremont. Fidèle à ses convictions, il a refusé.

Quelques jours plus tard, Frédéric Lapointe a rencontré un organisateur politique de PM pour lui offrir une « ultime ultime chance de faire la fusion ». Manipulateur, il annonçait la stratégie de Harel si PM refusait la fusion. Il s’agissait d’annoncer des candidats de prestige, un à un, pour s’opposer à ceux de Vision Montréal. Une de ceux-là étaient Elsie Lefebvre, contre Éric Daoust (ce qui manque particulièrement de classe de la part de Lefebvre, puisque Daoust a été son lieutenant politique pendant des années et il lui a toujours été fidèle). Ensuite, Lapointe annonça que Guillaume Vaillancourt allait quitter PM pour Vision Montréal. Devant la réaction d’incrédulité de son interlocuteur, il a ajouté: « quand Louise Harel va l’appeler, il va faire ce qu’on va lui demander de faire ». Ce qu’il a fait. Puis, il annonça qu’ils allaient mettre une pression « de la mort » sur une candidate importante de Projet Montréal (dont je dois taire le nom) afin qu’elle se retire avant les élections. « Elle ne sera plus capable, elle va craquer et elle va se retirer », a ajouté Lapointe.

Le but est simple et la logique respectée: il faut mettre Projet Montréal à mort si on veut reprendre le Plateau des mains se son équipe, très (trop?) près des citoyens, et enlever ses appuis à Québec Solidaire, avant que le parti ne devienne plus important encore et nuise davantage aux efforts du Parti Québécois pour se faire élire. Au passage, on espère aller chercher quelques sièges supplémentaires pour Vision Montréal. « Ces gens-là [reliés à Lapointe et Brisson] ne sont pas « fair » », m’explique une de mes sources. « Ils mentent, menacent, organisent des spins, enlèvent des pancartes. Gagner pour gagner, c’est tout ce qui compte pour eux. » Malgré le limogeage de Brisson, on peut se questionner sur la pertinence pour Louise Harel de s’acoquiner avec Frédéric Lapointe et de participer, ne serait-ce qu’indirectement, à de telles méthodes.

Au fond, la véritable question est la suivante: à qui profite les magouilles de l’équipe Harel? Aux citoyens, qui subissent les choix imposés selon les calculs politiques de l’heure, ou aux élites politiques qui se servent d’une démocratie municipale bien malade pour atteindre leurs propres objectifs?

En vérité, la seule solution consiste peut-être à s’informer soi-même, à s’intéresser à la politique, à ouvrir nos lumières et à éblouir ceux qui se terrent dans la noirceur pour court-circuiter la démocratie. Car actuellement, on a peut-être simplement la politique que nous méritons: une politique de l’ombre, de manigances, pour une population qui ne se donne même plus la peine de se passionner pour ses enjeux et de voter en conséquence.

Et si on s’y intéressait suffisamment pour que ce soient les intérêts des Montréalais – et non ceux des partis politiques provinciaux – qui soient mis de l’avant? Avant de « redémarrer Montréal », comme le propose Harel, il serait peut-être intéressant de se demander par quoi elle espère remplacer cette vieille machine politique désuète ne fonctionnant qu’en réseau… très fermé!

Le changement pour le changement, est-ce vraiment ce dont a besoin Montréal?

Préalablement publié ici

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