Cette dispute des Apôtres sur la prééminence paraît s'être élevée entre eux à l'occasion du choix que Jésus
avait fait de Pierre, Jacques et Jean, pour les conduire avec lui sur la montagne, où ils s'imaginaient que leur Maître avait confié à ces trois disciples quelque secret; ils savaient aussi,
d'après ce que dit saint Matthieu (Mt 16), que les clefs du royaume des cieux avaient été promises à Pierre. Le Seigneur, qui voit leurs pensées, leur présente l'humilité comme remède de leur
ambition; et pour leur apprendre à ne pas rechercher l'autorité, il fait cette simple recommandation d'humilité: «S'étant assis, il appela ses douze Apôtres, et leur dit: Celui qui veut être le
premier, il sera le dernier de tous».
A cette recommandation, Jésus joint l'exemple de la simplicité de l'enfance. «Et prenant un enfant»,
etc.
Le Sauveur recommande ici à ceux qui aspirent aux dignités, de faire à ses pauvres un digne accueil par
honneur pour lui-même; ou bien il leur recommande d'avoir la candeur de l'enfance, et d'être simples sans fierté, charitables sans envie, affectueux sans colère. Le baiser qu'il donne à cet
enfant, nous apprend que c'est aux petits qu'il réserve son affection et ses embrassements. Il ajoute: «En mon nom», c'est-à-dire, que la vertu qui, chez l'enfant, n'est autre chose qu'une
inclination naturelle, doit être chez nous un acte de la raison fait au nom de Jésus-Christ. Enfin, quand il veut que nous le considérions lui-même dans la personne de l'enfant, ce n'est pas
seulement de sa nature visible qu'il veut parler: «Celui qui me recevra, ce n'est pas moi qu'il reçoit, mais celui qui m'a envoyé», etc. Il veut que ses disciples croient qu'il a la même nature
et la même grandeur que son Père.