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Climat, Poste ou rigueur: les renoncements de Sarkozy

Publié le 23 septembre 2009 par Juan

Climat, Poste ou rigueur: les renoncements de Sarkozy
Mardi, la réalité était difficilement masquée par Nicolas Sarkozy et ses ministres. A Paris, les annonces gouvernementales sur les comptes publics laissent deviner un plan de rigueur. A New York, le président français s'est retrouvé pris au piège du vacarme diplomatique qu'il avait lui-même déclenché: les discussions sur le climat ont déçu.
Un plan de rigueur à 15 milliards ?
Le déficit budgétaire de la France s'établira à 130 milliards d'euros en 2009. Selon Eric Woerth, le ministre du Budget, il sera encore de 110 à 115 milliards d'euros l'an prochain. L'information n'est pas nouvelle. Elle est surprenante. François Fillon avait prévenu en début d'année de la dégradation des comptes publics, pour deux raisons : un manque à gagner fiscal de l'ordre de 20 milliards d'euros à cause de la récession, et le "plan de relance" pour une trentaine d'autres milliards. Miracle de la comptabilité publique ou nouvelle tartufferie gouvernementale ? Cette hausse est plutôt inexplicable pour qui se souvient que le gouvernement Sarkozy n'a pas misé sur un plan de relance de la consommation. "On pari sur l'investissement" nous rabâchait-on du coôté de l'Elysée comme de Matignon. Fillon et consorts suivent leur Monarque élyséen depuis près d'un an pour convaincre les Français qu'ils investissent dans l'avenir.
Le réalisme gouvernemental a été de courte durée. Lundi, Eric Woerth a donc confirmé que le déficit budgétaire serait abyssal en 2009 (130 milliards d’euros), mais qu’il se réduirait à 110 ou 115 milliards d’euros en 2010. Par quel miracle ? Le ministre du budget explique, confusément, que la croissance « retrouvée » sera le facteur déterminant de ce redressement :

"La prévision est inférieure en 2010: elle sera autour de 110 ou 115 milliards. On fera mieux l'an prochain pour deux raisons: la première, c'est que nous continuons la relance mais moins, on aide plutôt la sortie de crise, des dépenses s'arrêteront, et puis l'économie ira mieux, donc les recettes fiscales iront mieux"

"Quand on rectifie la prévision de 0,5 à 0,75%, c'est deux à trois milliards de recettes fiscales supplémentaires, donc le déficit de l'Etat sera amélioré l'année prochaine"

Que comprenez-vous ? Woerth prévoit donc de réduire de 15 à 20 milliards d’euros le déficit budgétaire l’an prochain. La prévision de croissance du PIB en 2010 a effectivement été relevée de +0,5 à +0,75% par le gouvernement. Si l’on en croit le ministre, cet ajustement ne compte donc que pour 2 à 3 milliards, dixit le ministre. Conclusion, les dépenses de l’Etat seront réduites de quelques 13 à 17 milliards l’an prochain.
Qui a parlé de rigueur ?
Poste, ou le référendum interdit
La contestation contre le changement de statut de la Poste a repris, un temps mise entre parenthèse lors des vacances estivales. Le gouvernement n’a pas permi d’ouvrir la possibilité de référendum d’initiative populaire et parlementaire rendue théoriquement possible par la réforme constitutionnelle de juillet 2008. Aussi des opposants à cette réforme ont-ils décidé d’organiser leur propre consultation nationale, le 3 octobre prochain, dans tous les bureaux de postes du territoire.
Interrogée sur le sujet mardi 22 septembre, Christine Lagarde a réfuté toute accusation de privatisation de la Poste. Elle argumente que l’Etat va investir 2,7 milliards d’euros supplémentaires dans l’établissement. « Il faut lui donner les moyens d’investir » a-t-elle justifié sur CANAL+. En fait, l'enjeu est plus simple. L'Etat veut éviter de financer directement ce service public, afin de limiter son endettement.
Mardi, la Poste était en grève. La direction annonçait 20% de grévistes, quand les syndicats parlent de 40% de participants.
Climat, l'échec ?
Nicolas Sarkozy joue à plein sa carte médiatique à New York. Il « multiplie » les interventions sur des sujets aussi divers que les négociations Israël/Palestine, la protection du climat ou la régulation financière. Mardi, il s’est ainsi déclaré, avec sa « diplomatie » habituelle, en faveur d’une rencontre internationale des « grandes économies » avant le sommet de Copenhague. « Personne n'aura à choisir entre le chômage et l'environnement » a-t-il expliqué à la tribune de l’ONU.
Un vacarme de plus ? Sans doute. L’explication sarkozyenne sur l’urgence à tenir un sommet est quelque peu forcée : à l’Onu, Sarkozy a invoqué « la complexité de la situation. » De quoi parle-t-il ? L’Europe s’est engagée sur des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en décembre 2008, mais elle n’a pas concrétisé de budget adéquat pour y parvenir quelques mois plus tard. Lors du sommet du G8 de l’Aquila, en juin dernier, les chefs d’Etat présents avaient affiché une belle unanimité pour réduire d'au moins 50% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2050 par rapport à leur niveau de 1990. Encore une fois, aucune mesure concrète, comme par exemple des sanctions, n’avait été décidée. Et le représentant russe avait rapidement critiqué la faisabilité de ces engagements. Retour à la case départ.
En fait, Sarkozy a du mal à masquer l’échec de ces discussions onusiennes à sa propre opinion publique. La Chine, premier pollueur mondial, a pris de timides engagements. Les Etats-Unis sont paralysés par l’agenda national tendu de Barack Obama, où le camp républicain fusille le projet de réforme de santé du président élu. Et l’Europe est mal en point : ses dirigeants ne sont pas mis d’accord sur un point crucial, leur contribution collective au financement des coûts de réduction des gaz à effet de serre produits par les pays en voie de développement. Le 10 septembre dernier, la Commission Européenne leur a transmis un plan sur le sujet, prévoyant un effort annuel oscillant entre 2 et … 15 milliards d’euros.
La "jungle" d'Eric Besson
Autre mise en scène, la destruction des campements de fortune de sans-papiers dans la région de Calais a été organisée avec soin. A 7h30 du matin, quelques dizaines de journalistes de tous médias avaient convié. Dès les premiers heurts, ils furent rapidement « expulsés » à leur tour, et tenus à l’écart de la zone. « Beaucoup de migrants ont été choqués », a rapporté l’une des journalistes présentes sur place. Le ministère a expliqué avoir arrêté 278 migrants. La maire de Calais s’est dite « soulagée ». D'aucuns ont rappelé que cette fermeture brutale ne changerait rien, et qu'elle était une cruelle répétition de la fermeture de Sangatte, en 2002, par le ministre de l'Intérieur de l'époque... Nicolas Sarkozy.
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