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Je suis de la viande à enseignement

Publié le 25 septembre 2009 par Timothée Poisot

Puisque les universités commencent à être gérées de plus en plus comme des boîtes privées, se pose la question de la rentabilité des différentes activités. Comment réduire les coûts, comment être productifs en dépensant moins, dans, par exemple, le domaine de l’enseignement?

On peut difficilement délocaliser, vu que ça coûterait cher de transporter tous les étudiants de L1 en Asie ou en Europe de l’Est pour trouver de la main d’œuvre à bon prix. Il faut donc s’arranger avec ce qu’on a sous la main.

Un rappel : historiquement, quand on enseigne pendant une heure de travaux pratiques, on cumule 2/3 d’une heure de travaux dirigés. Le service annuel d’enseignement est compté en ETD (heures équivalent TD); à titre d’exemple, en tant que moniteur, le mien est de 64h ETD annuelles. Explosé l’année dernière sans que les heures en plus soient payées, cela va sans dire.

Depuis cette année, il a été décidé d’adopter une équivalence : une heure de TP vaut une heure équivalent TD. Mais pas pour tout le monde. Ce statut a été accordé aux « permanents » (maîtres de conférence, profs, etc.), et aux nouveaux moniteurs. Autrement dit, l’ensemble du corps enseignant bénéficie de l’équivalence, à l’exception des moniteurs de deuxième et troisième année.

C’est un scandale pur et simple. A qualité/quantité de travail égale, nous allons devoir travailler plus que les autres pour gagner le même salaire (au final, on est donc payés moins par heure de présence). Renseignements pris, le département d’enseignement a jugé que c’était « comme ça », et que rien ne serait fait pour rétablir un minimum d’égalité dans ce système.

Je suis écœuré par le niveau d’hypocrisie et de cynisme qui a été atteint cette fois. L’année dernière, au moment ou ce même département d’enseignement était en grève totale, pour maintenir la condition des permanents, les doctorants se sont investis (blocage de bâtiments, participation aux coordinations, actions de sensibilisation). Quand les permanents ont demandé que les doctorants s’investissent, il y a eu des actions concrètes de notre part.

Ces mêmes personnes avec lesquelles nous avons tenté de faire avancer les choses l’année dernière, quand on s’attaquait à leurs acquis, nous font aujourd’hui savoir qu’on est priés de faire profil bas et de se mettre au travail, et que oui c’est pas juste mais c’est comme ça, merci de ne plus nous envoyer de mails.

Si j’écris ce billet, c’est pour faire un peu de pub autour du traitement de faveur dont bénéficient les doctorants, avenir de la recherche et de l’enseignement supérieur, mais aussi avoir des échos de la situation dans d’autres universités que Montpellier 2. Les commentaires sont ouverts…


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