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L'inventaire d'Attali ne vaut pas celui de Prévert

Publié le 15 octobre 2007 par Nico2312
Il fut un temps où tout le monde, de gauche comme de droite, louait la remarquable mécanique intellectuelle que représentait la pensée de Jacques Attali. Fort de ce préjugé on ne peut plus favorable, Nicolas Sarkozy, dans sa frénésie d'ouverture, lui a confié la tête d'une commission pour la libération de la croissance française. En découvrant les 28 pages du rapport qu'il vient de lui remettre, le président de la République a du se dire soit que la réputation de l'ex conseiller diplomatique de François Mitterrand est un poil usurpée, soit qu'il aurait mieux fait de préciser sa commande pour éviter de ne recevoir qu'un catalogue de mesures qui vont du "bon sens près de chez vous" à une caricature du libéralisme même pas digne d'un Alain Madelin.
Tout d'abord concernant rien de moins que le pouvoir d'achat et la croissance, Jacques Attali a LA solution : supprimer lois Galland, Royer et Raffarin ce qui "pourrait conduire à une diminution consolidée des prix à la consommation de plusieurs points de pourcentage, à la création de plusieurs centaines de milliers d'emplois dans le secteur du commerce de détail et de l'hôtellerie-restauration, mais aussi dans l'industrie, et à une hausse du PIB de plusieurs dizaines de points de pourcentage". De même, prenant sans doute modèle sur le "travailler plus pour gagner plus" élyséen, il propose l'instauration du "vendre moins cher pour dépenser moins" en "restaurant la liberté tarifaire dans la distribution et le commerce de détail, en levant l'interdiction de revente à perte et instaurant la liberté des négociations commerciales entre distributeurs et fabricants". Comment n'y avait-on passer plus tôt : pas la peine d'augmenter les salaires (sauf bien entendu pour "la France qui se lève tôt" et impose des heures sup à son employeur), quand il suffit de baisser le prix quitte, à vendre à perte et à présurer à mort les producteurs… Mais on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs.
Concernant le logement Jacques Attali, à défaut de foisonner de solutions, surfe sur les lieux communs du type : "construire
500 000 logements nouveaux par an, notamment en densifiant certains espaces urbains
", "mieux protéger le locataire : réduire le dépôt de garantie à un mois de loyer interdire au bailleur d'exiger une caution, raccourcir le délai de préavis que doit donner un locataire", "proposer d'ici dix ans à tous les locataires modestes d'accéder à la propriété à travers des financements adaptés" ou encore "permettre aux personnes âgées bénéficiant du minimum vieillesse de disposer du droit d'usage d'un logement social jusqu'à leur décès". Toutes ses idées sont naturellement louables, reste à savoir comment les mettre en œuvre, parce qu'honnêtement quand en matière de propositions concrètes Jacques Attali ne propose que de "créer une Bourse internet des offres et des demandes dans le logement social", ou de "créer avant 2012 dix Ecopolis, villes d'au moins 50 000 habitants intégrant haute qualité environnementale et nouvelles technologies de communication", on est en droit de se dire que c'est pas gagner…
Quand on pense que Nicolas Sarkozy a promis à Jacques Attali concernant ces propositions "qu'il les étudierait avec soin et qu'elles rentraient pour l'essentiel dans les axes de changement importants auxquels il avait demandé à la commission de réfléchir", on se dit qu'en finalement le président de la République est bel et bien un fin diplomate prêt à toutes les précautions pour ne pas froisser son interlocuteur. Ou alors faute de mieux pour occuper ses futures longues soirées d'hiver (en célibataire ???), peut-être le chef de l'État essayera-t-il de trouver comment mettre réellement en application cet inventaire digne d'un autre Jacques…

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