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Quid de la construction de nouvelles prisons ?

Publié le 16 octobre 2007 par Roman Bernard
Bertrand Cantat est donc libre, après avoir passé quatre ans en prison. Quatre ans. Comparées à la perte d'une vie, ces quatre petites années semblent bien dérisoires. Mais ses défenseurs, qu'il s'agisse de son avocat ou de certains de ses fans qui rêvent de voir "Noir Désir" se reformer, arguent que cela est parfaitement conforme à la loi. Soit. Que la libération conditionnelle étant proposée à tous les détenus ayant prouvé qu'ils s'étaient amendés au cours de leur peine, il n'y a pas de raisons particulières pour qu'une célébrité soit en-dessous des lois. Et que la peine de huit ans prononcée par le tribunal lituanien n'était pas particulièrement clémente, des faits similaires étant jugés de la même façon en France lorsqu'il s'agit d'illustes inconnus. D'accord. Cela prouve, dans ce cas précis, que selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour ne vous rendent pas blanc ou noir, pour reprendre négativement la formule de La Fontaine. On ne peut que s'en réjouir.
Mais ne peut-on pas s'indigner qu'un homme ayant roué de coups une femme et l'ayant laissée pour morte n'ait été condamné qu'à huit ans seulement de prison ? Et que la libération conditionnelle soit sytématiquement proposée aux auteurs de pareils crimes ? Alors que, dans le même temps, un faux-monnayeur sera condamné à une peine de réclusion à perpétuité ? Ne doit-on donc pas prévoir, pour éviter ce type d'incohérence -on doit protéger plus les personnes que les biens, et non l'inverse-, adapter la peine à la gravité réelle du crime, et n'accorder de libération anticipée que dans des cas exceptionnels de rémission, j'ose dire de rédemption?
Mais voilà que lorsqu'on se contente de dire ces choses simples, on nous objecte que, d'abord, la peine ne remplacera jamais la victime. Ce n'est pas une raison pour épargner le criminel. Que la prison n'est en rien dissuasive, pas plus que ne l'est la peine capitale dans les pays où elle est encore en vigueur. Toujours pas une raison pour que le criminel ne répare pas sa peine par une privation de liberté.
Que la peine ne rendra pas le détenu meilleur, et qu'en raison des conditions de détention, il risque fort d'être sujet à la récidive à sa sortie de prison. Et que, de surcroît, si l'on ne libérait pas de façon anticipée les détenus, les prisons seraient encore plus surpeuplées qu'elles ne le sont aujourd'hui, au point de devenir de véritables poudrières. Mais que ne propose-t-on, en conséquence, de construire de nouvelles prisons, où les détenus pourraient vivre dans des conditions d'hygiène, de décence et de dignité acceptables ? Des prisons qui pourraient être construites par les détenus actuels, car si la prison peut servir à quelque chose, c'est aussi à prouver par le travail que le détenu peut avoir une utilité sociale.
Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. On m'a objecté, récemment, que le budget de l'État est suffisamment obéré comme cela. Et c'est pourquoi ce même État doit définir ses priorités. À savoir que tout crime doit être réparé, ce qui est le but premier de la Justice. Que pour que celle-ci soit crédible, il faut que les peines, sauf exceptions , soient purgées dans leur intégralité. Quelle est la valeur d'un jugement lorsqu'il est amputé de moitié ? En quoi la société est-elle protégée des criminels lorsque ceux-ci peuvent se retrouver dan la nature après des durées de détention dérisoires ? La construction de prisons, seule capable d'enfermer tous ceux qui doivent l'être, doit devenir une priorité du gouvernement, et donc du budget. De tout cela, j'aurais aimé que l'on parle davantage. Ce qui n'a pas été fait une seule fois lors de l'émission Mots croisés d'Yves Calvi, hier sur France 2.C'est dommage.
Roman B.

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