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Mémoires courtes et vestes réversibles

Publié le 29 septembre 2009 par Pascal Boutreau

01d_03 Adieu Fontainebleau. Dommage car ces quatre jours passés en terre bellifontaine pour les Championnats d'Europe de concours complet ont été dans l'ensemble très agréables. Un bel événement bien organisé. Du grand soleil, du grand sport et une grosse ambiance avec de 60 000 spectateurs sur les quatre jours dont 40 000 le samedi pour toujours très spectaculaire cross. L'ovation reçue par Jean Teulère, notre champion du monde 2002, à son entrée sur le gué, rappelait celle qu'un Tiger Woods peut recevoir à l'entrée du green d'un 18e trou de Masters de golf. Juste énorme.

Côté sportif, derrière les Anglais intouchables (8e titre par équipes d'affilée), on espérait beaucoup des Français. Euh, là, c'est raté. Nicolas Touzaint qui passe à côté d'un obstacle samedi sur le cross, le cheval de Jean Teulère qui, blessé, ne se présente pas à la visite vétérinaire du dimanche, et adieu le classement par équipes... Didier Dhennin eut beau se démener avec sa jument Ismène du Temple pour le classement individuel, il ne put faire mieux que 5e et la France boucle donc ces "Europe", sans la moindre médaille. Et comme toujours dans ces cas-là, les vautours rappliquent. Et là, ça me gave !!!

Tempete
Que l'on pose des questions, que l'on tente d'analyser l'échec, c'est légitime. Mais que l'on crache à la tronche de ceux qu'on a encensés des années durant, ça non ! Comme je l'ai écrit dans L'Equipe de ce lundi : "les mémoires sont courtes et les vestes réversibles". Même si le sélectionneur national Thierry Touzaint est quelqu'un que j'apprécie (sans doute pour son côté ours que je partage), je pense rester assez lucide pour ne pas me transformer en avocat. D'ailleurs ce serait con car il n'en a pas besoin. Mais tous ces gens qui il y a quelques mois encore vantaient ses mérites et qui aujourd'hui retournent leur veste, ça m'écoeure. Les mêmes seraient d'ailleurs venus parader auprès de Thierry si les choses avaient mieux tourné. Mais voilà, tout ça s'appelle du sport et l'on ne gagne pas à tous les coups. Une seconde d'inattention et tout bascule. Il est vain bien sûr de vouloir réécrire l'histoire, mais si Nico ne fait pas sa boulette, la France termine sans doute en argent et Nico conserve peut-être son titre. Et là, tout le monde crierait au génie.

Et puis un autre truc qui m'a énervé : les reproches fait par certains aux membres de l'équipe de France, Nicolas Touzaint notamment, "accusés" de ne pas être venus causer aux médias. C'est bizarre, mais il y a des déclarations de Nicolas dans L'Equipe mais aussi dans Ouest-France de dimanche où il s'explique sur sa boulette. Evidemment si mon collègue Guy Fichet et moi étions restés le cul sur notre chaise en salle de presse à attendre qu'on nous l'amène, nous aurions aussi été bredouilles. Mais voilà, Guy a un peu de bouteille et n'a pas couvert que des événements de dada et sait lui aussi que ce métier, surtout quand ça part en sucette au niveau des résultats, n'est pas aussi simple que certains voudraient qu'il le soit. Une fois encore, les sportifs, quelles que soient les disciplines, ne sont pas à notre service ! ça énerve toujours surtout qu'on en voit par exemple les Allemands ou Britanniques toujours venir s'expliquer en toutes circonstances, mais c'est dans leur culture et éducation. Ce n'est pas le cas en France mais c'est aussi à nous de nous adapter. Et puis pour terminer sur ce sujet, à ce que je sache, libre au sportif ou à l'entraîneur de parler à qui il veut car comme disait Audiard : "je ne parle pas aux cons, ça les instruit! "

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Dans la série des papiers d'ouverture vers des courses que L'Equipe ne traitait pas jusqu'à présent, voici le Spartathlon. Une course mythique pour tous les spécialistes d'ultra. Une course qui se mérite aussi comme vous le lirez dans le recyclage du papier paru vendredi dernier. L'idée de ces papiers n'est d'ailleurs pas d'informer les gens de ce milieu mais d'essayer de vulgariser au maximum, sans trop entrer dans les détails, juste histoire de faire découvrir ces disciplines à nos lecteurs qui ne soupçonnent même pas que ça puisse exister. Les spécialistes ont leurs magazines préférés (Ultrafondus notamment) pour y trouver leur compte. Au passage, bravo à John (le toubib dont je parle ci-dessous) que j'avais rencontré au printemps sur le Marathon des Sables et qui pour sa première participation est l'un des 133 finishers (100e en 35h0'30'') sur 320 partants (la victoire est revenue à un Japonais en 23h48 ; le premier des 13 Français à l'arrivée, Jean Agosta, est 23e en 29h28).

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Vraiment spartiate

Courir 246 kilomètres en moins de 36 heures entre Athènes et Sparte, tel est le challenge proposé par le Spartathlon.

Ce matin, au pied de l’Acropole d’Athènes, 345 coureurs retenus selon des critères draconiens (voir par ailleurs) n’auront qu’un seul but : aller embrasser les pieds de la statue du roi Leonidas à l’entrée du stade de Sparte, avant demain 19 heures précises. Pas de ligne d’arrivée à couper pour arrêter le chrono, juste ce protocole pour recevoir la couronne de lauriers et une coupe d’eau fraîche. Depuis 1983, les adeptes de la course extrême se retrouvent ainsi le dernier vendredi de septembre pour participer à une course "mythique".

Sur les traces de Phiddipidès.- L’itinéraire du Spartathlon suit la trace du Phiddipidès, soldat grec envoyé à Sparte pour réclamer de l’aide dans la bataille livrée aux Perses sur le site de Marathon, en 490 avant Jésus-Christ. Le tracé de la course se base sur la description de l’historien grec Hérodote. Selon ses écrits, le soldat arriva un jour et demi après son départ (d’où la limite de la course fixée à 36 heures). Malgré le refus de Sparte d’envoyer des troupes, les Grecs remportèrent la bataille. Pour certains historiens, Phiddipidès fut cette fois chargé de courir annoncer la bonne nouvelle à Athènes, distant d’une quarantaine de kilomètres (Hérodote attribue cette mission à Euclès et non à Phiddipidès). Le marathon (fixé à 42,195km seulement depuis 1921 selon le parcours des Jeux olympiques de Londres en 1908) est l’interprétation de cette légende.

Vomir pour tenir.- Pour son unique participation, en 1996, Roland Vuillemenot, champion du monde 1990 du 100km (son record sur "100 bornes" est de 6h30), s’était imposé en 26h21’. Aujourd’hui âgé de 63 ans, il raconte son exploit : "J’étais parti prudemment car je me souvenais d’une expérience douloureuse sur le Tour de Tasmanie (720km par étapes) où nous avions explosé en partant sur un rythme de 100km. Au 90ekm, j’étais à peu près dixième, je me suis précipité sur mon ravitaillement personnel. Cinq kilomètres plus loin, j’étais plié en deux à cause d’un mal de ventre. Je me suis dit qu’en marchant vite je pourrai peut-être finir dans les délais. Et puis un Japonais m’a doublé et s’est arrêté juste devant moi. Il s’est fait vomir. Ça m’a donné des idées et ensuite j’étais dans une sorte d’euphorie. Je suis revenu sur le premier. A chaque ravitaillement on s’arrêtait deux minutes, assis côte à côte sur une chaise pour récupérer et quand l’un de nous deux disait "Go!", on se levait repartait ensemble. Jusqu’à un ravito où j’ai dit "Go!" après moins d’une minute. Il a été surpris et ne m’a pas suivi."

Le toubib se teste.- John Cochet en rêvait depuis des années. Médecin généraliste de 34 ans, il sera aujourd’hui au départ. "C’est une course mythique, un défi personnel aussi, explique John, Lyonnais venu à la course à pied seulement en 2004 avec un premier marathon en 4h50. Toute mon année a été planifiée pour cette épreuve avec le Marathon des Sables en mars puis les 100km de Belvès trois semaines après qui m’ont permis de me qualifier avec un temps de 10h26’. J’ai ensuite couru l’ultra 6000D en 18 heures en sortie longue avec le but d’arriver relativement "frais"." Devenu spécialiste de l’ultra avec à son CV de nombreux raids comme la Diagonale des Fous à La Réunion (150km, 9200m de dénivelé positif) en 37 heures ou l’Ultra Trail du Mont-Blanc (166km, 9400m de D+) en 37h57’, le toubib qui ne s’entraîne que trois fois par semaine devra ensuite essayer de trouver d’autres défis. "Après, il n’y a plus grand-chose, lâche-t-il. Peut-être la Badwater aux Etats-Unis (traversée de la Vallée de la mort soit 217 km et 3000m de D+ dans des températures infernales et en moins de 60 heures). Le Spartathlon sera un bon test."

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En chiffres

346. Le nombre de partants Parmi eux, 34 femmes. Avec 34 concurrents, la France est la troisième nation la plus représentée derrière les Japonais (72) et les Allemands (40). Depuis le début de l’épreuve en 1983, la France compte 94 finishers soit le deuxième total derrière les Japonais (174) mais devant les Allemands (85).

3. Les Français vainqueurs du Spartathlon. Anne-Marie Deguilhem, en 1990, Anny Monot, en 1999 et Roland Vuillemenot en 1996 ont triomphé. Jean-Jacques Moros, en 2005 et Jean-Pierre Guyomarc’h en 1999 ont pris la deuxième place tout comme Brigitte Bec en 2007.

20h25’. C’est le record de l’épreuve établi en 1984, par le Grec Yannis Kouros le bien nommé. Cela équivaut à une moyenne de 12 km/h. La moyenne nécessaire pour terminer dans les temps est d’environ 7km/h.

0. La somme remportée par le vainqueur. Pour perpétuer l’esprit "culturel" de la course, aucune prime n’est distribuée. L’engagement est de 150 euros, un montant relativement faible.

10h30. Le temps limite sur un 100km pour pouvoir prétendre à un dossard sur le Spartathlon. Les finishers des précédentes éditions, ceux qui ont atteint le km 172 en moins de 24h30, ou les coureurs ayant terminé une course de 200km sont aussi "admissibles".

75. Le nombre de points de contrôle avec pour chacun des barrières horaires à ne pas dépasser sous peine d’élimination. Les coureurs doivent par exemple atteindre le 81e kilomètre, au niveau du détroit de Corinthe avant 9h30 de course.

60. Le pourcentage moyen d’abandons. L’an dernier, 157 coureurs ont réussi sur 307 partants. La plus grosse hécatombe eut lieu en 1999 avec seulement 51 "vainqueurs" sur 208 inscrits (24%).

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En vrac

. En squash, les Championnats du monde féminins n'ont pas engendré d'exploits tricolores. Le tirage au sort n'avait pas été clément non plus puisque nos deux Tricolores Camille Serme et Isabelle Stoehr s'affrontaient dès le premier tour. L'avantage est revenu à la jeunette Camille désormais entrée dans le top 20 mondial. Manque de bol, elle affrontait au tour suivant la Malaisienne Nicol David, n°1 mondiale et une fois de plus gagnante finale.

A suivre cette semaine les Mondiaux par équipes disputés au Danemark. Les Bleus avec Greg Gaultier (n°2 mondial), Thierry Lincou, Renan Lavigne et Julien Balbo tenteront d'aller chercher ce titre après lequel ils courent depuis si longtemps. Les Anglais, comme d'hab, et les Egyptiens, seront leurs principaux adversaires dans cette compétition où le format (trois matches seulement par rencontre contre quatre pour les "Europe") avantage plutôt les Tricolores qui ne disposent pas de n°3 et 4 du même niveau que les British et les Egyptiens.

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Repos
Voilà c'est fait. La décision est prise. J'irai à Barcelone... en touriste. Pas de vélo à trimbaler, pas de combi, bref des vraies vacances. Le dernier week-end passé à marcher et/ou piétiner dans les sous bois de Fontainebleau ont fini de me convaincre qu'il était vain d'espérer courir un Ironman. Dès que je reste une demi-heure debout, ça devient un calvaire dans le bas du dos et désormais dans la fesse. Une bonne vieille sciatique des familles ! On oublie donc Barcelone. Sans regret. J'aurais pu certes faire juste la natation et le vélo. Mais à quoi bon ? Le parcours vélo aurait été semblable à celui de Nice avec visite dans l'arrière pays, je ne dis pas. Mais là, enchaîner les lignes droites de trente bornes, l'intérêt est limité. Et puis d'un côté pratique, ça m'évitera de louer une voiture pour me rendre sur le site de la course distant tout de même de 60 bornes de Barcelone.

L'idée est maintenant de passer au garage et de faire toutes les réparations nécessaires. Ce serait pas mal aussi que je profite des mois à venir pour renforcer toute la musculature dorsale (sans oublier de travailler la souplesse) et, soyons fous, de perdre quelques kilos. Bon, tout ça, ce sont les bonnes intentions... Reste désormais à les mettre en application...


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