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(co)bras - donneurs. [2ème partie]

Publié le 30 septembre 2009 par Collectifnrv
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II - "Non : il n'y a pas injure".

1) On peut également envisager la question sur un autre angle : celui de l'offense, disons, l'outrage "moral". Songeons à ce qui paraît - pour le commun des mortels, si je puis dire - pour le vulgum pecus, constituer de "vraies" injures : "fils de pute", "enculé de ta mère", "gros vicelard baveux", "suce-boules de droite". Ce qui est ressenti comme un propos "injurieux", c'est la conjonction de termes avilissants ou dégradants, et qui peuvent (ou non) entacher un "thème affectif" ("noble", "chéri"), selon les moeurs en cours. Si on prend l' "enculé de ta mère" - l'expression "enculé de ta mère", bien entendu -, c'est l'adjonction du terme "enculé" avec la "mère" qui offense, car selon les moeurs du moment - on ne sait jamais trop pourquoi - la pratique de la sodomie est ressentie comme dégradante, et on se doute que la personne visée a une tendresse pour sa génitrice. L'expression pourrait vouloir dire ici que l'offensé aurait été enfanté par voie rectale - ce qui peut aussi expliquer la vive réaction de protestation -, bien que biologiquement (donc dans les faits, et rationnellement) c'est impossible.

Ce long détour explicatif, aux apparences de digression saugrenue, va peut-être nous permettre de voir un peu plus clair sur la métaphore "coma professionnel".

On devine ici que ce que nous avons appelons "thème affectif", c'est le travail : la compétence professionnelle. Ce qui offense donc le plaignant, c'est l'adjonction du terme "coma". Mais, si on suit les exemples plus haut de "vraie injure", on aura retenu "l'adjonction de termes" aux connotations "avilissantes ou dégradantes, selon les moeurs en cours". Et, on veut insister ici sur la dernière partie de cette phrase : "les moeurs en cours". Or, je ne sache pas qu'il en ait (à moins d'être une belle ordure) qui tienne une personne dans le coma - dans sa famille ou non -, comme une désignation "avilissante ou dégradante". C'est généralement un état qu'on déplore tout au plus, sans jugement... "moral".

Ainsi, il me paraît clair, et sans aucune ambiguïté, qu'on ne peut pas arrêter de motif d' "injure" (ou alors de façon fallacieuse) concernant l'expression "coma professionnel", mais tout au plus, y voir une connotation dépréciative (comme pour le terme "inénarrable") des compétences professionnelles du plaignant, suggérant des capacités intellectuelles relativement réduites entraînant un manquement manifeste à certains devoirs de la fonction qui lui a été assignée, et une mise en doute de sa probité professionnelle.

2)- Conséquences de I- 2) et II- 1) : pourquoi les instances de décision juridiques devraient même invalider le motif d' "injure" ?

a) La personne se sent donc offensée parce que l'expression ("outrageante", "termes de mépris" ou "invective") "ne renferme l'imputation d'aucun fait" ?

Mais, comme elle vient de se déclarer ouvertement coupable, l'offense se lève d'elle-même ! En gros, l'offensé vient de dire : "Je suis une crapule, et il m'offense en m'adjoignant l'expression 'coma professionnel avancé'". Si 'injure' il y a, où est-elle ? Elle serait alors de l'ordre de : "Il n'y a pas de 'coma professionnel'". Soit. Mais, alors ? Nous avons un cas de... "lucidité professionnelle", donc de "crapulerie" : "Oui, j'entrave la bonne marche de la Justice (la procédure judiciaire) en empêchant sciemment l'accès à des dossiers" !!! Donc, si le magistrat se défend en avouant (très involontairement) qu'elle est une "crapule", en opposant une règle de droit (son domaine de compétences, rappelons-le) - l'injure publique - alors, on peut effectivement affirmer - sans l'injurier - qu'il est "évident qu'il est dans un état de coma professionnel avancé" !!!

On vient alors de trouver (sa plainte l'atteste) un type qui avoue - très involontairement, on en convient - être complice d'affaires louches (procès Colonna) - restant à identifier les auteurs principaux - et dont le journaliste révèle (avec l'appui du rapport Bréard) des irrégularités dans une procédure, dont il (le magistrat, le plaignant) a la charge, et ironise sur sa compétence : l'expression "coma professionnel avancé".

Maintenant, de ce qui est avéré (la culpabilité, involontairement avouée), et d'une expression dépréciative sur les capacités intellectuelles du plaignant, et non injure (puisque on ne peut pas trouver trace de mépris avec connotation morale dans la formulation), quelle est la faute la plus grave ? Et, par voie de conséquence : où est "l'injustice" ? le "traitement injuste" ? Se peut-il que le magistrat soit compromis dans d'autres affaires ? Nous laisserons ces questions en suspens...

b) Donc, pour bien résumer la situation : soit le Tribunal Correctionnel condamne le journaliste pour "injure publique". Cela reviendrait, pour la mystification juridique, à prendre par contre-coup ouvertement la défense d'un magistrat véreux ! qui plus est, toujours en exercice ! Bien sûr, on peut toujours finasser, puisque juridiquement, condamner un prévenu n'est pas donner raison ni prendre la défense du plaignant, c'est "défendre les intérêts de la société".

Bref, rien qu'à partir de là, on peut très sérieusement douter des capacités intellectuelles de cette éminente personne, à la probité déjà fortement suspecte, et qui exerce une très haute fonction dans l'Etat.

Ou alors, le rejet de la demande du plaignant est prononcé. Cela validerait alors pleinement la qualification, du coup, tout à fait justifiée de "coma professionnel", puisque après "une mûre réflexion", pour se défendre en déposant une plainte (on n'ose croire que la démarche découle d'un "coup de tête", car ça aggraverait encore le cas), le plaignant se fait débouter, alors que le Droit est son domaine de compétences, j'allais dire ! non... d'incompétences ! Par cet arrêt, on aurait une preuve supplémentaire "des capacités intellectuelles relativement réduites" (dont on peut redouter les répercussions sur le travail) du magistrat !

Bien sûr, on serait naïf d'attendre une décision tranchée. Comme on les voit mal accabler un de leurs confrères, on imagine que les magistrats de la 17e Chambre du Tribunal Correctionnel de Paris trouveront une solution intermédiaire (ni-ni), histoire d'accorder une victoire symbolique au notable ; bien qu'on se demande encore comment ! Et surtout que, a priori, on n'en voit pas bien la raison, puisque dans les deux cas, le magistrat Marc Bourragué est coupable (euh, "moralement" s'entend ; ne pouvant pas nous prononcer sur le plan "juridique") !!!

Par ce long développement, qui ignore volontairement (outrageusement ?) toutes les "subtilités techniques" du Droit, et du fait de ces erreurs de raisonnement élémentaire - autant logiques que stratégique -, on consent toutefois à concéder un point au sujet de la plainte : dans la formulation imagée, on peut trouver qu'il y a un "traitement injuste" envers la personne dans la dépréciation - et non injure - au regard des compétences du magistrat : "injuste" parce que toutes les formules métaphoriques seront toujours en deçà des termes de mépris qu'inspire cet "inénarrable" individu !

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par Albin Didon

[vifs remerciements à Lord pour un paquet de détails "techniques"]


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