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Changement et pensée chinoise

Publié le 30 septembre 2009 par Christophefaurie

Correspondances entre l’ancienne pensée chinoise et mes réflexions du moment :

  • J’écrivais dans un livre que ce qui cause les échecs du changement est que l’intuition du dirigeant est trompée par la complexité de l’organisation (implicitement il la croit « hiérarchique », « linéaire »). Pour faire bouger une organisation sans s’épuiser, il faut beaucoup s'entraîner pour que prendre des décisions efficaces devienne une seconde nature. C’est probablement la même chose pour le navigateur qui joue avec les dépressions pour aller le plus vite possible. Beaucoup de choses me paraissent « évidentes » alors qu’elles ne le sont pas à d’autres. Par contre, je me demande s’il ne faut pas désapprendre pour réapprendre. Il y a une foule de techniques qui allaient de soi dans ma jeunesse, que j’ai oubliées. Le fait de les expliquer a gommé mes réflexes. Et il faut que j’apprenne ce que je savais.
  • Le Confucianisme insiste pour donner à chacun sa place. Je crois que dans une entreprise un peu grande, ce qui fait le dysfonctionnement est que chacun n’est pas où il devrait être. Une fois que tous sont à « leur » place, l’organisation fonctionne, elle devient « intelligente » : non seulement elle résout ce qui jusque-là la bloquait de manière franchement irritante, mais elle va infiniment au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer, je suis devenu inutile. En quelque sorte, il y a une disposition des membres de l’entreprise et de la définition de leur fonction, qui représentent une forme d’optimalité : les dysfonctionnements disparaissent et l’ensemble se met à savoir résoudre « naturellement » les aléas qu’il rencontre ( à les utiliser pour se « réinventer » ?). D’après Confucius quand l’édifice est bien en place, il est indestructible, et son « souverain » le fait évoluer sans effort (non agir).
  • Chaque chose doit avoir son nom, insiste Confucius, qui déclenche l’action adaptée. Ce n’est pas très clair pour moi. Cependant, j’opère une sorte de classification des gens et de ce à quoi ils me semblent exceptionnellement bons. Il me faut peu de temps pour attribuer un talent particulier à quelqu’un, et en parler de manière convaincue. Généralement mes recommandations sont bonnes : les gens ont l’effet que j’avais prévu, ou, plus exactement, sont adaptés à la tâche pour laquelle ils me semblaient faits. Il y a des exceptions, mais, souvent, une modification mineure de posologie permet de corriger de manière satisfaisante la prescription.
  • Et l’abandon de l’égo ? Vouloir transformer une organisation c’est « vouloir » quelque chose. Mais, au fond, ce que je veux c’est que l’organisation devienne ce qu’il me semble qu’elle mérite de devenir, qu’elle se « réalise » comme dit Maslow. Peut-être que c’est un genre d’abandon d’égo ? C’est faire passer l’organisation avant soi ? Et si l’égo, la volonté bornée, irrationnelle, de domination, était l’énergie nécessaire au mécanisme d’apprentissage, qui est aveugle ? Il faut se battre contre les événements pour en intérioriser les règles ? Mais une fois que l’on a appris, il n’y a plus besoin d’égo ? Je dois avoir 0 en Taoïsme.

J’ai tout de même un différend avec ce que j’ai compris de Confucius. L’optimum confucianiste repose sur une hypothèse qui n’est peut-être pas juste. Cette hypothèse est que l’homme partage avec la nature un principe qui lui permet de « non agir » sur elle. Il me semble que ceci n’est vrai qu’approximativement :

  1. l’homme sera toujours dépassé par la complexité du monde, il ne pourra jamais qu’absorber une sous-partie de ses règles ;
  2. il existe des moments de « chaos », où rien ne va plus et où les règles qui lui étaient une seconde nature ont dépassé leur date de péremption.

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