Dans mon précédent post, j'avais évoqué une expérience marseillaise de dépistage de la grippe basée sur une combinaison tests rapides + RT-PCR. Cette étude, plutôt bien menée, a permis d'évaluer les performances diagnostiques de la combinaison (ou accuracy en anglais, nouveau terme consacré par la littérature bio-médicale à ce sujet, si ça vous intéresse contactez KW, c'est lui le spécialiste) mais aussi de tester l'intérêt d'une organisation délocalisée. Elle a, comme il se doit, été publiée dans une revue à comité de lecture (PLOS).
En général, ce genre d'étude est discutée dans le Landerneau feutré des experts, parfois dans les couloirs d'un congrès ou, si ça vaut le coup, dans les staffs studieux de (certains) services de CHU. D'autres études viennent la compléter, la confirmer ou même l'infirmer ! C'est la routine scientifique. Mais cette fois-ci, ce n'est pas l'intérêt scientifique de l'étude qui a fait parler d'elle c'est plutôt son côté mercantile. Et ce n'est pas un obscur journal de microbiologie qui le relève mais le Canard Enchaîné ! Une complète nouveauté.
Les détails sont ensuite donnés par un article de la Provence : les premiers patients pris en charge par la nouvelle organisation ont été surpris par le prix des tests (283 euros, non remboursés). L'Hôpital marseillais arrête tout de suite l'expérience. Contacté par le journal, l'un des auteurs de l'article aurait déclaré :
"Je ne me suis pas rendu compte de l’importance de cette somme (283 euros). Et la secrétaire, au lieu de me dire "attention c’est trop cher", ne m’a rien dit".
Donc, si j'ai bien compris, pour mettre en place un nouveau test diagnostic, on réalise une étude sur 1000 patients, on s'entoure de toutes les précautions méthodologiques, on rédige un article, on essaie de le faire passer dans une revue. Une fois l'article publié, on laisse le soin aux secrétaires médicales de réaliser l'étude médico-économique afin de savoir si ce nouveau test est compatible avec les exigences du terrain.
Conclusion 1 : les secrétaires médicales devraient suivre un master spécialisé à Sciences Po,
Conclusion 2 : les articles c'est bien beau, mais comme le dit souvent KW, il faut être très prudent quant à leur utilité sur le terrain et ne pas oublier l'aspect financier,
Conclusion 3 : j'ai l'impression que les tests rapides ne seront pas remboursés de sitôt car les vaccins ont fait un trou dans le budget...
GdM
(va discuter avec les secrétaires)