Me méfiant de la côte marocaine,
prolongée par un plateau continental peu profond où les flux d’ouest peuvent
générer une mer dangereuse qui drosse l’imprudent à la côte, je n’avais
initialement pas prévu d’y faire escale. Nous avons changé d’avis autant à
cause de conditions météo très stables que de discussions de pontons vantant
Rabat ainsi que le confort et le prix modique de sa toute nouvelle Marina.
Telle une traversée Hyères Calvi, il n’y a que 120 Milles entre Tanger et Rabat.
Ejectés virilement du détroit par un Levante d’une trentaine de nœuds que le
speedo célèbre en affichant une vitesse à deux chiffres pendant les premières
heures, ça se tasse malheureusement très vite et le moteur prend le relai avant
la nuit. Courte tentative pour exploiter un très léger SE, puis à nouveau,
Mr Volvo reprend son chant monotone pendant qu’une brume épaisse et dangereuse
s’installe. Je mets un certain temps à me souvenir que j’ai un radar et enfin,
l’air revient timidement pour les dernières heures. Globalement, cette nav ne
restera pas dans les annales. Seul une sorte de pinson local, manifestement peu
taillé pour le vol océanique, est venu agrémenter mon quart du matin. Il s’est
posé approximativement sur le pont, extenué et incapable d’en repartir.
Refusant le petit-dej que je lui propose, il se laisse pourtant caresser avant
de reprendre son envol deux heures après.
Rabat est effectivement une plaisante et comfortable escale, en particulier depuis que la Marina Bouregreg est



Thao et Ewen se plaisent beaucoup ici, sillonnent les quais comme des fusées, à fonds sur leur vélo. Nous avons dû en acheter un autre à Ceuta car, depuis que Ewen a abandonné la trottinette pour s’intéresser au vélo, une guerre de

A propos d’avenir, si les Canaries ne m’excitent pas plus que cela, les échanges entre marins qui s’intensifient à chaque escale, focalisent plutôt mon attention sur le Sénégal / Gambie et au-delà encore, sur les îles Bijagos, un peu plus au sud, devant la Guinée Bissau. Là-bas, il n’y a franchement plus personne et ça devient vraiment l’aventure à seulement 200 milles de Dakar; peu de documentation vraiment précise et fiable, des conditions de navigation pas simples, rien ni personne en cas de pépin bateau ou santé majeur. J’ai commandé le peu qui existe. Le hasard des rencontres au cours de cette longue descente m’en apprendra plus.