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Sauvons les drops !

Publié le 03 octobre 2009 par Ansolo

Depuis quelques temps, on voit fleurir les articles, débats et autres éditos sur l'augmentation du nombre des drops tentés et, surtout, réussis dans le Top14. Et qui s'interrogent sur le caractère nocif de ce phénomène. Dans l'émission de Canal+ "Les spécialistes", cette semaine, un des thèmes de discussion portait précisément sur la question, thème intitulé : "Le drop, poison du top14 ?".

On ne reviendra pas sur les motifs qui peuvent expliquer cette montée en flèche des coups de pieds tombés : défenses plus serrées, obligeant les attaquants à choisir cette voie pour concrétiser une action offensive, présence plus massive de joueurs anglo-saxons, qui savent utiliser cette arme, professionnalisation des Français, qui travaillent davantage ce geste à l'entrainement...

Ce qui interpelle, comme on dit, c'est qu'on puisse trouver quelques belles âmes pour critiquer le drop goal. Evidemment, c'est moins spectaculaire qu'un essai. Mais on rétorquera qu'une cocotte qui s'écroule dans l'en-but ne représente pas forcément l'exemple le plus achevé de spectacle. De surcroît, le drop est un art difficile. Tout ceux qui ont pratiqué ce sport savent que réussir un coup de pied tombé requiert des qualités d'équilibre, de coordination (le ballon est ovale...) et de précision qui ne sont pas données à tout le monde. Sans parler des conditions dans lesquelles il convient de "préparer" le drop : pour mettre le botteur dans de bonnes conditions, l'équipe doit assurer un travail de progression dans l'axe et de fixation des défenseurs qui n'est pas évident, sans parler des défenses qui partent à la limite du hors-jeu pour tenter de contrer le coup de pied.

Enfin, et surtout, le drop fait partie intégrante du rugby. Si on osait, on dirait même qu'il est l'essence du rugby. Qu'on n'oublie pas les origines de ce sport. Et il suffit d'observer tous ses cousins éloignés (australian rules, football gaëlique...) pour constater combien l'action de drop est consubstancielle au jeux ovales.

Autant la controverse sur les pénalités parait justifiée (après tout, pourquoi accorder autant de points à une "action" qui représente le degré zéro du jeu), autant celle sur le drop peut sembler déplacée. Retirer le drop au rugby à quinze constituerait une regrettable reculade, pour ne pas dire un renoncement à ce qui fait, parmi d'autres caractéristiques, la spécificité de ce sport.

Que le Top14 voit fleurir les drop-goal n'est pas vraiment inquiétant en tant que tel. Il faut plutôt se réjouir de constater que les joueurs Français sont plus à l'aise avec lui qu'il y a encore quelques années. Il faut plutôt se poser la question de savoir pourquoi les défenses parviennent autant à prendre le pas sur les attaques, obligeant les attaquants à tenter le drop plutôt que de chercher à marquer un essai. Au passage, on constate que les changements de règles n'ont finalement rien réglé.

Aussi, ne hurlons pas avec ceux qui vitupèrent le drop. Et si, d'aventure, un ouvreur tricolore venait à donner, sur un drop, la victoire à son équipe en finale de Coupe du Monde, on ne pourra que se réjouir d'avoir vu ce geste technique se développer dans notre championnat...


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