Magazine

Intérêt, usure et monnaie

Publié le 04 octobre 2009 par Rhubarbare

En 2006 Julien Pelissier, Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, écrivait un article fouillé et visionnaire intitulé "L’interdiction de l’intérêt résout-elle les contradictions du libéralisme économique ?", que l'on peut consulter ici. 


Je vous cite le début de sa conclusion:

Il est nécessaire de comprendre que le système financier international actuel n’est plus viable et que nous vivons la phase terminale du cycle économique issu des années 1930. Toutefois, avec la globalisation financière et l’interdépendance accrue des acteurs, la crise financière se profilant risque d’être énormément plus grave que celle de 1929. Il est un devoir de réfléchir à pallier aux carences du système monétaire, pas seulement à l’aide de mesures de maquillages comptables ou réglementaires.

Le système usuraire n’est pas l’apanage du libéralisme comme il n’est pas lié au système démocratique. En revanche, il est une caractéristique essentielle du capitalisme car c’est lui qui permet la formation de grandes fortunes, grâce à l’accumulation rentière. L’usure introduit donc un biais sur le marché du financement en contradiction manifeste du dogme libéral. Nous pensons donc que l’interdiction de l’intérêt contribuerait grandement à résoudre les contradictions du libéralisme économique. Mais quel système financier promouvoir à la place ?

 .......

En dehors d'un crash définitif ou d'une révolution à grande échelle, je vois mal comment espérer autre chose que des  "mesures de maquillages comptables ou réglementaires" comme nous en avons vues depuis un an. Mais cela n'empêche pas de réfléchir à des solutions plus pratiques, existant an parallèle avec le système actuel, et contribuant à réduire la nocivité de ce dernier. Nocivité du point de vue de l'économie réelle bien sur, pas du point de vue des banquiers et de l'économie financière.

François Plassard, par exemple, propose en parallèle avec la monnaie officielle deux autres niveaux monétaires:

La monnaie "sociale", gagée sur la véritable richesse socialement et écologiquement utile produite sur un vaste territoire ou les convergences (sociales, culturelles, fiscales) l'emportent sur les différences. Pour F. Plassard, cette monnaie pourrait être une monnaie redistributive, non cumulable d'année en année, non cessible à un tiers, rendant effectif par exemple le concept de "revenue d'existence" attribuable à chacun contre une participation à sa mesure à l'effort de production de richesses réelles socialement utiles.

La monnaie "fraternité", qui existe déjà au travers des SEL (Systèmes d'Echanges Locaux), présents en France et dans le monde depuis plus de douze ans. C'est une monnaie sans intérêt, créée à partir de l'échange - ce qui la rend aussi abondante que la capacité du réseau à développer ses activités.  

Pour Patrick Viveret, toute l'histoire de la monnaie peut se lire comme un conflit en l'échange et la domination.

"Tous les systèmes d’échange qui ont été inventés ou réinventés au cours de ces dernières années ont pour point commun de recréer de l’échange de proximité là où la monnaie officielle ne remplit plus cette fonction. "

On en revient, fondamentalement, au concept de monnaie locale, dont 2500 exemples sont répertoriés par Complementary Currency à travers le monde. Une monnaie sans intérêt, non convertible (ou à perte), associée à un territoire spécifique (ou un milieu spécifique), émise par une "banque locale" et dont la masse correspond  aux besoins de l'économie locale. 

Vaste et fascinant chantier. A suivre...

Compteur pour blog gratuit


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rhubarbare 760 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog