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Absentéisme et capitalisme pour les nuls

Publié le 05 octobre 2009 par H16

C’est maintenant officiel. Entre la réélection de Dassault (ou de son sous-fifre Bechter) dans un mouchoir de poche, et les expérimentations consternantes de rémunération des classes collégiennes en fonction de l’absentéisme, il n’y a plus de doute : Demaerd Corp. a bel et bien pris possession de la France et lance son offensive marketing tous azimuts. La guerre totale à l’intelligence est lancée.

Je ne m’appesantirai pas sur le nouvel échec pitoyable (et louche) d’un large front de gauche face au clan Dassault à Corbeil-Essonne. Il suffira de dire que la tristesse de voir perdurer un système de gestion catastrophique typiquement corporatiste et magouillard est compensée par les mines déconfites des saltimbanques collectivistes qui, il faut bien le dire, m’amusent énormément. Mais bon, Demaerd a, une fois encore, réussi son pari de montrer toute la puissance de la démocrassie pour asseoir ses produits et ses méthodes.

En revanche, il me faudra plus d’un paragraphe pour analyser toute l’étendue de la misère intellectuelle © Demaerd Corp. qui s’est emparée de l’Edulcoration Nationale dans l’Académie de Créteil.

Il est vrai que l’instruction, dans ce pays, depuis trop longtemps aux mains étatiques totalement dépourvues de tout bon sens, descendait en pente douce depuis un moment la Rivière de la Médiocrité pour déboucher sur la Mer de la Bêtise Institutionnelle.

Les travaux acharnés d’une clique d’inspecteurs formés aux méthodes alternatives et novatrices, vomis tous les ans par des IUFM gauchisés à l’extrême, avaient déjà donné un élan considérable à la formation de petits singes apprenants.

Les efforts entrepris pour abaisser le niveau du bac suffisamment pour que 80% d’une classe d’âge puisse l’avoir ont, eux aussi, permis ce merveilleux voyage en territoire humide dans le domaine du Mauvais.

Le dogme bâti sur le collège unique, la carte scolaire et l’obligation d’éducation jusqu’à 16 ans aura ajouté au tableau et donné un coup de fouet vigoureux aux discours stigmatisant la formation professionnelle courte, faisant hardiment passer des générations de manuels pour des abrutis finis et autorisant, de façon subtile, une véritable pénurie de plombiers (par exemple), au profit de cohortes chevelues d’historiens de l’art devenus guichetiers ou de sociologues / magasiniers aux ponchos colorés.

Et là, c’est le pompon, l’estocade finale et la mise à mort du mammouth : Demaerd à tous les étages et bon sens nulle part. L’idée, qui viendrait de Hirsch, le sémillant Haut Commissaire Aux Papouilles Collectives et A l’Amour Durable, est la suivante : une classe d’élèves est doté au départ d’une cagnotte de 2000 euros ; lorsque les élèves y sont bien assidus, assistent au cours et se comportent convenablement, la cagnotte augmente progressivement au cours de l’année pour atteindre un maximum de 10.000 euros en fin d’année. La cagnotte est utilisée pour réaliser un projet collectif comme un voyage ou le passage du permis de conduire (qui, comme chacun sait, peut se passer en groupe). Et si l’un des élèves manque de façon inopinée et répétée, la cagnotte diminue.

Comme on peut le voir, c’est à la fois moral, responsabilisant, plein de promesses sur le long terme, valorisant ! Youpi !

Absentéisme et capitalisme pour les nuls

Moral ?

Evidemment ! Puisqu’ainsi, ceux qui viennent sans effort n’y gagnent rien et ceux qui ne venaient pas se sentent directement concernés pour venir roupiller en classe plutôt que chez eux. Le bruit des ronflements permet ainsi de rappeler le vrai goût de l’abnégation à ceux qui ont compris ce qu’Etudes Gratuites peut recouvrir de frustrations. Moral aussi puisque tous les enfants du monde qui n’ont pas la chance d’avoir une éducation gratuite comprendront, par ce message, qu’en France, c’est gratuit pour ceux qui veulent et qu’on paye même les branleurs !

Responsabilisant ?

Logiquement, les petits camarades qui ne viendraient pas parce qu’ils ne se sentiraient pas concernés vont se faire tabasser par les autres qui tiennent, eux, absolument, à passer leur permis au frais de la princesse. Et il est vrai que conduire quand on a les rotules pétées, c’est plus dur. Habile, Hirsch aura certainement pensé à ce rétro-effet !

Plein de promesses ?

Cette année, c’est 10.000 euros, mais on est absolument certain que l’inflation aidera le montant à grossir. Et, si par malheur, ce montant venait à diminuer, on peut être sûr que la République assistera à une belle démonstration de force citoyenne, festive et revendicatrice dans la veine « Si vous n’augmentez pas, on ne vient plus aux cours, zarma kikoolol ! »

Valorisant ?

Il est clair que payer des figurants, c’est valorisant pour le professeur qui se transforme petit à petit en garde-chiourmes. C’est valorisant pour ceux qui travaillent et n’attendent pas de carotte pour édifier leurs savoirs et préparer leur avenir. C’est valorisant aussi pour les élèves qui ne viennent pas qu’on considère de cette façon comme assez demeurés pour avoir besoin d’une incitation pareille pour venir. Imaginer un seul instant que l’éducation est nécessaire pour elle-même, simplement parce qu’un être frustre et inculte n’a guère de chances dans notre société, c’est trop vieille France, sans doute, pour ne pas y ajouter un petit kick-back monétaire…

Il est symptomatique qu’il se trouvera toujours des guignols et des bouffons imperturbables de crétinerie pour aduler ce genre de mesures, qui aboutissent finalement à accroître encore un peu plus la dépendance des gens à l’Etat. Car c’est exactement ce que vise, consciemment ou pas, les thuriféraires d’une solution financière à un problème général, organisationnel.

Encore une fois, on retombe dans le schéma typiquement et paradoxalement gauchiste où l’argent, qui est haineusement méprisé par ces intellectuels de foire, est utilisé cependant par paquets dodus dès qu’il s’agit de régler un problème. Les hôpitaux sont désorganisés ? Filons-leur de l’argent ! Pas d’intégration, problème dans les cités, misère des populations immigrées ? Cramez des milliards (et  / ou des voitures) ! Contre le chômage ? Des thunes, plein ! Les gamins ne savent ni lire ni écrire ? Allez, zou, des moyens, de la maille et des hausses de salaire ! Ils ne viennent plus en cours ? De la cagnotte, de la fraîche, vite !

Bref : le capitalisme pour les socialauds, c’est l’argent pour les nuls. L’argent, c’est mal. Mais l’argent des autres, c’est génial : il suffit d’aller le chercher de force (impôts, taxes, accises, ponctions, amendes), et pouf, on le jette par ici, et on le crame par là. Facile.

Il est tout aussi prévisible qu’on n’entende guère de discours incluant, dans ce tableau, les parents de ces élèves qu’on entend motiver. Parce que bon, comprenez-vous, il ne faudrait surtout pas stigmatiser les géniteurs et les responsables des jeunes glandeurs qui refusent une éducation offerte généreusement par la république : ces personnes sont pauvres, en difficultés, en détresse sociale, en patati ou en patata, et qu’ils n’ont donc plus toute leur tête pour gérer leurs moutards. Alors, on va continuer à bien les aider (du flouze, de la fraîche !) avec tous les systèmes d’allocations diverses, et on va maintenant aider aussi leurs rejetons (des thunes, du pognon !) avec ces « motivations » financières !

Cependant, soyons clairs : ces gamins ne veulent pas venir en classe ?

MAIS QU’IL N’Y AILLENT PLUS, BORDEL !

Ils vomissent la république, n’aiment pas l’éducation nationale gratuite ? Qu’on ne les force pas à ingérer ce brouet ! Qu’ils laissent donc les autres bosser tranquillement ! Qu’on en arrête avec cette idiotie de système obligatoire égalitariste et niveleur par le bas qui force les jeunes jean-foutres à rester scotchés à des bancs usés d’établissements dépassés !

Ce n’est pas en payant les abrutis qu’on les fera devenir intelligents ! Si telle méthode marchait, les députés et les sénateurs, au vu de leurs émoluments, brilleraient depuis longtemps au firmament des Nobels et autres médailles Fields !

Pour redonner de la valeur au gratuit, la seule méthode consiste à le rendre facultatif, voire élitiste. C’est toujours dur à lire, encore plus dur à comprendre, presque insurmontable à mettre en œuvre, et pourtant, ça marche.

Pour terminer cet article, je signalerai deux billets, celui de SOS Education et de l’Hérétique, qui ajoutent quelques réflexions pertinentes à un sujet déjà vaste.


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