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Le revirement Irlandais suscite le courroux de Jean-Luc Mélenchon

Publié le 06 octobre 2009 par Hmoreigne

 Il y a du gaulois chez cet homme là. Le côté irréductible, quand ce n’est pas irascible, à l’égard de la pieuvre européenne. N’allez pas en conclure que Jean-Luc Mélenchon est un anti-européen. On pourrait plutôt le définir comme un alter-européen. Un leader intelligent et cultivé qui rejette une politique européenne d’accompagnement de la mondialisation. Alors quand par un étrange revirement les Irlandais plébiscitent le Traité de Lisbonne après l’avoir dans les mêmes proportions rejeté seize mois auparavant, le sang de l’eurodéputé ne fait qu’un tour.

”Ce qui s’est passé en Irlande est une honte, à bien des égards totalement affligeant, [et] augmente le dégoût que nous avons de cette Europe car, voyez-vous, les Irlandais avaient voté « non ». On peut supposer que, peuple majeur et indépendant, ils savaient pourquoi ” a déclaré le président-fondateur du Parti de gauche, invité de Jean-Michel Aphatie, sur RTL.

Très remonté contre Alain Duhamel, ouvertement favorable au Traité de Lisbonne , Jean-Luc Mélenchon a ajouté : “On a décidé qu’ils s’étaient trompés. Donc, les chefs se sont réunis, ont fait une déclaration  (écoutez-moi bien) ont fait une déclaration dans laquelle ils disent eux-mêmes : ça ne change rien au texte, ça l’éclaire. Et on a revoté. Déjà le principe de revoter quand on a mal voté devrait interpeller une conscience démocratique aussi aiguisée que celle d’Alain Duhamel”. Fermez le ban et ramassez les quelques dents qui traînent.

On est loin du panache des fiers irlandais qui en juin 2008, avaient bravé les autres pays de l’Union européenne en votant non à 53,4% à l’adoption du Traité de Lisbonne. Plus qu’un bras d’honneur le vote de la verte Erin avait bloqué un processus présenté comme devant améliorer le fonctionnement institutionnel de l’Union.

Les commentaires avaient été à la hauteur du geste. Ingratitude avait été le qualificatif le plus employé à l’égard d’un pays qui a le plus profité des aides européennes.

Au-delà de l’appréciation personnelle que l’on peut porter sur le Traité de Lisbonne, on peut légitimement s’interroger sur le revirement irlandais . Différentes explications sont avancées. Peur de la crise ? Apport de garanties sur des susceptibilités insulaires (neutralité, interdiction de l’avortement, fiscalité spécifique, poste de commissaire européen) ?? Pas convaincant sauf à considérer les Irlandais seulement comme un peuple de marchands de tapis.

Alors quel coup de baguette magique aurait donc transformé le valeureux tigre celtique en chaton apeuré ? Le mouvement Attac a bien une petite idée. “Tous les moyens ont été mis en œuvre pour tenter de faire changer d’avis les Irlandais. A commencer par les moyens de communication, à coup de campagnes largement financées par les grandes entreprises comme Ryanair et Intel, qui ont donné des sommes énormes pour la cause du oui.

Un sentiment partagé par l’ancien ministre socialiste. “On a vu une campagne par une compagnie d’aviation écrire que seuls les loosers votaient non”, qui a livré toute son amertume et sa déception au micro d’Europe 1 : “Je pensais que les irlandais tiendraient mieux le choc, ils ont été mis dans une ambiance complètement inouïe dont on a pas idée ici en France et puis une campagne où l’Église, le pouvoir, les syndicats, tout le monde s’est mis sur le “oui” les grandes entreprise ont payé d’immenses campagnes, on leur a promis du travail, on les a menacé de leur retirer la caution de la BCE sur les banques irlandaises,…enfin tout y est passé et ils ont fini par céder.

Mais l’amertume de Jean-Luc Mélenchon est plus profonde.”L’Europe démocratique et populaire à laquelle moi j’ai rêvé avec d’autres, ben c’est fini. C’est cette Europe là où on fait voter deux, trois, autant de fois les gens jusqu’à ce qu’ils disent oui avec des moyens indignes pour quelque chose qui est totalement dépassé qui a amené le monde à la ruine, à savoir le néo-libéralisme dans toute sa splendeur.

De fait à l’image du vote de ses habitants, l’Irlande vit un cruel retournement de conjoncture. Le taux de chômage a presque triplé par rapport à  juin 2008 pour atteindre les 12,6%. Le pays qui assiste impuissant à l’effondrement du secteur de la construction, des dépenses des ménages et aux licenciements des sociétés informatiques Dell ou Intel s’enfonce dans la récession. Le produit intérieur brut a plongé de 8,4% au premier semestre 2009. Une situation qui contraste avec les 7% de croissance par an entre 1994 et 2007.

Dans ce contexte, le camp du « oui » a eu beau jeu d’insister sur le fait que, sans la manne providentielle de 120 milliards d’euros de liquidités injectés par la Banque centrale européenne pour venir en aide aux banques irlandaises, le système se serait totalement effondré.

Plutôt que de rejeter le système, les irlandais ont choisi de soigner le mal par le mal. Le libéralisme par le libéralisme et de ne pas suivre Gerry Adams, le leader du Sinn Fein, qui avait déclaré ne pas vouloir d’un document qui compromet la souveraineté nationale de l’île dans la mesure où il remet les clefs du pays à une « élite européenne » qui décidera du futur de l’Irlande.

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