Affaire Mitterrand : la vie peut-elle se vivre comme un roman ?

Les écrivains sont, dans l’exercice de leur métier, toujours à la frontière entre deux mondes : celui de la réalité et celui de la fiction. Lorsque les écrits sont une pure fiction, ils doivent être pris comme tel.

Frédéric Mitterrand, le soit-disant ” bon coup de Sarkozy ” a peut-être oublié qu’il avait eu une vie avant d’être Ministre.

Et celle-ci semble le rattrapper. Alors il doit - hors débat prématuré sur une démission ou pas - expliquer si son livre est ou pas une oeuvre autobiographique comme le décrivent les sites qui le vendent.

Décrire des phénomènes odieux, par le roman, la description etc… en soutien à une histoire comme pour montrer qu’ils existent, que d’aucun s”en régalent, ou encore les mettre à jour pour les demasquer…  n’est pas forcément en soi critiquable. Décrire, en détail, des pratiques qui vous séduisent voire qui induisent que vous vous y adonnez est une autre affaire. Fut-elle livrée de manière romancée.

La question est : Frédéric Mitterrand a-t-il ou non participé à ce qu’il décrit comme “son système”‘ : argent, sexe et tourisme sexuel, dérive par ailleurs condamnée par la France.

Car c’est bien là que le bât blesse. Entre temps, l’adorateur des marchés sexuels extrême-orientaux est devenu Ministre d’une République qui combat ces vices, et qui plus est, ambassadeur en chef de la Culture de notre pays !

Il faut donc choisir Monsieur Le Ministre. Et notamment, ses propres mots :

- dire de l’affaire Polanski (abus sexuel sur mineure) qu’il est épouvantable d’en faire autant “ pour une histoire qui n’a pas vraiment de sens … ” c’est légitimer la justice des stars contre celle des anonymes,

- dire ou avoir dit du tourisme sexuel que lui plaisaient ” ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves (qui) m’excitent énormément (…) la profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter. L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système, celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas …”

… ce sont des aveux incompatibles avec cette même République.

Alors, avant de parler de démission (ce qui est précipité) ou avant de le défendre aveuglément pour raison de “gêne gouvernementale” (ce qui est déplacé), le Ministre doit parler.