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Le commode et tardif réveil des consciences

Publié le 08 octobre 2009 par H16

En France, en plus d’un népotisme de plus en plus voyant, on aime bien le « deux poids / deux mesures » (2P2M) : d’un côté, le gouvernement et le chef de l’État auront fait absolument tout ce qui était possible et imaginable pour faire adopter la loi dite HADOPI, de l’autre, les services de communication de l’Elysée piratent sans complexe des vidéos et des DVD pour la promotion urbi et orbi de notre président décidément de plus en plus encombrant. Mais tout ceci est, tout de même, de la gnognotte à côté de la récente « Affaire Mitterranski »…

Sans détailler inutilement, rappelons simplement que le cinéaste Polanski a été arrêté en Suisse pour avoir fui la justice américaine, à la suite d’un viol sur mineure de 13 ans il y a 30 ans de ça.

A la suite de quoi, Frédéric Mitterrand, avec un entregent douteux, s’était fendu d’une remarque élégante jugeant « absolument épouvantable » l’arrestation du cinéaste « pour une histoire ancienne qui n’a pas vraiment de sens » – on supposera qu’ici, une histoire qui a du sens comporte au moins un meurtre, une ascendance royale ou les deux.

Soutien de la part du ministre de la Culture qui a déclenché une première vague d’indignation : comment peut-on souhaiter d’un côté une égale justice pour tous, chose que la France par ses porte-paroles ne cesse de réclamer partout dans le monde avec la décence et la discrétion qu’on lui connaît, et réclamer de l’autre côté une clémence franchement large, assortie d’une pétition frisant le ridicule, au prétexte que le criminel (qui a avoué, d’ailleurs) est connu et talentueux ?

La blogosphère a donc réagi au quart de tour en expliquant en long, en large et en travers que sortir ça, c’était pour le moins maladroit. En clair : quelques petites paires de baffes se sont perdues lorsqu’on a laissé Mitterrand et sa clique d’aââââartistes soutenir Polanski dans ses histoires.

Jusque là, l’affaire ne sentait déjà pas très bon. La petite odeur rance de connivences et de clémences pratiques pour les peoples entre eux s’était déjà bien répandue dans les médias lorsque soudain, par surprise et alors que personne ne s’y attendait, quatre ans après la parution du livre du ministre de la Culture, Marine Le Pen en ressort avec tact et délicatesse un passage dans lequel ce dernier décrit en détail ses expériences de touriste sexuel.

Avouez que quatre ans de réflexion, ça donne une envergure particulière à l’intervention…

Immédiatement, c’est le tombereau de commentaires outrés.

De la part de la gauche, Hamon y voit un boulevard pour cogner sur un membre du gouvernement. Un petit bout de PS qui sort de sa léthargie pour rugir de déplaisir, ça fait toujours un peu bizarre alors qu’on sentait le parti enfoncé dans une hibernation profonde suite à l’ingestion probablement trop rapide d’une plâtrée conséquente de petites affaires internes bien grasses.

A droite, c’est le concert de pleureuses, avec mention spéciale pour Xav le grave dont l’ébouriffante saillie donne le fol espoir d’une politique moins morose si jamais il venait à Sarkozy la lubie de le coller à Matignon. On admirera la retenue de Brice le boute-en-train : ses orifices inférieurs se souviennent encore très bien du précédent emballement médiatique dont il fit les frais et on comprend qu’il souhaite panser ses plaies dans le calme.

Côté blogosphère, c’est l’indignation plus qu’une pourtant salutaire prise de recul (ou de la goguenardise) qui domine. Il est vrai que la « contre-attaque » de Mitterrand est … un peu molasse : le bougre ne nie rien, laisse planer l’ambiguïté, et, pire, s’enfonce en considérant que les attaques formulées sont d’autant moins valables qu’elles proviennent du Front-National, au lieu de sagement répondre sur le fond. Noyer le poisson n’est valable que lorsque c’est bien mené et qu’on ne termine pas plus noyé que l’animal.

Bref : tout le monde y va de son petit couplet, les uns plus ou moins réellement outrés, les autres tentant de périlleux louvoiement entre les chicanes improbables qu’offrent ces affaires-gigognes dont on se demande de plus en plus, en observateur extérieur, ce qui va bien pouvoir en ressortir.

Histoire de touiller le brouet qui nous est offert, et pour continuer dans le constat bien triste que cette France persiste à partir en couilles gluantes, je voudrais cependant noter quelques éléments.

Je trouve tout d’abord fort étrange que personne n’ait réagi lorsque le livre est paru.

Il était où, le superbe Benoît, à ce moment là ? Et la flamboyante Marine, que n’a-t-elle fait son numéro de poissonnière en 2005 ?

Mieux vaut tard que jamais, et certes, le ministre de la Culture a bel et bien des choses à se reprocher ; mais je trouve ici fort commode le timing de ces beaux parleurs dans le réveil de leurs consciences. D’autant qu’à tout prendre, ils auraient aussi pu s’ébrouer de leur apathie à la nomination de Mitterrand : le timing aurait semblé moins artificiel.

Et puis tant qu’à dégommer du Mitterrand pour tourisme sexuel, autant le faire aussi avec Cohn-Bendit pour pédophilie, non ? Ah mais non, le frétillant écolo, on ne le dégomme pas : il représente un gros réservoir d’électeurs et s’est amendé, jadis, en trouvant ses précédentes aventures scandaleuses… Encore un 2P2M ?

En outre, je trouve pathétique le soutien des uns et des autres à des expériences pour le moins douteuses, voire criminelles. Je sais que nos élites se font une spécialité de pratiques sexuelles épicées, déviantes et alternatives, apanages d’une vie trépidante passée entre la sodomise de contribuables, la pignole électorale et l’enculage de mouche législatif, éventuellement assorties de rebondissantes nuitées à escort sous les ors de la république payés par les moutontribuables fraîchement ramonés, mais il arrive un moment où le reflux de saloperies politiques diverses est tel qu’en comparaison, les écuries d’Augias paraissent salubres.

Le tout, pendant que le chômage explose, les entreprises déposent le bilan à un rythme effrayant  et où les finances publiques ont depuis longtemps passé le point du coma végétatif.

Si l’on y ajoute les tentatives grossières d’étouffement de l’affaire (merci à Falconhill pour avoir relayé cette pépite), on se rend compte que les prochains jours vont occuper beaucoup de monde sur ces affolantes dépravations.

Oui, Fred Mitterrand n’aurait jamais dû arriver à ce poste avec un tel passé : le tourisme sexuel, c’est mal.

Non, la classe politique ne devrait offrir aucun soutien à cet homme, de même qu’elle ne devrait en fournir aucun à Polanski.

Et tant par l’attitude profondément inégalitaire face à la justice que par les méthodes lamentables de récupération et d’hypocrisie qu’on voit déroulées devant nos yeux, toute cette classe politique, ratissée largement des excités du Front National aux bouffons pathétiques des gauches multicolores, montre sa petitesse, son incompétence, le délitement des institutions et la pourriture avancée des élites.

Les prochaines élections seront fétides.

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Et puis tient, un petit lien sur ECPAT.


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