convalidation pour soutenir les couples
6. Lorsque l'on considère le rôle du droit dans les crises matrimoniales, on pense trop souvent et presque
exclusivement aux procès qui ratifient la nullité du mariage ou bien la dissolution du lien. Cette mentalité s'étend parfois également au droit canonique, qui apparaît ainsi comme la voie pour
trouver des solutions de conscience aux problèmes matrimoniaux des fidèles. Cela peut être vrai, mais ces solutions éventuelles doivent être examinées de façon à ce que l'indissolubilité du lien,
si celui-ci apparaît contracté de façon valide, continue à être sauvegardée. La position de l'Eglise est même favorable à convalider, si possible, les mariages nuls CIC 1676 CIO
1362. Il est vrai que la déclaration de nullité du mariage, selon la vérité acquise à travers le procès légitime, ramène la paix dans les consciences, mais cette déclaration - et cela
vaut également pour la dissolution du mariage ratifié et non consommé et pour le privilège de la foi - doit être présentée et réalisée dans un contexte ecclésial profondément en faveur du mariage
indissoluble et de la famille fondée sur celui-ci. Les conjoints eux-mêmes doivent être les premiers à comprendre que ce n'est que dans la recherche loyale de la vérité que se trouve le véritable
bien, sans exclure à priori la convalidation possible d'une union qui, tout en n'étant pas encore matrimoniale, contient des éléments de bien, pour eux et pour les enfants, qui doivent être
attentivement évalués, en conscience, avant de prendre une décision différente.
toute sentence contribue à la culture d'indissolubilité
7. L'activité judiciaire de l'Eglise, qui dans sa spécificité est elle aussi une activité véritablement
pastorale, s'inspire du principe de l'indissolubilité du mariage et tend à en garantir le caractère effectif dans le Peuple de Dieu. En effet, sans les procès et les sentences des tribunaux
ecclésiastiques, la question sur l'existence ou non d'un mariage indissoluble des fidèles serait reléguée à la seule conscience de ces derniers, en courant le risque évident de subjectivisme, en
particulier lorsque règne dans la société civile une profonde crise à propos de l'institution du mariage.
Toute sentence juste de validité ou de nullité du mariage est une contribution à la culture de
l'indissolubilité, que ce soit dans l'Eglise ou dans le monde. Il s'agit d'une contribution très importante et nécessaire: en effet, elle se situe sur un plan immédiatement pratique, en apportant
une certitude non seulement aux personnes concernées, mais également à tous les mariages et aux familles. En conséquence, une déclaration injustifiée de nullité, s'opposant à la vérité des
principes normatifs ou des faits, revêt une gravité particulière, car son lien officiel avec l'Eglise favorise la diffusion d'attitudes où l'indissolubilité est soutenue en théorie, mais oubliée
dans la vie.
Parfois, au cours des dernières années, on a contrecarré le traditionnel "favor matrimoni", au nom d'un
"favor libertatis" ou "favor personae". Dans cette dialectique, il est évident que le thème de fond est celui de l'indissolubilité, mais l'antithèse est encore plus radicale car elle concerne la
vérité même sur le mariage, plus ou moins ouvertement relativisée. Contre la vérité d'un lien conjugal, il n'est pas correct d'invoquer la liberté des contractants qui, en l'assumant librement,
se sont engagés à respecter les exigences objectives de la réalité matrimoniale, qui ne peut pas être altérée par la liberté humaine. L'activité judiciaire doit donc s'inspirer d'un "favor
indissolubilitatis", qui ne signifie pas bien sûr un préjugé contre les justes déclarations de nullité, mais la conviction réelle du bien en jeu lors des procès, ainsi que l'optimisme toujours
renouvelé qui provient du caractère naturel du mariage et du soutien du Seigneur aux époux.
faire briller l'indissolubilité
8. L'Eglise et chaque chrétien doivent être lumière du monde: "Ainsi votre lumière doit-elle briller devant
les hommes afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux" Mt 5,16. Ces paroles de Jésus trouvent aujourd'hui une application singulière
à propos du mariage indissoluble. Il pourrait presque sembler que le divorce est tellement enraciné dans certains milieux sociaux, que cela ne vaut presque pas la peine de continuer à le
combattre, en diffusant une mentalité, des coutumes sociales et une législation civile en faveur de l'indissolubilité. Pourtant cela en vaut la peine! En réalité, ce bien se situe précisément à
la base de la société tout entière, comme condition nécessaire à l'existence de la famille. Son absence a donc des conséquences dévastatrices, qui se diffusent dans le corps social comme une
plaie - selon le terme utilisé par le Concile Vatican II pour décrire le divorce GS 47 - , et qui influent de façon négative sur les nouvelles générations, auxquelles on cache
la beauté du mariage véritable.
Discours au Tribunal de la Rote romaine pour l'inauguration de l'année
judiciaire, 28/01/2002