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Contes de l'ordi sacré : Gudule au centre de la terre 15

Publié le 09 octobre 2009 par Porky

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EPISODE 15 : Où Gudule et sa bande se retrouvent dans une curieuse situation que Jo la Fine n'avait certes pas prévue, vu son incapacité. 

« Ca va, ça va, nullité, relève-toi, je me suis déjà lavé les pieds la semaine dernière », dit le caribou fou en se libérant de l'étreinte de la sorcière à l'horrible figure. Cette dernière se rejeta en arrière puis se releva, imitée par le Servile Séide. « Et maintenant que je t'ai retrouvé, mon maître, il faut absolument que nous quittions cet endroit d'une façon ou d'une autre, affirma Gudule. As-tu une solution, ô toi le plus intelligent des caribous ? » « N'en rajoute pas dans la servilité, gronda le caribou fou, ou je vais finir par croire que tu joues les hypocrites avec moi ! Non, je n'ai pas de plan. Mais Jo la Fine est là pour nous aider -enfin, prétendument... » Et là, le caribou fou leva les yeux au ciel ainsi que les épaules, et ce aussi haut qu'il le put.

« Mais oui, je peux vous aider, dit Jo la Fine, vexée comme un pou. C'est même mon rôle dans cette histoire idiote, continua-t-elle. Avec mon escabeau magique, je peux tout. » Le caribou fou ricana et voulut lui allonger une claque pour lui apprendre à se vanter mais Jo la Fine, à force de se faire frapper, avait fini par comprendre comment fonctionnait son compagnon ; aussi évita-t-elle sans trop de peine la patte vengeresse et ce fut l'escabeau magique qui reçut la gifle. Il n'apprécia pas du tout cette étrange marque de respect, pas plus d'ailleurs que le caribou fou : le bois de l'escabeau était certes plus dur que la figure de Jo la Fine. On assista donc à un étrange spectacle : un caribou en train de danser sur place en agitant sa patte endolorie et un escabeau pris de soubresauts démoniaques et prêt à se ruer sur n'importe qui.

« Ca y est, il fonctionne à nouveau ! s'écria Jo la Fine, radieuse en contemplant l'escabeau en folie. Que mes supérieurs soient loués ! Je dis mes supérieurs parce qu'en fait, j'ignore totalement qui me fait agir en dehors de cet esprit malsain qui se répand sur son écran d'ordinateur. Quand je pense que j'étais tranquillement assise sur une gargouille en train de contempler le paysage et je me suis retrouvée dans un couloir... » « Oui, bon, ça va, gronda Gudule à qui la perspective de trouver en cette horrible petite femme une rivale déplaisait souverainement. Tu ne vas pas nous raconter ta vie, on s'en fout ! Trouve plutôt une solution pour nous tirer de là ! »

Jo la Fine la considéra d'un œil rien moins qu'aimable. « Je croyais que tu étais sorcière, répliqua-t-elle. Que tu n'avais besoin de personne pour te tirer des situations inextricables dans lesquelles tu as la manie de te fourrer! Incompétente, va ! » Et sur cette terrible insulte, Jo la Fine croisa les bras et toisa Gudule de toute sa hauteur -mais ça n'allait pas chercher bien loin.

Les couettes de la sorcière se mirent à tourner à toute vitesse. Le caribou fou les happa au passage et les fourra dans la bouche soudain grande ouverte de Gudule. « Ferme ta boîte à conneries et surtout ne tente rien, je ne me suis pas encore remis de ta dernière initiative ! » Puis il frappa le Servile Séide qui n'avait absolument rien dit, mais c'était au cas où il aurait eu l'intention de dire quelque chose.

« Bien, bien », fit Jo la Fine, triomphante. Le spectacle de Gudule à moitié étouffée par sa tignasse lui procurait un plaisir sans nom. Elle flatta de la main l'escabeau magique qui avait fini par se calmer. « Mon escabeau chéri, il va falloir être à la hauteur. Je vais penser à un moyen de sortir d'ici et tu vas le concrétiser, d'accord ? » Elle se tourna vers le caribou fou qui la regardait en fronçant les sourcils. « C'est ce qui s'appelle le travail en équipe. Tu vas voir de quoi  nous sommes capables, tous les deux ! » « Je crains un peu le résultat, murmura le caribou fou. Mais bon, je n'ai pas le choix. Entre deux fléaux inutiles, il faut choisir le moins heu... dangereux ? Allons-y pour « dangereux ». J'aurais plutôt dit « débile » mais l'auteur ne semble pas de cet avis. »

« Je dois d'abord être juchée sur l'escabeau pour pouvoir réfléchir et lui transmettre les images que je formerai dans ma tête, dit Jo la Fine. Donc, escabeau, déplie-toi et mets-toi debout. » Mais l'escabeau, on s'en souvient, ne bougeait qu'en cas de danger ou de maltraitance. Adonc, il resta immobile. « Ah ! Ca commence bien ! » grinça Gudule en crachant ses derniers cheveux. « Jusque là, rien d'anormal », constata le caribou fou avec un soupir. Dépitée, Jo la Fine se tourna vers lui. « Aide-moi, mets-le dans la bonne position », ordonna-t-elle. Le caribou fou fit un geste en direction de Gudule, laquelle eut un grand mouvement de tête destiné au Servile Séide qui, comprenant sans trop de difficulté ce qu'on attendait de lui, déplia l'objet magique et le posa devant Jo la Fine.

Ayant atteint le sommet de cette montagne de bois, la petite femme fronça le nez, ferma les yeux, pinça les lèvres, et fit semblant d'être la proie de profondes pensées, spectacle qui amusa beaucoup le caribou fou et lui donna envie de donner un bon coup de patte dans l'escabeau, histoire de rigoler encore plus. Puis soudain, la voix de Jo la Fine s'éleva, quasiment inspirée :

« Escabeau, escabeau magique, piédestal sublime, transforme ma vision en réalité ! »

La mer intérieure s'agita tout à coup. Une énorme vague prit naissance au large, s'éleva très haut, puis se dirigea en courant vers la grève où nos quatre héros attendaient avec impatience que quelque chose se passât. Alors qu'elle allait toucher la plage, la vague se transforma en une effrayante baleine qui, la gueule grande ouverte, semblait vouloir happer tout ce qui se trouvait sur son passage.

« Mais... Mais... » fit Jo la Fine, complètement désemparée à la vue de ce que l'escabeau avait fait surgir. Elle n'eut pas le temps d'en dire plus. La baleine se jeta sur eux et les avala tous les quatre sans sommation préalable. Puis, ayant refermé son énorme gueule, elle fit demi-tour et replongea dans les profondeurs.

(A suivre)

(Horrible coup de théâtre ! Les héros maléfiques sont-ils perdus définitivement ? Ce serait vraiment con dans la mesure où ce conte ne tient que par la rivalité des deux bandes... L'incapacité de Jo la Fine ayant été archi super prouvée, peut-être que le caribou fou sera plus à la hauteur ? (Ne parlons pas de Gudule...) Bref : comment ces quatre zozos vont-ils se tirer de cette situation ? Vous pensez bien qu'on a une idée derrière la tête... qui sera exposée quand le moment sera venu.)


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