L’expression est certes crue mais c’est celle utilisée par Dominique Paillé, un des porte-parole de l’UMP, interviewé ce matin sur RFI. Ce en quoi je ne peux que lui donner raison : autant appeler un chat un chat que se mélanger pinceaux et neurones dans des périphrases alambiquées destinées à ménager les chastes oreilles. Les miennes ne le sont guère, mieux vaut d’ailleurs dans le milieu médical !
Mais pour n’être ni prude ni collet-monté je n’adhère nullement à l’étalage sans vergogne de leur intimité et de leur cul par les pipoles au nom d’une prétendue «littérature». Exhibitionnisme et voyeurisme me sem-blent devenus les deux mamelles de l’édition en cette époque décadente sombrant corps et âme dans le relativisme ambiant : tout se vaut. Rebaptiser “érotisme” ce qui n’est que “pornographie”, le procédé n’a rien de nouveau.
Je me suis contentée de noter le phénomène. Une certaine tendance à «l’accumulation» depuis une bonne dizaine d’années… De Catherine Breillat à Virginie Despentes – glissante ? - en passant par Catherine Millet – qu’est ce que j’en ai à secouer de «La vie sexuelle de Catherine M…» !… - sans oublier les élucubrations, fantasmes et mises en scène des Robbe-Grillet, mari et femme… Pour tout dire, je ne suis nullement «branchée-cul» non que je tienne la sexualité pour répugnante – je ne crache nullement dans la soupe ! - mais uniquement son étalage. Je suis et reste pudique, tant pour les sentiments qu’en ce qui concerne la sexualité. Toutes choses qui doivent rester dans le strict cadre intime.
Dans les années 70, une copine d’Orléans ne jurait que par Sade, revenu à la mode. Comme je ne voudrais pas mourir plus idiote que je ne le suis, j’ai essayé – bien plus tard – de lire ses œuvres complètes, prêtées par une amie. Dieu ! quel ennui… Cela m’est tombé des mains et si je suis quand même allée jusqu’au bout, ce n’est que par une certaine honnêteté intellectuelle : pour critiquer, mieux vaut connaître. Mais je ne vois pas ce qui distinguerait cette «œuvre» d’un vulgaire livre porno.
J’en resterais donc là. Je m’amuse autrement des intrigues narrées par Bussy-Rabutin dans «Histoire amoureuse des Gaules». Je n’aurais pas la prétention de m’ériger en critique littéraire. La somme de ce tout que je ne connais pas dépassant plus que largement tout ce que j’ai pu lire ! Je ne m’en plaindrais pas : cela me fera encore un tas de choses à découvrir pour les années futures…
Il n’empêche, je suis essentiellement guidée par le principe de plaisir et la délectation qui l’accompagne. Et la vraie littérature est à cet égard une mine d’or. Je tombe parfois sur de vrais joyaux. Je sais aussi apprécier des écrits sans doute plus mineurs mais qu’importe, pourvu qu’ils me plaisent. Que ce soit par la qualité de l’écriture, l’histoire et les personnages.
Il ne suffit pas de faire scandale pour que l’on parlât de littérature. Sans doute l’histoire nous donne l’exemple d’un certain nombres d’auteurs et d’ouvrages qui ont encourus procès et couperet de la censure ou pour le moins la plus grande réprobation des «bien pensants». Mais de grâce ! que l’on ne comparât pas Frédéric Mitterrand avec, par exemple, un Barbey d’Aurevilly ! Je l’ai vu écrit, je ne me souviens plus sous quelle plume mais c’est du dernier grotesque. J’en pourrais dire autant de Baudelaire et de ses «Fleurs du Mal» ou de l’inepte procès fait à Flaubert à cause de «Madame Bovary» : dans cent ans, qui se souviendra de «La mauvaise vie» de Frédéric Mitterrand ?
J’avoue n’avoir même pas eu connaissance de sa parution… en 2005 ? Certains le posent en victime à l’instar d’Oscar Wilde. C’est tout simplement oublier qu’il ne fut pas jeté en prison pour ses œuvres mais pour avoir affiché son homosexualité, crime horrible s’il en fût dans l’Angleterre victorienne. Nous n’en sommes heureusement plus là dans la France des années 2000.
Or donc, quand bien même n’est-ce pas du tout ma tasse de thé mais comme pour se permettre de critiquer il faut quand même avoir lu, je me suis forcée – le mot n’est pas faible ! - à lire un large extrait publié par Le Monde. “La Mauvaise Vie” de Frédéric Mitterrand : les passages qui dérangent (de la page 293 à 307 est-il signalé). Un sacré pensum soit dit en passant mais la maison Kamizole ne recule devant aucun sacrifice !
Un curieux mélange d’exhibitionnisme morbide sur ses pulsions et autres réactions, son activité sexuelle et ses états d’âmes – «Les souffrances du jeune (encore, à l’époque) Frédéric» ? – et de distance quasi journalistique ou alors la notice détaillée d’un «Guide du routard» consacré au «tourisme sexuel» quant à la description des us et coutumes des bordels de Bangkok. Ultra chiant et sans intérêt mais pas de quoi casser trois pattes à un canard puisqu’il n’y fait nullement l’apologie de la pédophilie non plus qu’a priori il s’y adonnerait. Encore qu’il ne s’inquiète pas de l’âge véritable des gitons proposés à la clientèle.
Mais avoir besoin d’amours tarifées et d’éphèbes pour la bandaison ne constitue pas encore un délit. Le «tourisme sexuel» - que je réprouve en tant que féministe de la même façon que la prostitution en général - ne signifie pas forcément relations pédophiles. Il est toutefois impossible d’oublier que nombre de pédophiles y ont recours, précisément pour échapper aux sanctions qu’ils encourent en France et dans de nombreux pays occidentaux. Même si les lois permettent aujourd’hui de les condamner en France pour ces faits commis à l’étranger, pour peu qu’ils fussent dévoilés.
C’est Marine Le Pen qui est à l’origine du scandale. Personne n’avait relevé les passages incriminés du livre de Frédéric Mitterrand. Y aurait-elle pensé s’il n’avait pris tout dernièrement la défense de Roman Polanski arrêté en Suisse pour une affaire de viol sur mineure remontant à une trentaine d’années aux Etats-Unis ? On peut en douter.Je ne me permettrais pas de donner un avis sur cette affaire pour la simple raison que j’ai dernièrement entendu et lu tout et son contraire sur cette hsitoire et que je n’en avais pas eu connaissance à l’époque des fait. Comment se fait-ce ? me suis-je demandé… et un bref calcul m’a apporté la réponse : en 1979 j’étais en maladie de longue durée et je ne percevais plus que les indemnités journalières de la Sécu. Lesquelles me permettaient à peine de survivre tant bien que mal.
Je n’avais donc comme seule source d’information que la télévision et la radio. Mes moyens fort limités ne m’ayant pas permis de prolonger l’abonnement de Libé auquel des ami(e)s de Loches avaient souscrit pour 6 mois, durée prévisible de mon hospitalisation après l’accident de moto.
Contrairement à Benoît Hamon et Arnaud Montebourg qui ont foncé tête baissée dans le piège, le simple fait que Marine Le Pen soit à l’origine de ce scandale m’a fait marcher sur des œufs depuis mardi lorsque Clio m’a parlé de cette émission qu’elle avait suivie. Non que je n’ai le sens moral particulièrement développé, bien au contraire ! mais c’est comme l’humour : pas avec n’importe qui… nous n’avons pas les mêmes valeurs. Les miennes se contentent d’être humanistes et je plaide pour la liberté sexuelle à la seule condition que ce fût entre adultes – ou plus jeunes – consentants.
Il me paraît évident qu’une Marine Le Pen surfe sur la dénonciation des élites qui peuvent tout se permettre et se serrent les coudes sur le mode : «ils ont le droit de faire sans être inquiétés ce que la morale et les lois réprouvent» en même temps que sur l’homophobie qui est loin d’avoir disparu, notamment dans certaines couches populaires – mais pas seulement ! – qui constituent par excellence la clientèle du F.N. Comme Nicolas Sarkozy leur a piqué la sécurité et les étrangers, ils se rabattent sur une pseudo morale à dix balles.
Apparemment, c’est tout bénef pour elle, alors même que le FN était en perte de vitesse et en totale déconfiture financière. Implantée dans le Nord-Pas de Calais, région socialement et industriellement sinistrée, alors qu’il serait question d’invalider les récentes élections municipales à Hennin-Beaumont où seul un «front républicain» avait permis d’empêcher son élection, sur fond de prévarication supposée du maire socialiste sortant, lequel est toujours en détention préventive.
C’est dire qu’elle joue sur du velours et qu’elle a très vite compris tout le parti qu’elle pouvait tirer du choix d’un ministre de la Culture pour le moins sulfureux. D’autant qu’il faudrait avoir garde d’oublier qu’Outreau, devenu tristement célèbre par son procès pour une affaire de pédophilie largement controuvée – une seule famille était véritablement en cause - est également situé dans le Pas-de-Calais.
Elle entend d’autant plus caresser l’électorat populaire dans le sens du poil que celui-ci ne fait guère la différence entre homosexualité masculine et pédophilie. Cela n’a pas échappé à Luc Mandret, blogueur associé de Marianne Affaire Mitterrand le double jackpot de Marine Le Pen : «En montant au créneau contre Frédéric Mitterrand, la vice-présidente du FN a non seulement réussi un joli coup médiatique, mais également un coup politique».
Incontestablement cette nouvelle «affaire» est un mauvais coup pour la politique «d’ouverture» de Nicolas Sarkozy. Même si Frédéric Mitterrand n’a jamais été de gauche… Sarko a joué la «marque Mitterrand» sachant bien que les positions politiques du neveu étaient largement inconnues du grand public.
Qu’il ait manqué de discernement en le nommant au ministère de la Culture me paraît l’évidence même et pas sur le seul plan de cette nouvelle polémique. Mais Nicolas Sarkozy manque totalement de cohérence. Il procède par «coups» qu’il considère comme forcément géniaux. Le débauchage de personnalités de gauche qui vise uniquement à déstabiliser le Parti Socialiste peut très bien lui revenir comme un boomerang ! Sa démarche s’apparente au «mercato»… .
Avec les mêmes risques que pour les clubs de foot-ball : payer très cher des joueurs de talent en espérant affaiblir les équipes concurrentes n’est pas forcément gage de réussite.
D’abord parce qu’il arrive que la «greffe» ne prenne pas. C’est en effet oublier ce que le talent d’un joueur doit à l’équipe, à ses partenaires, à l’entraîneur, etc… Qu’ensuite, un excellent joueur peut très bien être blessé et passer plus de temps «à l’infirmerie» du club – entendre qu’il est opéré ou immobilisé plus ou moins longtemps, en convalescence, en rééducation et qu’il reprendra le plus souvent dans l’équipe dite «de réserve» (CFA) pour le ménager.
Et qu’enfin, l’entraîneur – surtout s’il est lui-même nouveau, ce qui arrive de plus en plus fréquemment – peut très bien ne pas vouloir de lui dans l’équipe première ou qu’il passera nettement plus de temps sur le banc des remplaçants que sur le terrain. Quand il y a une véritable hostilité entre le coach et le joueur, il arrive même qu’il soit exclu des entraînements !
Pour l’instant, à quelques exceptions près, «l’équipe UMP» fait front pour défendre Frédéric Mitterrand. Cela durera-t-il si l’opinion reste hostile ?
Je ne peux m’empêcher de penser que ce sont les mêmes – ou plutôt leurs pères - qui naguère vitupéraient à qui mieux-mieux l’écrivain Jean Genet 1910-1986). Lequel avait un véritable talent que Frédéric Mitterrand aurait bien du mal à égaler ! Ses premiers romans furent censurés car jugés pornographiques. François Mauriac, que l’on a connu mieux inspiré ! allant jusqu’à le qualifier «d’excrémentiel»…
Ce n’était pas seulement l’homosexualité de Jean Genet qui posait problème à l’époque, même si cela a incontestablement joué, mais tout autant d’abord son côté «mauvais garçon» - selon la fiche que lui consacre Wikipedia, il fut enfermé à la «colonie pénitentiaire de Mettray» (Indre et Loire) de 13 ans à 18 ans. Il faut lire «Les enfants du bagne» de Marie Rouanet qui a épluché force archives sur le sujet pour comprendre ce qu’y a pu être son adolescence.Ensuite, ses prises de position politiques. Fortement ancrées à gauche voire à l’extrême gauche. Contre le colonialisme, la politique carcérale de la France (il participa avec Michel Foucault à la mise en place d’un Observatoire des prisons) et la défense des Palestiniens dans le conflit avec Israël : il rencontrera Yasser Arafat et Leila Chaïd qui représenta longtemps l’OLP en France et en septembre 1982, il fut le premier Européen à pénétrer dans le camp de Chatila où, de même qu’à Chabra, les milices chrétiennes, alliées des Israéliens avaient perpétré des massacres de masse.
Il en tirera un texte politique majeur : «Quatre heures à Chatila»… d’une toute autre volée que le pitoyable «La mauvaise vie» de qui vous savez. Mais l’un scrute son nombril – ou d’autres parties de son anatomie – et se complaît dans des confidences qui relèveraient du divan de la psychanalyse alors que l’autre se projetait dans la défense des plus faibles et des éternels oubliés de la société, de l’histoire et des grands de ce monde.