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Sputnik: connecting…

Publié le 10 octobre 2009 par Concierges

Ça va bientôt faire vingt ans que le Mur de Berlin est tombé et plus cet anniversaire approche, plus Marc se sent vieux et plus il pense avec émotion à Sputnik, l’ex-Deutsche Jugendradio DT64 made in RDA. Une station de génie que Marc avait réentendue pour la première fois après toutes ces années lors de son dernier week-end à Berlin chez Gerd. Sputnik! DT64! Son mythe à lui! Sa bande-son à lui! La radio qu’il écoutait sans arrêt quand le Mur était tombé.

Donc depuis quelques temps, Marc répétait soixante fois par jour: «T’as pas une radio ici, pas une, qui arrive à la cheville de Sputnik!» Au point que Julie s’est dit qu’elle préférait devoir écouter Sputnik plutôt que Marc lui parler de Sputnik. Or comme Sputnik sévit aussi sur le web, elle est allée lui acheter un poste de radio Internet «qui marche super avec un wifi», a assuré le vendeur.

Marc a été ravi. Il a embrassé Julie avec fougue, déballé la bête et procédé à l’installation. Le poste a aussitôt indiqué «Connecting…». Mais quarante minutes plus tard, il n’indiquait toujours rien d’autre. «Je vais aller demander au vendeur», a dit Julie. Et le vendeur a dit: «Ça doit venir de votre routeur. Faut une plus grosse antenne.» Et Julie a allongé 40 balles pour une nouvelle antenne. Mais même avec la nouvelle antenne, le poste indiquait toujours «Connecting…» Alors le vendeur a vendu a Julie une antenne encore plus grosse à 120 balles. En vain. «La radio est naze, a conclu Marc. Mais t’as toujours le ticket, non?» «Bien sûr», a dit Julie. Mais elle a eu beau fouiller: le ticket avait disparu. Il n’y avait plus qu’une issue si elle ne voulait pas que la thérapie Sputnik de Marc lui coûte une fortune: elle a revêtu son plus joli décolleté à dentelles avant d’aller trouver le vendeur. Qui a d’abord dit «non», mais fini par dire «okay» quand Julie s’est penchée très en avant par-dessus le comptoir.

Depuis, Marc va beaucoup mieux. Il écoute Sputnik et a pris son billet pour aller trouver Gerd à Berlin en novembre. «Ce qu’il ne sait pas encore, a avoué Julie à Anke, c’est que pendant qu’il écoutera Sputnik avec Gerd dans cet apparte pas chauffé, moi je me ferai enduire de boue par un masseur ayurvédique à Goa.» «C’est de bonne guerre, a dit Anke. On a tous besoin de réconfort pour encaisser les coups de boutoir de l’Histoire.»

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