Je vis dans un magasin de souvenirs, ouvert toute l’année, 24 heures sur 24, et vieillir, tu verras, c’est ça : s’y enfermer. Tu verras bien, toi qui crois que la vie, c’est l’instant et lui seul. Tu verras bien. Il faut savoir s’entourer de murs, un jour, sous peine de ne pas vieillir, de manquer de la maturité nécessaire pour tuer le temps.
Je vis dans un magasin de souvenirs qui petit à petit s’inonde, se peuple d’êtres obscurs et flous, et d’épaves oubliées. J’y suis seul et bien, tant on est toujours tout seul et bien dans cet endroit immense et secret que tout le monde connaît et où personne d’autre que moi n’entre.
Fermé à clef, verrouillé. Hermétiquement.
Le sol, jonché de livres : plus un seul endroit pour marcher, de livres aux pages blanches, sans écriture. Les murs, remplis de photos qui s’entremêlent en d’étranges obscurités : nulle part un endroit vierge, ou qui pourrait l’être. D’étranges musiques traversent l’air, par bribes, comme des samples qui se répètent sans cesse : mashup.
Je viens là très souvent, de plus en plus souvent, tel Champollion dans la Vallée des Rois, au milieu de mirifiques trésors indéchiffrables : une extase de signes, un vertige d’oublis…
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble