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Noces de fer-blanc

Publié le 10 octobre 2009 par Alain Hubler

Pocketbox Lausanne-BATLe 17 août dernier, Olivier Français, notre «putzmann» préféré, annonçait qu’il allait partir en guerre contre les mégots sur les trottoirs dès l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Pour étoffer son arsenal de lutte contre la dissémination des disgracieux résidus d’acétate de cellulose, le Municipal des Travaux claironnait un accord avec un partenaire qui nous «surprendrait».

En matière de surprise, nous ne fûmes pas déçu, car c’est avec le plus grand des étonnements que nous apprîmes quelques semaines plus tard que la ville de Lausanne avait choisi la multinationale du tabac British American Tobacco (BAT) comme partenaire pour son opération de distribution de cendriers de poche «Pocketbox».

La surprise était donc de taille, car on s’attendait tous à un partenariat avec le chouchou de la capitale vaudoise : le géant Philip Morris International.

L’autre très grande surprise vient du fait que c’est la toute première fois dans l’histoire de l’herbe à Nicot qu’un grand cigarettier se donne bonne conscience en participant à opération de prévention ou en fournissant généreusement quelques milliers de francs pour une opération humanitaire. En Afrique, BAT fait bien construire des châteaux d’eau et amène l’eau courante dans les quartiers, mais cela n’est que philanthropie. C’est donc une première à Lausanne : BAT assume pleinement son rôle de pollueur-payeur en investissant une grosse dizaine de milliers de francs dans une campagne qui lui assure en plus des retombées publicitaires «éthiques». On prendra soin d’oublier au passage que BAT est depuis longtemps le partenaire de «Pocketbox» et on se gardera surtout de persifler que BAT est devenue pour deux francs et six sous une entreprise écologiquement et socialement responsable grâce à la Municipalité de Lausanne.

On pourra bien s’exaspérer de mon ton moqueur et de mes propos critiques. On sera en droit d’estimer que ce nouveau «partenariat public-privé» va dans le bon sens, notamment parce qu’il ménage les finances de la ville. On n’aura peut-être pas tort, mais on s’emploiera aussi à évaluer l’efficacité réelle de la distribution de 5000 cendriers de poche et surtout à la mettre en regard de l’auréole écocitoyenne que le cigarettier se donne à moindres frais.

«Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée» surtout si l’on peut obtenir les deux et la première en échange de quelques kilos de fer-blanc.


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