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Six sur 26 000?

Publié le 11 octobre 2009 par Politicoblogue
source: ecdq.tv

source: ecdq.tv

« Six cas sur 26 000 ». C’est dans ces mots que le premier ministre du Québec a rejeté du revers de la main les doléances de l’opposition concernant les passe-droits offerts par la SAAQ aux membres de certaines religions exigeant de se faire servir par une personne de leur propre sexe. « À genoux! », « pas de colonne! » ont répliqué péquistes et adéquistes. Et ils ont eu raison de le faire.

En effet, on ne doit pas juger d’une situation seulement en termes numériques. Ce n’est pas parce que ce sont seulement six cas sur 26 000 que ce ne sont pas six cas de trop. Où place-t-on la limite? 6 sur 26 000, par de problème. 50 sur 26 000, ça va. 1000 sur 26 000, pas trop grave. Et 10 000? Où trace-t-on la ligne? À partir de combien de cas peut-on parle d’un véritable problème?

En fait, la véritable question est celle d’établir à qui s’applique la loi. Si moi, un Blanc Québécois catholique non-pratiquant exige d’être servi par un homme plutôt qu’une femme, pourquoi pourrait-on me le refuser davantage qu’à un Musulman, par exemple? La loi est la même pour tous. Dès qu’on ouvre la boîte de pandore, on s’expose aux pires conséquences. Aujourd’hui, ce sont 6 cas sur 26 000, mais demain j’exigerai de voir un médecin homme, un caissier homme à la banque, un coiffeur homme, etc. À partir du moment où on déclare qu’il est correct que 6 personnes puissent choisir le sexe de la personne qui les sert, il faut offrir ce choix à tous les autres citoyens. Bref, par un simple accommodement raisonnable, on annihile toute notion d’égalité des sexes et on ouvre la porte aux pires excès.

Le Québec possède trois valeurs de base, trois profonds pieux enfoncés dans le sol meuble d’une identité du reste plutôt incertaine: laïcité, égalité des sexes et langue française. Ces trois valeurs nous représentent. Ce sont les fondements de notre identité, les valeurs qui ne sont pas négociables. Ce sont nos règles de bienséance à nous, ces petits-riens qu’on impose à nos invités. Ce sont nos phrases du genre: « peux-tu enlever tes souliers avant d’entrer » ou « pourriez-vous utiliser un sous-verre ». Notre maison, c’est le Québec, et nous sommes ouverts, tolérants et sympathiques en autant qu’on respecte au minimum nos règles.

Or, quand on décide de faire passer le choix religieux avant l’égalité des sexes ou qu’on endure une bilinguisation de nos vies, on renie ces valeurs fondamentales. On fait passer l’autre en premier. On lui lance le message suivant: « D’habitude, j’exige qu’on enlève ses souliers pour entrer, mais toi tu peux marcher dans la boue et en mettre partout si tu le désires ». On renie ce que nous avons de plus précieux pour faire plaisir à l’autre. Sous prétexte d’une mondialisation et d’un soi-disant besoin de davantage d’immigrants, alors qu’on peine déjà à intégrer ceux qui sont ici, on renie notre propre identité et on devient la carpette sur laquelle plusieurs ne rêvent, justement, que de s’essuyer les pieds.

Affirmer ses valeurs, imposer le français, la laïcité ou l’égalité des sexes dans toutes les circonstances, ne constitue pas un affront aux immigrants. C’est une simple question de respect. Non seulement nous respecteront-ils, mais ils seront davantage tentés de nous rejoindre, de faire partie de ce peuple ouvert à autrui mais respectueux de ses valeurs fondamentales.

Car, dites-moi, vous auriez envie, vous, de vous intégrer à un peuple tellement peu fier de lui-même qu’il oublie qui il est, son histoire et ses espoirs, dès qu’il entre en présence de l’autre?

En minimisant le problème des accommodements raisonnables, le gouvernement Charest ne contribue pas seulement à passer sous silence le cas de six individus sur 26 000. Il ignore également le problème de six millions de Québécois désireux de s’ouvrir aux autres sans y perdre leur identité.

Et ça, c’est beaucoup plus dangereux.

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