Magazine France

Juppé, Villepin: le retour de la droite anti-sarko ?

Publié le 11 octobre 2009 par Juan

Alain Juppé a surpris tout le monde, la semaine dernière, en livrant une charge plutôt violente contre la réforme des collectivités territoriales pronée par Nicolas Sarkozy. Dans un entretien à Sud-Ouest, le maire de Bordeaux n'a pas mâché ses mots contre le Monarque. Nicolas Sarkozy devra-t-il prochainement compter avec une opposition à droite plus forte que prévue ?
Juppé, le revirement ?
Alain Juppé a la voix qui porte à droite. Mercredi, son sujet d'inquiétude, et de colère, était les projets sarkozyens de réforme des collectivités territoriales:
1. Le projet omet de traiter du mode de scrutin, un point pourtant essentiel pour Juppé ("En revanche, la loi électorale n'est prévue nulle part. Or, c'est un des éléments essentiels de la réforme").
2. Juppé critique la démagogie du projet : "Il n'y a qu'un point dur qui semble pour le président de la République non négociable : c'est l'élection des conseillers territoriaux. Ce sera un changement très profond, justifié par deux motifs. Le premier, quelque peu démagogique, est de diminuer le nombre d'élus ; ce qui fait toujours plaisir."
3. Juppé craint que les transferts de compétences en faveur des agglomérations soient finalement limités ("On est là encore très en retrait par rapport à ce qui était envisagé. Le transfert de compétences du Département à l'agglo, en particulier l'action sociale, semble remis en cause.")
4. Juppé est furax contre la fausse compensation de l'abandon de la taxe professionnelle à la Communauté Urbaine de Bordeaux, telle qu'elle est apparue dans la première version du projet de loi proposée par le gouvernement : "Le premier texte évoquait une compensation mais dégressive. Moins 5 % chaque année pendant vingt ans. Dès la deuxième année, la CUB perdait plusieurs millions. C'est tout de même se foutre du monde. Le président Sarkozy avait promis une compensation euro par euro mais il avait oublié de dire pendant un an."
La conclusion n'est pas plus tendre: "Mais c'est toujours pareil avec Sarkozy, on vous dit que c'est une rupture avec tout ce qu'on a fait par le passé... C'est une transition."
Effrayé par ses propos, Juppé a fait amende honorable vendredi: "Sur la forme, j'ai utilisé sans doute une phrase excessive et si elle a offensé le Président (de la République), je le regrette très sincèrement et je le lui ai d'ailleurs dit hier au téléphone".
Clearstream, la droite s'étripe
Juppé, Villepin: le retour de la droite anti-sarko ?Le procès Clearstream continue et les esprits s'échauffent toujours autant. Mardi, l'avocat de Dominique de Villepin a violemment pris à parti Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy et anciennement avocat de Thalès. Cette dernière société est impliquée dans l'affaire: Jean-Louis Gergorin, l'un des prévenus, avait donné les listings de comptes truqués au juge Van Ruymbeke, en le prévenant qu'ils servaient à faire transiter des commissions occultes liées à des ventes de frégates. Le listing est versé au dossier des frégates, instruit par le juge, et tous les parties prenantes, y compris les avocats de Thalès y ont accès.
Cette semaine, le général Rondot témoignait à la barre. L'officier de renseignement avait retranscrit dans des carnets personnels ses rencontres et réunions avec Dominique de Villepin. Il a contredit les dires de l'ancien premier ministre. Selon lui, Villepin a suggéré à Rondot, un certain 25 mars 2004, de faire libérer "la source", le trouble Imad Lahoud placé en garde à vue. Une preuve que Villepin machinait contre Sarkozy. Rondot a également confirmé que, selon lui, Villepin avait évoqué Nicolas Sarkozy comme titulaire d'un compte Clearstream un jour de janvier 2004. Lundi, l'ancien directeur de la DST Yves Bertrand sera à la barre. Ses rocambolesques carnets ont l'objet de tous les commentaires.
Ce dimanche, Dominique de Villepin participait aux 20 kilomètres de Paris, histoire de montrer que lui aussi savait garder la forme contre un Monarque qui s'est imprudemment essoufflé en juillet dernier. Un autre marathon, tout aussi physique que le procès.
L'un de ses fidèles, le député François Goulard, a été interrogé par un confrère. Son appréciation sur l'état de délabrement institutionnel du pays, et de l'EMP, est sans appel : "Aujourd’hui, il ne peut plus y avoir de Parlement fort lorsque tous les pouvoirs sont concentrés à l’Elysée" (...). "Il n’y a pas de fonctionnement démocratique. Je dirais que ce n’est pas tellement une question de démocratie, parce qu’il y a toujours des élections. Mais ce que je souhaite dire c’est qu’il n’y a pas de président élu au sein de l’UMP. Le Parti est désormais dirigé depuis l’Elysée."

La droite anti-sarkozyste est encore convalescente. Mais la succession de récentes polémiques sur des questions d'ordre moral pourrait lui donner un nouveau souffle.


Retour à La Une de Logo Paperblog