Médecins demandés d’urgence ! Débordement à l’urgence du CHPLG

La direction du Centre hospitalier Pierre-Le Gardeur demande à la population d’éviter son service d’urgence, jusqu’à lundi 12 octobre, 18 h. En effet, le taux d’occupation a atteint 190 %. Parent pauvre en effectif médical au Québec, Lanaudière doit maintenant survivre à la perte volontaire de médecins : la goutte qui a fait déborder le vase, cette année.

«Nous avons perdu la moitié des médecins au cours de la dernière année, voilà la raison fondamentale de l’engorgement à l’urgence du CHPLG», affirme le président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du Centre de santé et des services sociaux du Sud de Lanaudière, Hoang Duong.

En effet, alors qu’ils étaient 26 médecins en 2008, l’urgence en compte 13 actuellement.

«Les médecins ont quitté l’hôpital, cette année, à cause des conditions de travail difficiles, c’est la raison principale. Le taux d’occupation élevée est une situation chronique et nous ne sommes pas formés pour fonctionner de cette façon. Nous n’avons pas les outils pour offrir les soins qu’il faut», mentionne M. Duong.

Selon lui, même les jeunes médecins nouvellement dans la région se découragent devant une telle problématique. D’autant plus qu’il est devenu difficile de les recruter, même si la région leur plaît. «Pour le recrutement de médecins dans une région, le gouvernement impose des quotas. Le problème est qu’il n’est pas suffisamment élevé dans Lanaudière. L’idéal serait de nous ramener à la moyenne québécoise en termes de médecins omnipraticiens», explique-t-il.

Ainsi, la crise des derniers jours à l’urgence est, selon Hoang Duong, symptomatique d’un mal plus profond. «Lanaudière, et particulièrement le Sud, est LA région qui a le plus faible taux de médecins par habitant par rapport à la moyenne québécoise. Par ailleurs, le territoire connaît également LA plus forte croissance en termes de population au Québec», souligne le médecin. Alors qu’il y a 0,88 médecins par 1000 habitants (moyenne québécoise : 1,02), la population a cru de 13 % en cinq ans (+ 3 % au Québec).

Après une étude de la situation dans le Sud de Lanaudière, le ministère de la Santé et des services sociaux a conclu que l’ajout simultané de 25 nouveaux médecins comblerait les besoins dans la région. «Le problème est que le gouvernement n’a octroyé que cinq nouveaux médecins pour 2010», ajoute M. Duong.

D’autre part, Dr Hoang Duong tient à préciser que le manque de lits pour les soins de longues durées a également un lien de cause à effet avec l’engorgement à l’urgence. «Plusieurs patients, en attente d’hospitalisation, doivent demeurer sur une civière par faute de place. Il y aurait avantage à débloquer d’autres lits en soins de longues durées dans la région, en plus d’engager du personnel qualifié supplémentaire», ajoute-t-il.

Mobilisation

Évidemment, le débordement à l’urgence du CHPLG engendre des conséquences négatives sur la qualité des soins, selon ce médecin. Plus nombreux, les patients attendent plus longtemps sur des civières avant d’être examinés par un médecin, rare en nombre. Présentement, le délai d’attente en urgence est de plus de 20 heures. Il y a 72 civières occupées, alors qu’il y a 36 civières permises.

«Le manque de médecin est considéré comme une injustice pour la population lanaudoise : elle a des droits, celui de recevoir des soins comme il se doit, ce qui est impossible présentement», ajoute-t-il.

Malgré une collaboration étroite avec l’Agence de santé et des services sociaux de Lanaudière, une rencontre avec le sous-ministre de la santé et même la visite du ministre Bolduc sur les lieux mêmes du CHPGL, le printemps dernier, la direction, voire la population lanaudoise complète, attend un geste de la part du gouvernement. «Il faudrait que tous les acteurs de la région citoyens, médecins, députés, maires, médias, se mobilisent pour faire entendre notre cause. Il faut que l’information circule : nous sommes la pire région au Québec pour l’accès aux soins de la santé. Par contre, je suis optimiste que ça peut s’améliorer, avec l’aide de tous», termine le Dr Hoang Duong.

Alternatives

«Je suis catégorique : l’augmentation des patients à l’urgence ne concerne en aucun cas la grippe ou le virus H1N1», précise M. Duong. Par contre, les patients présentent plus de maladies respiratoires, cardiaques et de circulation, en cette période de l’année, ce qui n’est pas étranger aux visites accrues à l’urgence.

Ainsi, les patients dont l’état de santé est non urgent, mais qui nécessite une consultation par un médecin peuvent utiliser le Service 8-1-1 d’Info-Santé ou se présenter dans un autre centre de services de santé.

«Le manque de médecin est considéré comme une injustice pour la population lanaudoise»
- Dr Hoang Duong

Le Trait d’union - Médecins demandés d'urgence ! Débordement à l'urgence du CHPLG – 10 octobre 2009