Valérie Pécresse vient de rendre public les conclusions d’un rapport sur la rénovation de l’immobilier universitaire parisien, qui touche en réalité la carte universitaire de toute l’Ile de France. Est-ce parce que la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche a besoin de montrer que la candidate aux élections régionales est active et efficace… qu’il faut que les décisions soient prises en urgence avant décembre, comme elle veut l’imposer ? Est-ce parce qu’elle est en campagne électorale qu’elle multiplie - bien classiquement - les milliards d’euros comme des petits pains… malheureusement virtuels ? C’est, en soi, un grave problème déontologique et démocratique.
Ce faisant, Valérie Pécresse dévoile sa conception de la politique : face caméra, elle prône l’autonomie, et prétend concerter ; côté coulisses, elle tient fermement les manettes d’un système dirigiste, en restant maître de l’attribution de moyens discrétionnaires. Dans son univers, l’autoritarisme et la bureaucratie triomphent, les discussions ou les marchandages se font peut-être, mais toujours en court-circuitant les enseignants, les chercheurs, les personnels, les étudiants, voire les collectivités locales.
Mais surtout, Valérie Pécresse est la reine de l’illusion : elle affiche un engagement de l’Etat qui n’est qu’un mirage, car il mélange de “vrais crédits” (budgétaires) avec des dotations en capital (Plan campus) dont on ne peut utiliser qu’une très faible partie sous forme d’intérêts, ou avec les Partenariats public-privé qui ne sont en fait qu’une forme de “leasing” ou d’emprunt, au demeurant beaucoup plus coûteux pour les contribuables. Dans son schéma, le reste des dépenses devra être comblé par la ville de Paris ou la région Ile-de-France. Drôle de conception que celle où les collectivités locales serviraient de tiroirs-caisses pour combler les insuffisances de l’Etat, et dont on stigmatiserait ensuite la fiscalité locale!
Enfin, la politique menée en Ile de France par l’Etat, si l’on en croît plusieurs projets de déménagements d’établissements universitaires parisiens, va à l’encontre de l’objectif affiché “Faire de Paris la plus belle métropole universitaire du monde”. Ces opérations se faisant à nombre d’emplois constants, sans (et souvent contre) l’avis des personnes et des structures universitaires concernées, le quartier latin risque d’être bientôt plus qu’un souvenir.
D’autres projets - comme celui de Saclay - semblent davantage répondre à des opérations immobilières qu’à des exigences de politique scientifique ou pédagogique. L’intervention constante du gouvernement et du ministère, le secret souvent imposé du contenu des discussions, la multiplication d’annonces sans financement prévu, l’empilement des structures, ont considérablement retardé l’élaboration d’un projet pourtant indispensable.
Il est urgent de redonner un avenir à ce centre mondial de l’intelligence que sont Paris et l’Ile-de-France. Mais cela ne se fera pas selon une telle méthode, dirigiste et dépassée, mais en associant étroitement tous les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, et tous ceux qui sont véritablement intéressés à son rayonnement.