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Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée

Publié le 18 octobre 2007 par Vincent

Journée de grève aujourd’hui, j’ai préféré rester chez moi, même si parfois, j’aime aller jusqu’au bureau à pied, en longeant la Seine. Le bureau était de toute façon presque désert, et tous ceux avec qui je travaille actuellement sont sur d’autres fuseaux horaires.
C’est un luxe supplémentaire que j’ai, pouvoir ponctuellement travailler depuis chez moi, ou de n’importe où tant que je peux me connecter à Internet.
Je n’en abuse pas, parce que je n’aime pas ça. Rester une journée entière sans sortir de chez soi, ne voir personne d’autre que la boulangère, déjeuner tout seul, ne discuter de rien de vive voix.

Ce soir, pour la première fois depuis plusieurs semaines, j’ai regardé la télé. Je veux dire une chaîne de télé, en direct. Jusqu’ici, ce n’étaient que séries américaines arrivées miraculeusement sur le disque dur de ma freebox ou des DVD. Parfois quand même, je l’ai allumée, mais à chaque fois au bout de quelques minutes j’ai coupé le son. L’écran affichait des images, des mouvements et des couleurs que je ne regardais pas…
Donc ce soir, j’ai regardé Envoyé Spécial, rien de très joyeux. Au Liban, la majorité du personnel de maison est tenue en quasi esclavage. Une bonne partie de ce que nous mangeons viendrait de Chine. J’espère ne pas trop faire partie du “nous” : je préfère les produits frais ou d’origine clairement identifiée. Comme le pesto au vert magnifique qui accompagnait divinement mes pâtes, ce soir :wink:

Ma voix s’en est à nouveau allée. Je viens de me faire une tisane au miel, et je redécouvre les œuvres poétiques de Victor Hugo.

Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée,
Quand l’air de la maison, les soucis du foyer,
Quand le bourdonnement de la ville insensée
Où toujours on entend quelque chose crier,

Quand tous ces mille soins de misère ou de fête
Qui remplissent nos jours, cercle aride et borné,
Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête,
Le regard de mon âme à la terre tourné;

Elle s’échappe enfin, va, marche, et dans la plaine
Prend le même sentier qu’elle prendra demain,
Qui l’égare au hasard et toujours la ramène,
Comme un coursier prudent qui connaît le chemin.

Elle court aux forêts, où dans l’ombre indécise
Flottent tant de rayons, de murmures, de voix,
Trouve la rêverie au premier arbre assise,
Et toutes deux s’en vont ensemble dans les bois !

Victor Hugo, Les Feuilles d’Automne, XVI.


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