Et en vérité où serait leur excuse, à ces pécheurs?
Je condescends à leurs passions, à leurs complaisances. Veulent-ils rester dans ce monde, ils peuvent y posséder des richesses, y tenir un rang, vivre dans le mariage, élever des enfants, travailler à leur établissement: ils ont toute liberté d'y choisir l'état qui leur agrée davantage, à la seule condition, il est vrais, de retrancher le venin de la sensualité propre qui donne la mort éternelle.
Et la sensualité est bien véritablement un venin. De même en effet qu'un poison met met le corps en souffrance et finalement le tue s'il ne réussit pas à le vomir ou à prendre quelque remède; ainsi en est-il de ce scorpion, de l'attachement au monde et aux choses temporelles. Celles-ci, je l'ai déjà dit, sont bonnes en elles-mêmes; vous pouvez en user comme il vous plaît, avec le saint amour, avec la crainte véritable. Mais c'est la volonté perverse de l'homme qui sécrète le venin. C'est elle qui empoisonne l'âme et lui donne la mort, si l'âme ne vomit ce poison par une confession sainte qui délivre le coeur de cette affection. Voilà le remède qui guérit de ce venin, bien qu'il seble amer à la sensualité.
Dialogue 45, 17