L'événement est passé inaperçu mais il est extrêmement important et symbolique de l'attitude du pouvoir en France et de la réaction de ceux qui la subissent. Les préfets en ont assez de se faire marcher dessus pour une manif ratée, un gros mot mal perçu, un conflit trop voyant. Aujourd'hui, les préfets servent de variable d'ajustement à la vindicte populaire, aux conséquences des plans sociaux et comme ils appartiennent à un grand corps, qu'ils sont au service d'un gouvernement qui les nomme et les renvoie à sa guise, ils valsent au rythme des colères et des crises de nerf présidentielles.
Pour montrer qu'ils existent et qu'ils sont avant tout des grands commis de l'Etat avant d'être au service d'une personne, une soixantaine de préfets se sont retrouvés à Paris, récemment, pour créer un groupe de paroles et surtout faire savoir au gouvernement qu'une résistance s'organise au sein de la préfectorale.
Les préfets sont les représentants des ministres dans les régions et les départements. Ils sont évidemment chargés de faire appliquer les circulaires et autres décrets ministériels mais ils sont également aux prises avec les élus locaux, les administrations, les forces de l'ordre placés sous leur contrôle, et in fine avec les populations qui voient en eux le visage de la République. Ce n'est pas hasard que le général de Gaulle, d'abord, et François Mitterrand, ensuite, avaient nommé les préfets « commissaires de la République. »